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Tourisme : Le Congo comme la Grèce ?

Le Tourisme comme principalement levier de croissance économique n’est pas qu’une réalité en Grèce ou dans les pays d’Europe. En Afrique, des pays comme le Botswana, l’Afrique du Sud, le Kenya ou la Namibie on en fait un des secteurs clés de leur économie.

En Namibie par exemple, le Tourisme ce sont plusieurs milliards de dollars de revenus directs et indirects, plus de 20% du PIB et c’est le 3eme secteur économique après les Mines et l’Agriculture.

Dans le dernier annuaire statistique du Tourisme en République du Congo qui date de 2012, il est clairement indiqué que le Tourisme ne représente que moins de 2% du PIB avec une fréquentation touristique tournant autour de 300 000 visiteurs par an.

Pourquoi, malgré un potentiel indéniable, l’économie touristique reste marginale dans notre pays ? Qu’est ce qui fait que malgré l’intention clairement affichée des autorités de développer ce secteur, le nombre de touristes et les recettes du Tourisme ne décollent pas ?

Nous allons vous donner 4 raisons qui, selon nous, expliquent pourquoi le Tourisme reste une économie de seconde zone.

 

Première raison – Le manque de promotion de la Destination Congo

 

En 2018, le Rwanda a défrayé la chronique en investissant plus de 20 millions d’euros pour inscrire “visit Rwanda” sur le maillot du prestigieux club anglais d’Arsenal. Si le Rwanda a décidé de mettre une telle somme (5% de recettes touristiques du pays) ce n’est pas seulement parce que le Président du Pays est fan de ce club. Rwandais ont compris qu’il faut aller chercher le touriste là où il est et être visible dans les principaux foyers émetteurs de touristes.

 

Notre pays en est bien loin. Incapable de prendre un stand dans un petit salon du Tourisme à Paris ou à Madrid. Aucune campagne de communication à l’international pour faire connaître nos joyaux touristes. Bien au contraire, nous subissons l’actualité, beaucoup de gens à travers le monde ne savent même pas faire la différence entre la RDC, touchée par Ébola, et la République du Congo qui ne l’est pas.

 

Il n’est donc pas étonnant que la Destination Congo n’attire guère grand monde. Quel que soit la qualité d’une Destination, elle n’a aucune valeur si elle n’est pas connue.

 

Deuxième raison – Un prix du billet d’avion prohibitif

Un Brazzaville – Paris - Brazzaville coute 2 fois plus cher qu’un Paris – Douala – Paris par vol Direct Air France. Pourtant, Douala est à seulement 2 heures de Brazzaville. Pointe-Noire est 500 euros plus cher que Dakar ou Abidjan.

Le Voyage à l’international est un marché de niche dans notre pays avec 2 catégories de voyageurs : les touristes d’affaire, dont les billets sont pris en charge par leur business et les touristes de filiation (des touristes, congolais ou pas, qui viennent voir leur famille installée au Congo) qui n’ont pas le choix.

Les Touristes de loisirs, qui représentent plus de 50% du nombres de voyageurs dans le monde selon l’OMT, ne s’intéresse pas au Congo, trop cher ! Pourquoi un touriste paierait-il 850 euros pour venir passer des vacances au Congo, alors qu’il peut aller les passer à New-York, à Cuba ou à Dakar pour 300 euros ?

En ayant des prix de billets d’avion aussi élevés, le Congo se prive de la part de marché la plus importante. On peut prendre les paris, tant que ces prix n’auront pas baissé, la Destination Congo ne décollera pas.

 

Troisième raison – Un visa mal positionné

Vu d’Afrique la France peut sembler être un pays fermé, tellement il est difficile d’obtenir un visa d’entrée. Paradoxalement, la France est le pays le plus visité au monde avec plus de 85 millions de touristes en 2018.

Comment expliquer ce paradoxe ? Parce que le pays sait gérer les flux, il sait quand il faut favoriser les entrées et quand il faut les freiner.

Pendant longtemps, les originaires des pays anciennes colonies françaises n’avaient besoin que d’une pièce d’identité pour rentrer en France. Le visa d’entrée a été mis en place milieu des années 80 pour limiter des entrées qui se transformaient quasi exclusivement en installation sur le territoire français. A quoi sert un visa entre la France et le Congo ? Quel est son objectif ? Pour quelles raisons, les français sollicitent-ils un visa pour le Congo ? Essentiellement pour des voyages d’affaire ou de filiation. Le Congo a-t-il intérêt à favoriser ces voyages ou à les limiter ? A les favoriser, bien entendu, non seulement parce que la majorité des demandeurs de visa ne s’installent pas au Congo, mais parce qu’ils viennent y consommer ou y investir. Quel est donc la justification d’un visa entre la France et Congo ?

 

Si le Congo veut attirer demain les touristes de loisirs, qui sont comme nous l’avons vu plus haut, les plus nombreux et augmenter le nombre de touristes, n’a-t-il pas tout simplement intérêt à supprimer le visa d’entrée, du moins pour cette catégorie de voyageur.

Le visa, en tout cas sa gestion, est une des pesanteurs les plus importantes au développement du tourisme dans notre pays. Monsieur Taleb RIFAI, ancien secrétaire général de l’OMT, l’a clairement dit au Chef de l’État congolais quand il a été reçu en 2017.

La prochaine mise en place du visa électronique règlera-t-il le problème ? l’avenir nous le dira.

 

Quatrième raison – le développement du tourisme est un dossier présidentiel

Partout où d’importants changements ont été nécessaire pour développer un secteur économique, l’implication du principal personnage de l’exécutif a été indispensable.

Le nouveau dirigeant de l’Arabie Saoudite, le Prince Mohammed Ben Salmane, l’a bien compris. Dans son souhait de faire du Tourisme le principal levier de son programme de diversification de l’économie de son pays. Il a bien compris qu’il devait lui-même porter les réformes nécessaires dans l’un des pays les plus fermés et le plus conservateur au monde. L’organe chargé de développer le Tourisme dans ce pays lui rend directement compte.

Paul Kagamé, au Rwanda, est le principal Promoteur de « visit Rwanda ». L’offensive médiatique et promotionnel est directement pilotée depuis le palais présidentiel et il porte personnellement les projets liés au développement du tourisme dans son pays.

Il n’y a qu’au Congo où on pense que les réformes nécessaires au développement du Tourisme peuvent être portées par un « simple ministre ».

 

On a, au contraire, l’impression que le dossier n’intéresse ni le Président de la République, ni le Premier Ministre.

Quand le pays reçoit un hôte de marque, comme cela a été le cas lors de la visite du Président de la BAD, Akinwumi Adesina, en mai dernier. On a tout proposé à ce prestigieux hôte, sauf aller visiter le musée de Loango, le musée Gotenes ou d’aller faire un tour sur le

fleuve Congo ou sur la rivière Alima.

Le Président du Congo n’est jamais allé dans le Parc National d’Odzala Kokoua par exemple. Ce site est pourtant classé parmi les plus beau d’Afrique.

Comment voulez-vous que les congolais ou les étrangers croient au Tourisme, quand les principaux responsables du pays n’y croient pas eux-mêmes ? Et les réformes ? Bien entendu, elles ne seront jamais faites sans leur soutien indéfectible.

Le Congo, comme d’autres pays d’Afrique, peut considérablement augmenter ses revenus grâce au Tourisme et sortir ainsi de la crise économique et financière.

Mais il faut une vraie prise de conscience et une vraie volonté politique de la part des plus hautes autorités du pays.

 

Guillaume Ikia KOUKA

Promoteur de visiterlecongo et d’AfricaTourism Sharing

 


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