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Côte d’Ivoire : Déstigmatiser la dysfonction érectile, un enjeu de santé publique

En Côte d’Ivoire, la dysfonction érectile (DE) s’impose comme une réalité méconnue mais omniprésente, touchant des hommes de tous âges et origines. Cette condition intime, encore entourée de honte et de tabous, isole souvent ceux qui en souffrent. Heureusement, médecins et praticiens proposent des solutions qui méritent d’être mieux connues et accessibles.

Le poids du silence : un témoignage éloquent

Junior, 23 ans, raconte son expérience douloureuse avec la dysfonction érectile, qu’il endure depuis trois ans. « Lorsque j’avais des rapports sexuels, mon pénis ne pouvait même pas rester en érection. Je me sentais honteux, et elle me disait que je n’étais pas un homme », confie-t-il.

Ce jeune homme, préférant l’anonymat, explique avoir gardé son problème secret, n’en parlant qu’à son amie. « Ni mon frère ni ma sœur ne l’ont su. C’est trop honteux », ajoute-t-il. Comme Junior, beaucoup d’hommes préfèrent souffrir en silence, accentuant leur isolement et compromettant leur bien-être mental et social.

Une problématique sous-estimée

La dysfonction érectile reste largement sous-déclarée en Côte d’Ivoire, comme dans d’autres pays africains. Peu d’études locales existent, mais les recherches continentales révèlent un lien direct avec des maladies chroniques telles que le diabète et l’hypertension, ainsi qu’avec des facteurs liés au mode de vie, comme une alimentation déséquilibrée ou le stress.

Le Dr Fadley Coulibaly, radiologue, souligne que cette sous-déclaration complique la prise en charge. « Beaucoup d’hommes ne consultent pas en raison de la honte ou du manque d’information. Cela empêche une réponse médicale adaptée et contribue à la progression du problème », précise-t-il.

Des solutions médicales à portée

Selon le Dr Coulibaly, le diagnostic précis est essentiel pour traiter efficacement la dysfonction érectile. « Si la cause est psychologique, nous proposons des thérapies adaptées. Si c’est lié à une maladie comme le diabète, nous la prenons en charge. Parfois, un écho-doppler pénien nous permet d’identifier les causes sous-jacentes. Mais pour cela, il faut que les patients viennent consulter », insiste-t-il.

Il met en garde contre les solutions rapides non encadrées, souvent vendues sans comprendre les causes réelles du trouble. « C’est seulement grâce à un diagnostic approprié que nous pouvons proposer un traitement adapté et durable », conclut-il.

Les remèdes naturels : entre tradition et prudence

En parallèle des traitements médicaux, de nombreux Ivoiriens se tournent vers des solutions naturelles, inspirées des savoirs traditionnels.

Le Dr Aka Felix, praticien en santé naturelle à Abidjan, prône une approche globale, mettant l’accent sur l’alimentation. « La plupart des gens consomment des aliments cuits, ce qui élimine des nutriments essentiels. Cela contribue aux troubles de l’érection. Par exemple, boire un verre de jus de céleri chaque jour pendant quelques jours peut améliorer la fonction érectile jusqu’à 60 % », explique-t-il.

Cependant, cette méthode, bien qu’appréciée, ne remplace pas un avis médical. Les spécialistes recommandent de combiner les approches naturelles avec des traitements validés scientifiquement, pour assurer une prise en charge globale.

Vers une déstigmatisation

Pour lutter contre ce mal silencieux, il est crucial de déstigmatiser la dysfonction érectile et d’informer sur les solutions disponibles. Encourager les hommes à consulter, renforcer les campagnes de sensibilisation et intégrer la santé sexuelle dans les discussions publiques sont autant de pistes pour briser le tabou.

Dans une société ivoirienne encore marquée par les préjugés, chaque pas vers une meilleure compréhension de la dysfonction érectile représente une avancée majeure pour la santé publique et le bien-être des hommes.

Avec VOA



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