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La République démocratique du Congo, championne du monde de la déforestation après le Brésil

En 2019, 475 000 hectares de forêt primaire tropicale ont disparu en RDC, selon un bilan établi par la plateforme numérique Global Forest Watch (GFW), qui fournit des informations sur l’état des forêts, basées sur des données satellitaires. Ce pays africain est ainsi "champion de la déforestation", selon l’expression de RFI. Deuxième pays du monde où la forêt disparaît le plus rapidement après le Brésil. Au niveau mondial, environ 38 000 km² ont été détruits l'an dernier, soit l'équivalent d'un terrain de football toutes les six secondes. Ce qui fait de 2019 la troisième année la plus dévastatrice pour les forêts primaires en deux décennies.

Mais à propos, comment définir ces zones ? "Les scientifiques définissent souvent une forêt primaire comme la 'première' forêt qui se développe sur un sol nu. La forêt secondaire est celle qui repousse après destruction de la forêt primaire par une perturbation importante", répond Jean-Luc Dupouey, directeur de recherches à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), dans La Croix. "Il n’existe pas de définition unique de la forêt primaire", comme il n’existe pas de définition pour les "notions de 'forêt vierge' ou 'forêt naturelle', même chez les scientifiques. Très utilisés dans la sphère publique, ces termes véhiculent plus des perceptions qu’un sens précis", précise le chercheur...

Quoi qu’il en soit, les forêts primaires abritent une très grande diversité d'espèces vivantes et stockent d'énormes quantités de CO2. Un gaz qui, une fois libéré, contribue au réchauffement climatique. Si les sols qu'elles couvraient sont laissés tranquilles, "il faudra des décennies, voire des siècles à ces forêts pour qu'elles retrouvent leur état d'origine", a indiqué à l'AFP Mikaela Weisse, chef de projet au groupe de réflexion (think tank) américain World Resources Institute, qui coordonne le GFW.

Le rôle essentiel de la forêt congolaise

Concernant la RDC, qui s’étend sur une partie du bassin du fleuve Congo, les pertes sont apparemment "10 fois plus importantes que ce que prévoyaient certaines estimations antérieures", rapporte Global Forest Watch. Les zones forestières de ce bassin, qui s’étendent sur près de 3 millions de km² (dont la moitié en RDC), constituent la plus importante forêt tropicale au monde après l’Amazonie. On trouve dans la zone "environ 10 000 espèces de plantes tropicales, dont 30% sont uniques", rapporte le WWF.

Parcelle forestière à Butembo, dans le nord-est de la RDC, le 12 novembre 2016. Dans cette région dépourvue d'électricité, les arbres sont coupés pour permettre de chauffer l'eau qui fournit ensuite de la vapeur à une usine de savon.Parcelle forestière à Butembo, dans le nord-est de la RDC, le 12 novembre 2016. Dans cette région dépourvue d'électricité, les arbres sont coupés pour permettre de chauffer l'eau qui fournit ensuite de la vapeur à une usine de savon. (EDUARDO SOTERAS / AFP)
Selon le bilan de GFW (cité par le site de la BBC), la grande majorité des pertes de forêts primaires dans le pays "semblent toujours se situer dans des zones d'agriculture" de subsistance, pratiquée par les populations locales. Mais le phénomène est également liée "à l'exploitation forestière, minière et aux plantations commerciales".
Et les autorités congolaises dans tout ça ?

L’exploitation du bois, qui contribue à la disparition de la forêt, n’est pas forcément administrée de manière très transparente par les autorités locales… En mars 2020, Greenpeace a ainsi dénoncé "l'attribution illégale le 14 janvier dernier par le ministre de l’Environnement de la RDC de neuf contrats de concession d’exploitation forestière représentant près de deux millions d’hectares", soit près de 20 000 km². Selon l’ONG, ces contrats ont été attribués à "deux sociétés chinoises". Et ce, juste après qu'eut été approuvée une aide internationale de 12 millions de dollars au bénéfice de la RDC dans le cadre d'un "programme de gestion durable des forêts".

Officiellement, seuls un peu plus de 110 000 km² (donc moins de 10% de la forêt congolaise) ont été concédés par l'Etat congolais à des industriels du bois. Problème : tout aussi officiellement, il existe un moratoire sur l'attribution de nouvelles concessions, dans le cadre du Code forestier de 2002. "Il n'y pas de nouvelles concessions attribuées. Il y a eu changement de dénomination de la part des concessionnaires", avait affirmé en mars à l’AFP le ministre de l'Environnement, Claude Nyamugabo.

Pour autant, ce n’est pas la première fois que de telles autorisations sont montrées du doigt. En 2018, franceinfo Afrique avait ainsi évoqué "la concession de 6 500 km² de forêt en République démocratique du Congo à deux entreprises chinoises". Un système jugé illégal par Greenpeace. Il empiète "sur les 14 000 km² de tourbières récemment découvertes et contenant quelque 30 milliards de tonnes de carbone", avait alors affirmé l’organisation non gouvernementale citée par Le Figaro.

La Chine et les autres

D’autres partenaires que la Chine sont épinglés. En 2018, l’ONG Globalwitness, citée par franceinfo Afrique, avait ainsi accusé ouvertement la société Norsudtimber, basée au Liechtenstein, plus grand propriétaire de concessions forestières en République démocratique du Congo, d'"opérer presque entièrement dans l'illégalité, en violation des points essentiels du code forestier congolais". Entre 2013 et 2017, plus de 10% des exportations de bois de Nordsudtimber au départ de RDC étaient parties vers l’Europe, "principalement le Portugal et la France". Tandis que 78% allaient en Chine et au Vietnam.

Concernant l’Hexagone, Globalwitness a également dénoncé "un programme porté par l'Agence française de développement (AFD) de 18 millions de dollars US (environ 16 millions d'euros), dont 6 millions de dollars financés par la France. Ce projet est censé soutenir en partie l'expansion de l'exploitation forestière industrielle en RDC". L’AFD avait regretté que "depuis plusieurs années, cette ONG (l')attaque pour un programme conçu avec les autorités congolaises qui vise à améliorer la gouvernance du secteur forestier".

AFP



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