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Côte d’Ivoire : le coronavirus plonge la filière de la noix de cajou dans la crise

En Côte d’Ivoire, la filière noix de cajou ou "anacarde", comme on l’appelle ici, dépend à 90% de l’exportation. Les cultivateurs vendent les noix à des coopératives ou à des acheteurs intermédiaires avec un prix au kilo fixé par le gouvernement. Cette année il est de 400 francs, soit environ 60 centimes d’euro.

Et seulement 10% des noix brutes sont transformées en Côte d’Ivoire. Le reste est envoyé en Inde et au Vietnam, là où sont les usines de transformation. Seulement, face au coronavirus, ces pays asiatiques ont mis en place le confinement, les usines de transformation sont donc à l’arrêt et les intermédiaires n’arrivent plus à exporter la marchandise.

Des producteurs obligés de vendre au rabais

Et les plus touchés sont les producteurs, qui sont complètement désemparés. Ils se retrouvent parfois avec une ou deux tonnes de marchandise sur les bras. Certains intermédiaires habituels ne leur achètent plus rien et des acheteurs véreux en profitent pour brader les prix.

Zéphirin, un planteur de 60 ans, a accepté de vendre ses noix de cajou au rabais pour résorber ses dettes. "Ce sont des acheteurs clandestins. Ils disent que le prix est à 300, à 200... Nous aussi, on a des problèmes, on est dans le village, on est obligés de vendre. Voilà pourquoi j'ai vendu ces neuf sacs", raconte-t-il. Il y a beaucoup de planteurs dans le cas de Zéphirin, ils ont du mal à nourrir leur famille. Autre problème : s’ils conservent leurs sacs trop longtemps dans de mauvaises conditions, les noix peuvent prendre l’humidité et moisir.

Un plan d'aide de 53 millions d'euros

Le gouvernement a lancé une campagne médiatique, qui a lieu en ce moment. L'objectif est de mettre en relation des planteurs qui ont des invendus et des coopératives qui respectent le prix au kilo. Ensuite, il y a le grand plan d’aide pour soutenir les acteurs économiques. Le gouvernement a promis 53 millions d’euros à la filière anacarde. Mais Amadou Traoré, président de la coopérative Coop-ca-vica, dans le centre du pays, n’en a pas encore vu la couleur. "Nous entendons par les médias qu'il y a des financements dans le secteur agricole, mais jusqu'à preuve du contraire, nous n'avons reçu aucune aide venant de qui que ce soit."

Enfin, il y a un autre défi que cette crise a vraiment exacerbé, c’est celui de la transformation. La Côte d’Ivoire dépend trop de l’exportation. Le gouvernement en est conscient, il sait aussi que la transformation pourrait améliorer les conditions de vie des 250 000 producteurs d’anacarde. C’est pourquoi il aimerait passer de 10% à 50% de transformation d’ici à 2023.



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