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Crise au Soudan : 14 millions de déplacés, violences et famine menacent les civils

Depuis le début de la guerre civile en avril 2023, le Soudan est confronté à une crise humanitaire dévastatrice. Près de 14 millions de personnes, soit 30 % de la population, ont été déplacées, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ce chiffre fait de la crise soudanaise la plus grave en termes de déplacements forcés dans le monde cette année. En parallèle, les civils font face à une intensification des violences, des destructions de cultures et une crise alimentaire en pleine aggravation.

Des millions de Soudanais en quête de refuge

À l’intérieur du Soudan, environ 11 millions de personnes sont déplacées, tandis que 3,1 millions ont trouvé refuge dans les pays voisins, indique l’OIM. Le nombre de déplacés a encore augmenté de 200 000 depuis septembre. La directrice de l’OIM, Amy Pope, précise que ces déplacés sont pour moitié des femmes et que 25 % sont des enfants de moins de cinq ans. « Ces millions de femmes et d’enfants, extrêmement vulnérables, sont pris dans une situation de survie précaire », a-t-elle alerté. Le manque d’abris, d’eau potable et de soins médicaux fait de chaque jour un défi pour leur survie.

Des violences attisées par des tensions ethniques

Dans l’État d’Al-Jazirah, la défection d’un commandant des Forces de soutien rapide (FSR) en faveur de l’armée régulière a aggravé les tensions ethniques. Depuis cette défection en octobre, les FSR ont lancé des représailles contre des villages, ciblant les civils du groupe ethnique du commandant. Lors d’une attaque dans le village d’Al-Seriha, 124 civils auraient été tués, selon les rapports de l'ONU, tandis que des vidéos non confirmées montrent des dizaines de corps alignés pour une inhumation.

En plus de ces violences physiques, des discours de haine et des appels à la mobilisation des civils circulent sur les réseaux sociaux, intensifiant les tensions locales. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, a appelé les leaders à « désamorcer rapidement la situation pour protéger les civils ».

Violences sexuelles et crimes de guerre

Les FSR sont également accusées de violences sexuelles à grande échelle, allant des viols collectifs à l’enlèvement et la détention de femmes dans des conditions proches de l’esclavage sexuel. Mohamed Chande Othman, chef de la mission d'enquête de l’ONU, a déclaré que « l’ampleur des violences sexuelles au Soudan est stupéfiante ». Ces actes, qualifiés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, témoignent de l’urgence d'une intervention pour protéger les civils, en particulier les femmes et les enfants.

La crise alimentaire en pleine expansion

L’État d’Al-Jazirah, essentiel à l’agriculture soudanaise, a vu ses cultures ravagées dans le contexte de ce conflit. Considéré comme le grenier à blé du pays, cette région subit des incendies volontaires qui aggravent encore la crise alimentaire. Actuellement, plus de 25 millions de Soudanais sont touchés par une insécurité alimentaire aiguë, et la destruction des récoltes pourrait transformer cette crise en famine généralisée.

Une aide humanitaire bloquée et des infrastructures détruites

Amy Pope rapporte que les combats et les destructions d'infrastructures compromettent gravement l’aide humanitaire. À Port-Soudan, les fortes pluies d’août ont provoqué des inondations, tuant 148 personnes et dévastant les maisons, les troupeaux et les équipements vitaux. « Cette dévastation, déjà terrible, est aggravée par le conflit qui limite l’accès aux secours et complique chaque intervention », explique la cheffe de l’OIM.

Une guerre entre deux généraux qui menace la région

Cette guerre civile soudanaise repose largement sur la rivalité entre deux figures militaires puissantes : Abdel Fattah al-Burhan, chef des Forces armées soudanaises (FAS), et Mohamed Hamdan Dagalo, connu sous le nom de Hemedti, à la tête des FSR. Ces deux généraux se disputent le contrôle politique et militaire du pays, chacun cherchant à imposer son autorité.

Cette confrontation met en péril la stabilité de toute la région, créant des vagues de réfugiés et de trafics d'armes dans les pays frontaliers. La guerre entre al-Burhan et Hemedti ne se limite pas à une simple lutte de pouvoir : elle aggrave des fractures ethniques et communautaires historiques et menace de devenir un foyer d’instabilité pour les voisins du Soudan, notamment le Tchad, le Soudan du Sud et l’Éthiopie, déjà fragilisés par leurs propres conflits internes.

Appel de l’ONU à une action urgente

Face à cette crise, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a décrit la situation au Soudan comme un « cauchemar de violence, de faim, de maladie et de déplacement ». Le Haut-Commissaire Türk a rappelé l’importance de poursuivre les auteurs de violations pour rompre le cycle de la violence. Alors que la moitié de la population dépend de l’aide humanitaire, les Nations Unies et les acteurs internationaux pressent les deux généraux soudanais à cesser le conflit pour permettre aux civils de reconstruire leur vie.

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