Économie


RD Congo

Boss Mining: la compagnie nationale congolaise Gécamines à l’offensive

Le Président de la compagnie nationale Gécamines, Albert Yuma avait prévenu au mois de novembre: «c’est nous qui allons désormais fixer les termes». Le 7 décembre 2018, Gécamines et ENRC Africa Holdings Limited (filiale du kazakh Eurasian Resources Group) ont clôturé une opération arrêtant de nouvelles fondations pour leur société commune Boss Mining SAS.

Premier changement de taille, la Gécamines augmente sa participation dans le capital de Boss Mining SAS de 30% à 49% au dépend d’une réduction à 51% pour ENRC. C’est sur cette nouvelle base que va se construire la relation entre l’entreprise nationale congolaise et la kazakh. Le contentieux interne qui voulait que la Gécamines réclame à ENRC le paiement d’une indemnité transactionnelle d’un montant total de 30 millions USD est annulé, de même que la procédure arbitrale initiée par la société congolaise devant la Chambre de Commerce Internationale basée à Paris. Par ailleurs, ENRC paiera désormais un pas de porte à la Gécamines presque cinq fois supérieur au montant précédent, de 165 USD par tonne de cuivre.

Plusieurs mesures ont été arrêtées afin d’améliorer la situation financière de la société commune. Les 1,5 milliards USD de prêts intragroupes consentis par le groupe ENRC à Boss Mining SAS seront convertis en capital de l’encours afin d’annuler l’endettement financier de la société commune à l’égard des investisseurs kazakhs. En parallèle, la situation de fonds propres négatifs sera rétablie conformément à la législation en vigueur. Autant de nouvelles mesures qui devraient être favorables à ce nouveau départ pour la Gécamines.

Enfin, différentes mesures ont été actées dans le but d’améliorer la viabilité économique. Parmi celles-ci, on relève des plans de restructuration des activités et de la politique en matière de sous-traitance. Mais encore, l’établissement d’un plan d’affaires détaillé permettant un meilleur suivi des retombées économiques attendues; dividendes pour les actionnaires et résultats favorables aux finances publiques de l’Etat congolais.

Suite à la promulgation du nouveau code minier, le président congolais Joseph Kabila décrétait à la fin du mois de novembre que le germanium, la colombo-tantalite et surtout le cobalt seraient désormais des «ressources stratégiques», multipliant ainsi par cinq la taxe sur ces minerais indispensables aux ressources fiscales de la République démocratique du Congo. La participation accrue de la Gécamines au sein de Boss Mining SAS devrait également contribuer à rééquilibrer le rapport de force entre les profits des multinationales étrangères et les finances publiques en RDC.

Adrien Chevaillier / Oeil d'Afrique



Économie