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10 milliards d’euros et 22 accords : France et Maroc renouent leurs liens
Après trois ans de tensions et d'incertitudes diplomatiques, la visite d'État d'Emmanuel Macron au Maroc s’est soldée par un engagement historique entre Paris et Rabat. Avec la signature de 22 accords d’investissement d'une valeur potentielle de 10 milliards d’euros, la France réaffirme son rôle stratégique au Maroc, ciblant des secteurs de pointe comme le ferroviaire, l’hydrogène vert et les énergies renouvelables. Ce partenariat économique massif représente aussi le symbole d’un rapprochement après une période de méfiance entre les deux pays.
Une coopération économique axée sur des secteurs stratégiques
La visite du président français a débouché sur des annonces concrètes. Les entreprises françaises Alstom, TotalEnergies, EDF et CMA CGM ont signé des accords pour renforcer la position du Maroc dans les infrastructures et l’énergie verte. Alstom, par exemple, fournira entre 12 et 18 rames pour le réseau TGV du pays, consolidant ainsi la place de la France dans le transport marocain. De leur côté, TotalEnergies et Engie se concentreront sur le développement de l’hydrogène vert, un secteur crucial pour l’indépendance énergétique marocaine.
Jean-Marc Thélot, directeur général adjoint chez TotalEnergies, a déclaré : « Ces accords renforcent notre engagement au Maroc, un pays en pleine expansion énergétique. Nous sommes ravis de contribuer au développement de l’hydrogène vert, qui sera un pilier de la transition énergétique. » Ce partenariat renforce ainsi la place de la France dans la stratégie d’autonomie énergétique marocaine, alors que Rabat se tourne de plus en plus vers des solutions écologiques.
Ces accords mettent en lumière le renouveau de la coopération franco-marocaine dans des domaines critiques, tant pour l’économie du Maroc que pour sa stratégie énergétique. « Avec ces projets, nous voyons la France comme un partenaire de long terme pour le Maroc, au-delà des tensions passées, » a souligné Abdelillah Hfidi, conseiller parlementaire de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).
Un rapprochement diplomatique et géopolitique
Ce renouveau économique a été complété par une prise de position forte de la France sur la question du Sahara occidental, un enjeu crucial pour le Maroc. Lors de son discours au Parlement marocain, Emmanuel Macron a réitéré l’engagement de la France à soutenir la souveraineté marocaine sur le territoire. « Pour la France, l'avenir s’inscrit dans le respect de la souveraineté marocaine, » a-t-il affirmé, recevant une ovation des parlementaires marocains.
Cet appui géopolitique vise également à maintenir l’influence française dans un pays où la Chine, les États-Unis et d’autres puissances rivalisent pour asseoir leur présence. « Nous voyons cela comme un geste de confiance qui aidera à stabiliser nos relations pour les années à venir, » a commenté Neila Tazi, présidente de la commission parlementaire des Affaires étrangères. Pour Emmanuel Macron, cet appui constitue aussi un message à l’égard des investisseurs français, invitant à regarder le Maroc comme une place forte en Afrique du Nord.
Un Maroc plus indépendant et pragmatique dans ses alliances
Malgré l’importance de cet accord, le Maroc conserve une posture indépendante dans ses relations internationales. En pleine montée en puissance sur la scène africaine et internationale, le pays s’efforce de diversifier ses alliances, en entretenant des relations étroites avec la Chine, la Russie et les États-Unis. « Notre relation avec la France est solide, mais nous restons ouverts à de nouveaux partenariats stratégiques. C’est la voie de notre souveraineté et de notre croissance, » a affirmé Nezha Alaoui, analyste politique à Rabat.
Pour Paris, ce nouvel accord représente donc autant une opportunité économique qu’un pari géopolitique, dans un contexte où sa présence en Afrique est de plus en plus concurrencée.
Une alliance rénovée, mais quelles perspectives pour l’avenir ?
Alors que ce rapprochement semble marquer un retour des liens franco-marocains, la question de leur durabilité persiste. Les investissements prévus offrent de grandes perspectives, mais les relations bilatérales devront faire face à des défis, notamment sur les questions de migration et de droits humains, souvent sources de désaccord. Une récente étude de l’Institut français des relations internationales (IFRI) rappelle que le Maroc tend à « approfondir ses relations avec divers acteurs internationaux sans exclure aucun partenaire, y compris la France, qui devra s’adapter à cette nouvelle réalité multipolaire ».
Pour Rabat, la France reste un partenaire de choix, mais le Maroc continuera de jouer la carte de la diversification stratégique, dictée par ses ambitions d’indépendance et de leadership continental.
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