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Crise en Ukraine : le diable est sorti de l’enfer
En moins de 24h, le président Vladimir Poutine est intervenu à trois reprises dans les médias pour parler de la question ukrainienne. Ce qui est particulièrement frappant, c’est le ton particulièrement guerrier du numéro un russe lors de ses interventions. Du jamais vu ! Pour un homme réputé pour sa froideur, c’est extrêmement inquiétant. Tout porte à croire que le diable est sorti de l’enfer.
Avec l’intervention télévisée de ce matin annonçant le début des opérations militaires en Ukraine, les Américains et les Européens se rendent bien compte qu’on n’est plus dans la gesticulation, que l’Europe peut se retrouver dans la merde jusqu’au cou dans les jours et semaines à venir. Dans mon post du 1er février 2022, j’avais avancé deux scénarios au cas où les exigences de Moscou n’étaient respectées.
Le premier, c’est la déstabilisation de l’Ukraine via les sécessionnistes du Donbass et la neutralisation des systèmes de l’OTAN déployés en Europe de l’est via la guerre électronique. Le second scénario, c’est le déploiement par la Russie des missiles pointant vers les États-Unis à Cuba et au Venezuela, voire même au Nicaragua, au nom de l’équilibre de la terreur comme au bon vieux temps de la guerre froide.
J’ai comme l’impression que ce qui se passe actuellement en Ukraine est la première étape de cette stratégie qui ne s’arrêtera que si les demandes de la Russie sont prises en compte par les États-Unis. À voir la tournure que les évènements ont prise ces dernières 24h, il y a des raisons de croire que les choses vont bouger du côté de Washington.
Quant au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, autant dire qu’il se sent désormais coincé. Il a appelé Vladimir Poutine plus d'une fois, mais celui-ci n'a répondu à aucun de ses appels. Dans un discours plein d’émotion en langue russe, il a appelé la société civile en Russie à faire pression sur ses dirigeants pour prévenir une « grande guerre en Europe ». Il réalise maintenant que l’Occident ne prendra pas le risque de défier l’Ours russe pour ses beaux yeux.
Vladimir Poutine a non seulement promis la « démilitarisation et une dénazification de l’Ukraine », mais il a aussi menacé de s’en prendre à tous ceux qui tenteront de s’ingérer dans cette affaire. « Ceux qui tenteraient d’interférer avec nous [...] ils doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n’avez encore jamais connues ». Des menaces adressées directement aux Occidentaux et qui illustrent à quel point le dirigeant russe est déterminé.
Tout ceci aurait pu être évité si les Américains et les Européens avaient poussé le dirigeant ukrainien à appliquer les accords de Minsk et pris au sérieux les préoccupations sécuritaires de la Russie, en lieu et place de ruser continuellement tout en instrumentalisant l’Ukraine. Par-dessus tout, ils auraient dû méditer ces paroles du vieux stratège chinois Sun Zu : « Des soldats qui n’ont d’autre alternative que la mort se battent avec la plus sauvage énergie. N’ayant plus rien à perdre, ils n’ont plus peur ; ils ne cèdent pas d’un pouce, puisqu’ils n’ont nulle part où aller. »
Se sentant acculée par l’OTAN, la Russie va se défendre avec l’énergie du désespoir, quitte à écraser dans la violence tout ce qui se dressera devant elle. L'Ukraine est présentement bombardée...
Patrick Mbeko
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