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L’hyperandrogénie dans le sport : sanctions racistes
Aminatou Seyni du Niger, Caster Semenya d’Afrique du Sud, Magaret Wambui du Kenya, Francine Niyonsaba du Burundi ou encore Dutee Chand d’Inde, qu’ont ces athlètes en commun ? Elles souffrent, toutes, de ce qu’on appelle hyperandrogénie.
L’hyperandrogénie est une variation du développement humain se manifestant par un taux élevé d’hormones mâles, comme la testostérone.
Depuis l'avènement de la Sud-africaine Caster Semenya sur les pistes d’athlétisme, plus une compétition ne se passe sans que l’épineuse question sur l’avantage des ces athlètes ne se pose dans les plus hautes instances sportives que sont World Athletics (anciennement appelée IAAF) ou encore le Comité Internationale Olympique.
Caster Semenya, double championne olympique et triple championne du monde du 800 m, s'est vue en 2019, écartée des Mondiaux d'athlétisme de Doha. La raison ? Elle s'oppose au règlement de la World Athletics qui oblige les athlètes hyperandrogènes à prendre des médicaments pour faire baisser leur testostérone.
L’éthique, la morale, la justice
Depuis l’IAAF a décidé d’imposer un traitement à ces jeunes femme pour abaisser leurs taux d’hormones. Et c’est là où le bas blesse. Car l’Association médicale mondiale a elle-même qualifié de dangereux ces traitements « Si les médecins administrent ces médicaments, ils enfreignent les codes d’éthique » , a par ailleurs souligné le professeur Montgomery, membre de l’AMM.
Il rappelle que "le code éthique de base de toute pratique médicale est de ne jamais nuire". Or, « il est nuisible pour un corps parfaitement normal avec juste un niveau élevé de testostérone de recevoir des médicaments à utiliser dans le but d'être admissible au sport féminin en vertu de certaines réglementations. »
L’éthique, la morale, la justice, voilà des mots qui sont au centre des débats. Rappelons que durant la guerre froide, les soviétiques n’ont pas hésité à aligner des athlètes dites “féminines” super hormonées masculinement parlant, au vu et au su de tous. Où étaient les instances pour sévir. Nulle part. D'autres diront qu’ils étaient mêmes complices de la supercheries. Mais l'histoire fait la preuve de ces athlètes jamais inquiétés. Les exemples sont nombreuses dont ceux de Jarmila Kratochvilova, Heidi Krieger, Marita Koch, toutes développaient également l'hyperandrogénie.
Le deux poids deux mesures
Alors une question se pose : si Caster Semenya était américaine, Aminatou Seyni allemande, Margaret Wambui suédoise, auraient-elles eu droit au même traitement ?
“Nos états ne sont pas assez puissants pour faire face à ça ?” nous a indiqué un membre de la fédération nigérienne d’athlétisme, qui souhaite garder l’anonymat.
D’autres sportifs ont connu aussi facilité. Il y a le cas de Michael Phelps, le nageur américain, l’homme qui possède le plus de médailles olympiques. Son corps produisait moins d’acide lactique que la normale, ce qui lui permettait de nager davantage sans ressentir la fatigue. Est-ce qu’on lui a exigé de prendre un produit afin d’augmenter son taux d’acide lactique ? Pourtant, on a même salué, référencé, ses performances. Pourquoi pour ces femmes venues de pays du Sud, on impose un traitement qui peut être nuisible à leur santé ?
Il paraît nécessaire de prendre cette situation très au sérieux. Les fédérations et les pays touchés par ces décisions doivent protéger, défendre les athlètes dont les vies sont mises en danger.
Cynthia Nzetia, pour Oeil d'Afrique
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