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RDC: Koffi Olomide dans la tourmente de la censure avant son retour en France

Le roi de la musique congolaise, Koffi Olomide, dénonce l'interdiction de huit de ses chansons en République démocratique du Congo, une mesure qui parasite l'annonce de son retour en France pour un concert début 2020. "Il y a trop d'abus de pouvoir", déclare à l'AFP le musicien de 63 ans, qui est dans la ligne de mire d'une "commission de censure des chansons et des spectacles" placée sous la tutelle du ministère de la Justice en RDC. Cette commission a interdit aux radios et télévisions congolaises de diffuser "huit clips vidéo" illustrant des "chansons non autorisées" de celui qui est devenu le pape de la rumba congolaise depuis la mort de Papa Wemba en 2016. L'interdiction vise tous les "tubes du moment" selon l'artiste, qui cite spontanément sa chanson "La femme de quelqu'un", une histoire de chagrin d'amour ("Aujourd'hui, j'peux plus t'appeler/Tu es la femme de quelqu'un/Mes sentiments n'ont pas changé). - Histoire vraie - A Kinshasa, certains lisent dans ces paroles l'histoire vraie d'un autre musicien congolais, blessé de voir son "ex" qui a convolé en justes noces avec un haut responsable politique. En langage plus juridique, la commission reproche à l'artiste de ne pas avoir répondu à ses "invitations", dans une lettre datée du 13 septembre, que l'AFP a authentifiée auprès du ministère de la Justice. "Cette attitude démontre un manque de considération et de civisme de la part de l'artiste qui paraît être récidiviste dans ce genre de comportement", selon le texte. Tous les musiciens congolais doivent solliciter "une autorisation préalable et écrite" de la commission avant la diffusion de leurs œuvres. Instituée par une loi de 1996, la commission entend éviter les incitations à "la haine raciale ou tribale" ou les atteintes aux bonnes mœurs ("débauche, prostitution, divorce, délinquance"). - "Le Congo ne mérite pas une commission" - "Le Congo ne mérite pas une commission de censure", commente Koffi Olomide, en recevant l'AFP chez lui sur les hauteurs de Kinshasa "La censure artistique a été instaurée par le régime de feu l'ancien président Mobutu Sese Seko", poursuit-il collier de barbe poivre et sel, lunette noire et casquette à son nom vissée sur la tête. "Mobutu ne voulait pas que ses opposants puissent avoir les faveurs des artistes", affirme l'artiste, lui-même un spécialiste du "libanga" (l'art de citer le nom des notables entre deux couplets, moyennant une poignée de dollars). "Mais aujourd'hui on est en démocratie à temps plein", ajoute-t-il en lançant un appel au nouveau chef de l’État, Félix Tshisekedi, investi en janvier dernier après la première transition pacifique du pouvoir dans l'histoire agitée du pays. "Il faut qu'il regarde cela un peu de près. Il y a trop d'abus de pouvoir. On ne peut pas interdire aux gens de penser. Nous sommes un peuple majeur". Son problème avec la censure "devient récurrent" reconnaît-il. En 2005, les chansons "Alia, Silivi et Esili" de l'album "Monde arabe" avaient été censurées pour atteintes aux bonnes mœurs". En 2009, son album "Patron" avait fait aussi l'objet d'une interdiction de diffusion, tout comme l'album "13e apôtre" en 2015. Sur sa lancée, le musicien affirme avoir demandé au chef de l'immigration la levée d'une mesure restrictive pour les artistes congolais: la demande préalable de sortie du territoire national chaque fois qu'ils veulent voyager à l'étranger. Il doit justement se rendre prochainement, à l'étranger : "Je suis heureux d'annoncer que je vais faire un concert à La Défense Arena, près de Paris, début 2020 pour le retour de la musique congolaise en France". Il s'agit de son premier retour en France depuis plusieurs années : "A cause des problèmes que vous savez, je ne veux pas revenir sur ça". En mars, Koffi Olomide, de son vrai nom Christophe-Antoine Agbepa Mumba, a été condamné par le tribunal correctionnel de Nanterre (ouest de Paris) à deux ans de prison avec sursis pour "atteinte sexuelle sur mineure de 15 ans". Le parquet avait fait appel de cette condamnation avec sursis. Avec AFP


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