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Côte d'Ivoire

CPI: Laurent Gbagbo et Blé Goudé acquittés et libérés

L'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé jugés par la Cour pénale internationale, ont été acquitté ce mardi de crimes contre l'humanité.

C'était une décision très attendue. Ce mardi, la Cour pénale internationale (CPI) a prononcé l'acquittement de l'ancien président de la Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo, accusé de quatre chefs de crimes contre l'humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Des crimes pour lesquels il plaidait non coupable. Le procès de cet homme de 73 ans, en détention depuis sept ans s'achève donc là: la CPI a ordonné sa mise en liberté immédiate. 

La Chambre fait droit aux demandes d'acquittement présentées par Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé (ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes, fidèles à M. Gbagbo) concernant l'ensemble des charges" retenues contre eux et "ordonne la mise en liberté immédiate des deux accusés", a déclaré le juge président Cuno Tarfusser. 

3000 morts en cinq mois

Premier ancien chef d'État à avoir été remis à la Cour, il était jugé pour des crimes commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011, née de son refus de céder le pouvoir à son rival, l'actuel président ivoirien Alassane Ouattara. Les violences avaient fait plus de 3000 morts en cinq mois. 

Lundi, avant que cette décision ne soit prononcée, environ 200 personnes s'étaient rassemblées à Abidjan pour exprimer leur hostilité à une éventuelle libération. "La CPI travaille comme si les victimes n'existaient pas", a dénoncé auprès de l'AFP Issiaka Diaby, le président d'un collectif de victimes qui regroupe 8000 personnes. 

"Si on libère Laurent Gbagbo, il n'y aura plus de justice à notre égard", a affirmé Karim Coulibaly, 43 ans, amputé d'une jambe après avoir reçu une balle lors de la crise. "J'étais chauffeur, je suis chômeur aujourd'hui. On n'est pas contre la réconciliation mais il faut d'abord satisfaire les victimes". 

Simone Gbagbo, condamnée et amnistiée

Après avoir occupé le palais présidentiel pendant plusieurs mois, Laurent Gbagbo avait finalement été arrêté en avril 2011 par les forces du président Ouattara, soutenues par les Nations unies et la France, avant d'être remis à la CPI. 

L'ex-chef d'État s'est "accroché au pouvoir par tous les moyens", a martelé l'accusation, qui a convoqué plus de 80 témoins depuis le début du procès en janvier 2016. Celui-ci repose sur une "déformation de l'histoire", a de son côté affirmé la défense l'année dernière. Lors d'une audience en décembre, elle a argué que l'ancien président, "âgé et fragile", ne poserait aucun risque de fuite. 

Laurent Gbagbo pourrait rejoindre sa femme, Simone Gbagbo, surnommée la "Dame de fer". Arrêtée avec son mari, elle avait été condamnée en 2015 à 20 ans de prison, avant de bénéficier d'une amnistie accordée par le président Ouattara après sept ans de détention. 



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