Économie


FAO : « La déforestation ralentit, sauf en Afrique »

À quelques semaines de la COP 21 à Paris, la FAO a annoncé lundi les résultats de son étude sur les ressources forestières mondiales en 2015. D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la déforestation continue en Afrique, malgré un recul global observé dans le reste du monde.

Publiée en marge de la 14e édition du Congrès forestier mondial qui se tient à Durban en Afrique du Sud, l’étude de la FAO intitulée « Évaluations des ressources forestières mondiales 2015 » arrive à un moment décisif pour les forêts et le développement durable.

Un accord international inclusif sur le changement climatique, dans lequel les forêts seront un élément clé, est attendu à la COP 21 qui se tiendra à Paris fin 2015. La FAO dresse dans son étude un bilan mitigé sur la déforestation dans le monde et rappelle l’urgence qu’il  ya de traiter judicieusement notre patrimoine forestier sur le plan international.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 129 millions d’hectares de forêts, soit presque la taille de l’Afrique du Sud, ont été perdus en 25 ans. « En 1990, la planète comptait 4,128 milliards d’ha de forêt, contre 3,9 milliards d’ha en 2015. Entre 1990 et 2015, l’étendue totale des forêts est passée de 31,6% à 30,6% de la superficie terrestre mondiale », peut-on lire dans le rapport de l’organisation.

La FAO a toutefois nuancé ce constat en rappelant que le taux de perte annuel a ralenti en 25 ans d’observation. Le taux de déforestation aurait reculé, passant de 8,5 millions d’ha (1990 à 2000) à 6,6 millions d’ha (2010 à 2015). De plus en plus de forêts ont été placées sous protection et plusieurs pays ont amélioré leur gestion des zones forestières.

L’Afrique et l’Amérique du Sud en cause

L’évolution observée est donc positive, avec de nombreux progrès impressionnants dans toutes  les régions du globe. Cependant, « cette tendance positive doit être  consolidée, surtout dans les pays qui accusent un retard », notamment en Afrique, s’inquiète la FAO. Si le rapport de l’ONU reste quelque peu optimiste, il souligne néanmoins que l’Afrique et l’Amérique du Sud ont accusé une perte annuelle record entre 2010 et 2015, soit 2,8 millions d’hectares en Afrique et 2 millions en Amérique du Sud.

En cause, l’accroissement démographique qui engendre la conversion des forêts en terres d’agriculture ou d’urbanisation. Parmi les 10 pays de la planète où la déforestation est la plus rapide, presque la moitié se trouve en Afrique. Il s’agit de la Guinée, la Guinée-Bissau, la Sierra Léone et le Libéria. Le phénomène est presque aussi rapide en RD Congo, au Congo Brazzaville, au Cameroun et en Centrafrique. Explication ? L’expansion des plantations d’huile de palme, l’extraction du bois et l’agriculture intensive.

Marie-Hélène Sylva

© OEIL D’AFRIQUE



Économie

Sport


NBA: Le champion congolais, Dikembe Mutombo intronisé au Hall of Fame

L’ancien basketteur congolais, Dikembe Mutombo, intronisé au Hall of Fame à Springfield, aux Etats-Unis. Il devient le 2e africain à y accéder, après le nigérian Hakeem Olajuwon en 2008. Dikembe Mutombo a été élu quatre fois meilleur défenseur de la NBA et 8 fois sélectionné au All Star Game.

L’image qui restera gravée dans sa mémoire – et une des plus belles images de l’histoire de la NBA – est celle où l’on voit Mutombo ( 2m18) allongé sur le terrain de basket ball, serrant le ballon au dessus de sa tête et se réjouissant de la victoire des Denver Nuggets qui devenait la première équipe classée huitième à battre l’équipe classée première durant les séries éliminatoires de la NBA. L’incroyable devint alors possible, et les obstacles semblèrent surmontables.

On met tellement l’accent sur son image, qu’on en oublie ce qu’il a fait pour en arriver là. Mutombo a réussi en moyenne à bloquer plus de six tirs par match contrariant les Seattle SuperSonics, et établissant un nouveau record dans une série de cinq matchs.

Il a toujours été difficile d’évaluer l’impact d’une défense individuelle, c’est pourquoi son importance n’a jamais été reconnu. Cette semaine commence l’ultime confirmation de sa carrière, et avec elle, l’accomplissement de l’histoire de cet outsider. Né en République Démocratique du Congo, Dikembe Mutombo devait couper l’avant de ses chaussures quand ses pieds grandissaient car se procurer n’était pas envisageable; un jeune homme qui n’a commencé à jouer au basket-ball qu’à la fin de son adolescence; le joueur de NBA dont la carrière compte en moyenne 11, 5 points par match, entre au Basketball Hall of Fame.

Cela nous rappelle que l’on n’a pas besoin de venir d’endroits typiques ou même de suivre les conventions pour être considéré comme l’un des meilleurs. Quand Mutombo entre en ligue en 1991, Michael Jordan est à l’apogée de sa carrière et la ligue est fervente des tirs à trois points. Mutombo n’était pas connu pour ses dunks ou ses hauts lancer. Sa spécialité était la défense, et en particulier le contre. Il a contré 3289 tirs dans sa carrière, derrière Hakeem Olajuwon et ses 3830 tirs.

« Il avait la capacité d’accélérer, remonter et bloquer les tirs » a dit Bernie Bickerstaff, le président des Denver Nuggets à cette époque. « Cet instinct. Ce truc que l’on ne peut pas apprendre. Il l’avait. Il savait comment jouer, son timing était vraiment bon. Il avait le respect de ses adversaires. Ils hésitaient…mais pour de bonnes raisons ».

Bickerstaff a donné son accord au coach John Thompson pour aider Mutombo à se transformer en joueur de calibre NBA à Georgetown. Mais pendant la draft de la NBA, Thompson lui a dit qu’il n’avait pas appris à Mutombo comment sprinter d’un bout à l’autre du terrain, ni comment faire la transition de la défense à l’attaque ou même revenir en défense. Tout ses éléments été juste innés.

C’est cette capacité à mélanger ses différents éléments qui ont fait entrer Mutombo au Hall of Fame et qui ont fait de lui une personne très appréciée. L’instinct et l’effort. L’éducation et la compassion.

Les réseaux et la charité.

«Levez les yeux,il est assis à côté du Prince Harry» a dit Jon Barry, qui jouait avec Mutombo chez les Houston Rockets. ; «La semaine prochaine, il s’assiéra avec Bill Clinton. Il n’a pas peur d’être l’invité de l’Amérique».

Comme Mutombo, quelques joueurs ont aussi été généreux avec leur argent. On notera la construction d’un hopital construit au Congo, son pays natal, et auquel il a donné le nom de sa mère. Masai Ujiri, le directeur général des Toronto Raptors, qui est devenu ami avec Mutombo en promouvant le basket-ball en Afrique et à travers le monde, a une petite histoire qui nous montre deux autres aspects de Mutombo : son humour et sa détermination. Le contingent joueur de basket sans frontières dînait pendant son voyage au Brésil. Quelques membres du groupe étaient allés au restaurant la nuit précédente et ont vus un serveur avec un faux verre de bière , faisant semblant d’en renverser sur des clients peu méfiants. Ils ont pensé que ça aurait été drôle de faire cette blague à Mutombo. Mais quand le serveur essaya sa blague, Mutombo ne bougea même pas. « Il a regardé le serveur et lui a dit, « J’ai grandi avec des serpents derrière ma maison plus grands que moi et tu crois que je vais broncher pour ça? ».

La façon dont Mutombo gardait son calme était impressionnante, mais la façon dont les gens réagissaient en face de Mutombo l’était encore plus. Quand Ujiri et Mutombo ont rencontré Nelson Mandela pendant un voyage en Afrique du Sud, Mandela s’était dirigé tout droit vers Mutombo et lui avait dit: «Ce que vous faites pour le continent est une bonne chose. Ne vous arrêtez jamais».

Cet été, quand ils sont retournés en Afrique du Sud pour le premier match de NBA se déroulant en Afrique, Mutombo et Olajuwon ont surpris la foule en donnant des uniformes et en jouant quelques
minutes sur le terrain. «Tout le monde est devenu fou» a dit Ujiri. «Cela montre l’impact que l’on a sur ces gens, même aujourd’hui. »

Ujiri se demandait même ce que qu’il se serait passé si Mutombo et Olajuwon était devenus célèbre dans l’ère des téléphones mobiles, des réseaux sociaux et des vidéos de partage en ligne. « Ils auraient galvanisés le basket-ball en Afrique » a dit Ujiri. « Presque comme Yao Ming en Chine ou Dirk Nowitzki en Europe ».

Si Mutombo était devenu célèbre aujourd’hui, aurait-t-il eu la même valeur pour la NBA, un endroit où on attend des grands hommes qu’ils gardent un bon emplacement entre les joueurs, qu’il marque des paniers à trois points et où il n’y a pas de Patrick Ewings ou Shaquille O’Neal à surveiller?

Mutombo a joué durant une période où protéger le panier était une place de choix, une affectation qu’il apris tellement au sérieux qu’il détestait qu’on l’en prive.

« Il ne voulait pas que l’on commette de faute quand il arrivait. Il voulait faire savoir aux joueurs qu’il était dans le coin à chaque fois ». C’est cette mentalité qui a aidait Mutombo à remporter quatre fois le prix du meilleur défenseur de l’année. Vingt joueurs différents ont eu cet honneur depuis que ce trophée a été institué en 1983.

En plus de Mutombo, seulement trois joueurs ont réussi à entrer au Hall of Fame sans avoir gagner la plupart des récompenses les plus prestigieuses : Alonzo Mourning, Dennid Rodman et Gary Payton.

Ce qui nous ramène à ce paradoxe qu’est Dikembe Mutombo : un outsider statique et une élite
parmi les élites.

Article en anglais ESPN
Traduction en français pour OEIL D’AFRIQUEEdith Mabanda



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Afrique

Afrique du Sud : Importante découverte d’une nouvelle espèce humaine

Des chercheurs internationaux ont annoncé ce jeudi la « remarquable » découverte d’ossements de 15 hominidés près de Johannesburg.  Cette trouvaille est une étape importante dans les travaux sur la complexité de l’évolution humaine et vient confirmer la place de l’Afrique du Sud en tant que « Berceau de l’Humanité ».

« Homo – naledi » (« Étoile », en sesotho, langue sud-africaine) ! C’est le nom de l’étrange espèce découverte récemment à Maropeng, un site archéologique classé au patrimoine de l’UNESCO près de Johannesburg en Afrique du Sud. En 2013 et 2014, des scientifiques ont trouvé près de 1550 ossements appartenant à 15 individus, parmi lesquels des bébés, des adolescents et des adultes. « Ces restes constituent le plus grand assemblage découvert en Afrique », souligne Sandrine Prat, paléontologue du CNRS. Cette nouvelle espèce, jusque là inconnue, a été découverte au fond de la grotte Rising star et classée dans le genre Homo, auquel appartient l'homme moderne. Lors d’une conférence de presse tenue jeudi à Maropeng, le chercheur Lee Berger, de l’université de Witwatersrand à Johannesburg, a présenté les conclusions de leurs travaux sur cette catégorie d’hominidés, mi-homme, mi-australopithèque. Le fossile sud-africain serait vieux d'au moins 2 millions d’années et son étude permettrait, à terme, d’en apprendre davantage sur la transition du genre humain entre l’australopithèque primitif et le primate du genre homo, notre ancêtre direct.

À quoi ressemble l’ « Homo naledi » ?

La nouvelle espèce découverte est un lointain cousin de l’homme moderne, il en a donc quelques caractéristiques, mais a également d’autres spécificités des anciens hominidés. « Il est pratiquement impossible de distinguer ses pieds de ceux d'un homme moderne », précise un communiqué conjoint de l'université du Wits, la National Geographic Society et du ministère sud-africain des Sciences. D’après le document publié en Afrique du Sud, « ses pieds et ses longues jambes laissent penser qu'il était fait pour marcher longtemps ». En revanche, « il avait un cerveau minuscule de la taille d'une orange et un corps très élancé », selon John Hawks, chercheur à l'université de Wisconsin-Madison. Il mesurait en moyenne 1,5 mètre et pesait 45 kilos. Ses mains « laissent supposer qu'il avait la capacité de manier des outils ».

Toutes ces découvertes revêtent un caractère essentiel pour la science et remettent au premier plan le très important site de fouilles sud-africain baptisé « Berceau de l’Humanité ». C’est à 2 kilomètres de ses grottes qu’a été découvert « Little Foot », le plus ancien hominidé connu, vieux de 3,7 millions d'années.

Depuis des années, la région constitue, pour les chercheurs, archéologues et paléontologues du monde entier, une mine d'informations sur nos ancêtres. Et Lee Berger l'assure : la grotte Rising star, où a été trouvé l'Homo naledi « n'a pas encore révélé tous ses secrets, car il pourrait y avoir encore des centaines, voire des milliers de fossiles d'Homo naledi ». 

Marie-Hélène Sylva

© OEIL D’AFRIQUE



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