Économie


Rebranding Africa Forum : Préparer l’Afrique à ses « trente glorieuses » ?

Une chose est sûre : le Rebranding Africa Forum (RAF) est devenu un rendez-vous incontournable pour les leaders africains, dans la phase de développement du continent.

Comment réduire le chômage des jeunes en Afrique ? Comment peut-on promouvoir la croissance si on ne passe pas par l’éducation ? Les technologies digitales peuvent-elles aider à une croissance inclusive ? En quoi la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes peut-elle accélérer la croissance? C’est à ces questions, entre autres, que la deuxième édition du Rebranding Africa Forum, a tenté de répondre ce samedi 17 octobre 2015 à Bruxelles. La rencontre qui avait pour thème « Investir en Afrique, Entreprendre pour l’Afrique » se veut résolument force de proposition en matière d’émergence en Afrique. C’est en ce sens qu’a été édité un guide de l’émergence africaine intitulé « L’émergence de l’Afrique en 50 idées clés ». Distribué lors du forum, ce guide est une synthèse des propositions qui sont ressorties de la 1ère édition du Rebranding Africa Forum organisée le 18 octobre 2014 en Belgique.

Cette année, pendant trois jours (du 16 au 18 octobre 2015), plusieurs centaines de participants et personnalités politiques, experts, acteurs du monde des affaires… se sont concertés pour orienter les décideurs de demain. Pas question de se « noyer » dans l’autosatisfaction stérile et la complaisance. Les chiffres impressionnants de la croissance africaine sont certes encourageants mais pas suffisants. Il a donc été fait un état des lieux de cette croissance tout en mettant en relief les avancées observées sur le continent. Repenser l’Afrique pour la préparer à son développement futur tel a été l’un des principaux angles de ce forum économique désormais incontournable.

Le Sénégal, pays invité d’honneur, et son PSE

À la veille du forum, les participants ont été accueillis au Sheraton de Bruxelles pour un diner de travail qui s’est ouvert sur un discours très attendu du Premier Ministre sénégalais Mohamed Ben Abdallah Dionne. Belle attention du président sénégalais qui, n’ayant pas pu se déplacer, a envoyé le numéro un de son gouvernement accompagné de Mountaga Sy, Directeur de l’agence nationale pour la promotion des investissements et des grands travaux au Sénégal (Apix).

« Le Sénégal fait partie de ces trains qui arrivent à l’heure », s’est enthousiasmé Thierry Hot, instigateur du forum. Le PSE (Plan Sénégal Émergent) initié par le président de la République du Sénégal a largement été présenté au cours de ce forum. La question de l’émergence s’est déclinée dans plusieurs pays africains (plan Gabon émergent, plan national de développement en Côte d’ivoire…), mais ces plans sont-ils toujours pertinents sans travail préalable sur les maux concrets des populations de ces pays ? « On parle d’émergence mais le capital humain n’est pas toujours émergent », rappelle Didier Acouetey, PDG d’AfricSearch.

Pour ce membre de plusieurs Think Tank, il est primordial, en mettant en place le processus d’émergence, de ne pas oublier le principal : éduquer la jeunesse qui demain sera l’héritière de cette émergence. Et sans compétences, pas d’émergence. Le renforcement du capital humain est justement une des étapes clé du PSE qu’a défendu la délégation sénégalaise lors du forum. « Le PSE est une vision » du Président Macky Sall, « à l’horizon 2035. Cela va au delà d’un mandat présidentiel » a indiqué Mountaga Sy, directeur de l’agence APIX.

Les femmes et les jeunes, un potentiel encore sous-exploité

« Le 21ème siècle sera le siècle de l’Afrique et plus particulièrement, le siècle de la femme africaine » a scandé Rudy Demotte, Ministre-Président de la fédération de Wallonie. Quel meilleur symbole de cette femme du 21ème siècle que Marième Jamme, régulièrement classée parmi les femmes les plus influentes d’Afrique ? La PDG de Spot One Global Solutions, connue pour son engagement pour l’émancipation économique des femmes africaines, était l’une des personnalités phares du Rebranding Africa Forum. Elle a d’ailleurs insisté sur l’engagement, car selon elle, les africains devraient véritablement « s’engager envers continent » et, en particulier envers les femmes mais aussi les jeunes. C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé Abdoulaye Mar Dièye, Directeur Afrique du Programme des Nations Unis pour le Développement (Pnud). Il a vivement exhorté les États africains à « libérer le potentiel des jeunes » et à valoriser la croissance inclusive.

Prochain rendez-vous du Rebranding Africa Forum les 20, 21 et 22 octobre 2016

Par Marie-Hélène SYLVA , ENVOYÉ SPÉCIAL À BRUXELLES

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Économie

Politique


RD Congo

La charia en RDC : 74% de musulmans congolais veulent l’appliquer

Les pays où l’Islam est déjà favorisé dans la loi, comme en Afghanistan et en Iraq, montrent un soutien très fort envers l’application de la charia comme doctrine officielle du pays.

Le cadre légal basé sur la morale et le code de l’Islam est rarement absent des actualités. La plus extrême des interprétations de la charia est imposée par l’Etat Islamique et Boko Haram qui font régulièrement l’objet de protestation par les candidats à l’investiture républicaine pour la présidentielle américaine. The Independent,a récemment révélé comment des conseils de la charia en Grande-Bretagne gardent des femmes en “captivité maritale” sans même signaler les violences conjugales.

Mais que pensent les musulmans de la charia?

Un sondage du Pew Research Center réalisé en 2013 réalisé sur un échantillon de personnes se déclarant musulmane a montré que les réponses varient selon les pays. (voir graphique ci-dessus) On a demandé aux sondés si la charia devrait être la loi officielle dans leur pays.

En Afghanistan, 99% des personnes interrogées ont répondu « Oui », 91% en Iraq, 89% en territoire palestinien, 86% en Malaisie, et 86% au Niger.

La grande surprise vient de la République Démocratique du Congo (RDC), connu pour être un pays de confession chrétienne. Avec environ 15% de sa population converti à l’islam, on découvre dans cette étude que 74% de ces musulmans seraient favorable à l’application de la charia.

Le sondage a montré que les pays en faveur de l’application de la charia ont déjà tendance à favoriser l’Islam plutôt que d’autres religions.

Par contre, les habitants de pays comme la Turquie, où la religion et l’état sont séparés, ou comme dans les pays de l’ancien bloc soviétique semblent être hostile à l’application de la charia.

En Azerbaijan par exemple, seulement 8% y sont en faveur, 10% au Kazakhstan, 12%en Turquie, 12% en Albanie et 15% en Bosnie.

Edith Mabanda

© OEIL D’AFRIQUE



Politique

Économie


Afrique

En Afrique, deux téléphones sinon rien !

Le développement fulgurant de la téléphonie mobile en Afrique est une révolution qui bouleverse tous les secteurs, bien plus que dans les autres régions du globe. Preuve en est, un africain a souvent à la main deux téléphones portables. En ville comme en campagne, chez les jeunes ou les moins jeunes, ce comportement est très répandu. Pourquoi utiliser deux portables, dans un continent qui détient le record de pauvreté dans le monde ?

Une chose est sûre : la révolution numérique en Afrique est en marche ! L’essor fantastique de la téléphonie mobile en est une éloquente illustration. Selon un rapport publié en marge d'une conférence des opérateurs de mobile en Afrique du Sud, 350 millions de Smartphones devraient être en circulation sur le continent africain d'ici 2017. Un chiffre qui atteindrait 557 millions en 2019 et ce, dans toutes les couches de la population.

Que ce soit en milieu urbain ou en milieu rural, indifféremment des classes sociales, le mobile devient un outil incontournable. Si le taux de pauvreté reste encore inquiétant dans cette région du monde selon la Banque Mondiale, le taux de pénétration de la téléphonie mobile est en constante progression. Cette tendance se traduit par le nombre de portables par africain qui profite de l’immense offre de ce marché en plein boom.

Spécificités du marché africain

En Europe, aux Etats-Unis ou encore en Asie, le marché de la téléphonie mobile arrive à saturation tandis que l’Afrique s’équipe à tout va. Les opérateurs du monde entier exploitent le filon en proposant une offre spécifique et adaptée à l’Afrique. Les populations africaines n’ayant pas les mêmes habitudes de consommation que les autres habitants du globe, l’offre s'ajuste aux besoins et aux habitudes de consommation. Et, du fait de la multiplicité de cette offre, les africains peuvent s'accorder le luxe de posséder plusieurs téléphones mobiles.

Des Smartphones à bas prix : Orange, par exemple, va déployer en Afrique un Smartphone à 50 dollars. Quand aux marques locales de Smartphones, elles commencent à voir le jour. C’est le cas de VMK qui a mis sur le marché « Elikia », vendu à environ 38 euros. « En un an, le prix moyen d'un Smartphone est passé de 40.000 (60 euros) à 25.000 Francs CFA (environ 40 euros) soit une baisse de près de 40% », détaille Bernard Mazetier, directeur Internet et Réseaux chez Orange, pour la zone AMEA (Afrique, Moyen-Orient et Asie).

Un secteur très concurrentiel qui profite au consommateur : Bernard Mazetier note par ailleurs que la carte prépayée est reine en matière de téléphonie mobile. « Cela représente plus de 98% de nos ventes », confie-t-il à Europe 1. Et Orange n’est pas le seul opérateur à se précipiter sur ce créneau. Vodafone, Tigo, MTN, Zain, ils sont nombreux à vouloir séduire le consommateur africain. Leur stratégie ? Baisser les prix et multiplier les formules promotionnelles pour augmenter leur part de marché.

Ainsi plusieurs opérateurs proposent les appels gratuits entre mobiles du même réseau. Les économistes de l’OCDE expliquent que  ces opérateurs développent une très forte concurrence en termes de prix, ce qui profite très largement au consommateur africain qui peut s’offrir le luxe de souscrire à deux ou plusieurs offres, utilisant, de ce fait, plusieurs appareils mobiles.

Des réseaux mobiles insatisfaisants : Malgré tout, l’accès au réseau mobile reste problématique dans certaines zones notamment rurales. Pour pallier au problème de la défectuosité des réseaux, une grande partie des usagers a souvent deux téléphones portables, voire trois, afin d’être connecté au moins sur un réseau qui fonctionne bien, au bon moment.

Un réseau fixe défaillant : Selon Alain Ba Oumar, président de IG Telecom, « au lendemain des indépendances africaines, les différents Offices des Postes et Télécommunications distribuaient le courrier et offrait des services de téléphonie fixe à travers de couteux réseaux filaires terrestres ». Aujourd’hui, le courrier postal est devenu quasi inexistant, du fait de la restructuration et la privatisation des entreprises d’État, et les coûts d’installation d’un poste fixe sont généralement prohibitifs pour l’africain moyen.

Par conséquent, le réseau africain de téléphonie fixe est l’un des plus faibles au monde. Le téléphone mobile devient l’unique moyen de communication et d’accès à l’internet pour beaucoup d’africains. Pour Antoine Kowalski, ancien journaliste à Forbes Afrique, « les africains sont passés de rien aux téléphones mobiles directement ». Ce phénomène, les spécialistes l’appellent le « leapfrogging » (littéralement « saut de grenouille »). « Les gens changent beaucoup plus de portables en Afrique que chez nous », remarque Kowalski. Et si le continent s'équipe plus vite que n'importe quel autre avant lui, c'est en partie à cause de la vétusté et le coût des lignes fixes. Le nombre d'utilisateurs a augmenté de 13% par an depuis 2010, deux fois plus vite que la moyenne mondiale.

Le marché africain n’est pas prêt de s’essouffler et pour bon nombre des habitants, ce sera encore « deux portables, sinon rien ! »

Marie-Hélène Sylva

© OEIL D’AFRIQUE



Économie