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Nouvelles infrastructures urbaines africaines : entre modernité et espoir

C’est une journée comme une autre à Lagos, mais pour des milliers d’habitants, le trajet domicile-travail a pris une toute nouvelle tournure. À 7 heures du matin, la gare moderne de Marina s’anime, ses couloirs lustrés et son ambiance climatisée contrastant avec l’agitation effrénée des rues environnantes. Les passagers, munis de leurs cartes de transport électroniques, attendent l’arrivée du train Blue Line, une fierté nationale et un symbole de l’Afrique qui avance.

Une révolution sur rails

À peine installé dans un wagon climatisé, la différence est palpable. "Avant, je passais trois à quatre heures dans les embouteillages, sous une chaleur étouffante," raconte Dayo, un employé de bureau de 35 ans. "Aujourd'hui, en vingt minutes, je suis au travail, détendu et prêt à commencer ma journée."

Le train démarre en douceur, laissant derrière lui un panorama de toits et de routes saturées. Par la fenêtre, les gratte-ciel de Lagos s’entremêlent avec des quartiers populaires. Le bruit sourd du moteur électrique tranche avec le chaos des klaxons sur les routes adjacentes. Chaque arrêt révèle des gares élégantes, où des usagers montent et descendent dans un ballet organisé, loin du tumulte habituel des minibus bondés.

Mais Lagos n’est pas la seule à profiter de cette révolution ferroviaire. À Dakar, le Train Express Régional (TER) relie le centre-ville à l’aéroport international Blaise Diagne, en desservant plusieurs localités en périphérie. Ce projet, conçu pour désenclaver les banlieues, a changé la dynamique économique et sociale. "Avec le TER, j’arrive au travail en moins de trente minutes, alors que cela me prenait le double en bus," explique Mariama, une commerçante du marché Sandaga. Grâce à des infrastructures modernes et des services ponctuels, le TER s’impose comme un modèle pour d’autres villes du continent.

Des routes et des ponts : le cas d’Abidjan

Loin de Lagos, à Abidjan, c’est sur les routes que la transformation urbaine s’impose. Le Pont HKB, véritable chef-d’œuvre architectural, s’élance audacieusement au-dessus de la lagune Ébrié. Ce pont, désormais un axe majeur reliant les quartiers sud et nord de la ville, a non seulement désengorgé les voies existantes, mais il a aussi redéfini la skyline de la capitale économique ivoirienne.

Sur la route de l’aéroport, le bitume tout juste posé reflète la lumière du soleil. Les conducteurs glissent avec fluidité sur des voies parfaitement balisées. À quelques kilomètres de là, le quatrième pont d’Abidjan, qui reliera bientôt les quartiers populaires d’Attécoubé à Cocody, est en pleine construction. Les bruits des marteaux-piqueurs et des grues témoignent de l’ambition du pays : relier les communautés et soutenir une croissance économique rapide.

"Le nouveau pont a changé nos vies," confie Fatoumata, une commerçante d’Anyama, un quartier périphérique. "Avant, je devais partir à 4 heures du matin pour rejoindre le marché. Avec cette infrastructure, je gagnerai des heures précieuses."

Un autre moteur de ces transformations a été l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2023. Cet événement a catalysé la construction de stades modernes et de voies rapides, facilitant les déplacements dans la ville et entre les régions. "Le stade d’Ebimpé et les routes autour ont complètement changé le visage de cette zone," explique Yacouba, chauffeur de taxi. "Ces infrastructures ne servent pas seulement pour la CAN, mais aussi pour le quotidien des habitants."

La CAN a également stimulé l’économie locale, créant des emplois et attirant des investissements dans les infrastructures. Pour les habitants, ces développements offrent une vision d’une ville mieux connectée et plus dynamique.

Une expérience de mobilité réinventée

Qu’il s’agisse des trains ultramodernes de Lagos ou des ponts imposants d’Abidjan, ces infrastructures marquent un tournant dans le quotidien des citadins. À chaque instant, la transformation est tangible : des files de passagers ordonnées dans les gares de Lagos, aux artisans qui s’installent près des routes fraîchement ouvertes à Abidjan pour attirer de nouveaux clients.

Mais au-delà des bénéfices immédiats, ces projets portent une promesse : celle de donner une nouvelle identité urbaine aux métropoles africaines. Les embouteillages monstrueux, autrefois synonymes des villes du continent, cèdent peu à peu la place à des espaces où le temps, cette denrée si précieuse, est restitué aux habitants.

Défis et perspectives

Bien sûr, tout n’est pas parfait. Les coûts élevés des projets, souvent financés par des prêts internationaux, posent des questions de durabilité économique. À Lagos, certains craignent que les tarifs des tickets restent hors de portée pour les populations les plus modestes. À Abidjan, la qualité de l’entretien des routes et ponts devra être assurée pour éviter qu’ils ne se détériorent prématurément.

Cependant, les perspectives sont encourageantes. Ces infrastructures ne se limitent pas à la mobilité : elles sont aussi des catalyseurs de croissance économique. Elles connectent les quartiers périphériques aux centres économiques, réduisent les inégalités et attirent les investissements étrangers.

De Lagos à Dakar, en passant par Abidjan, les infrastructures urbaines incarnent l’espoir et la modernité d’un continent en pleine mutation. Ces projets, bien plus que des solutions de transport, redessinent les métropoles africaines et renforcent leur attractivité internationale.

Alors que le TER de Dakar accélère à travers les paysages sénégalais et que le stade d’Ebimpé brille sous les projecteurs, une chose est claire : l’Afrique trace sa voie vers un avenir où mobilité et développement vont de pair.

Oeil d'Afrique



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