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Pédopornographie au Togo: 100 franc CFA pour tourner des vidéos

C’est dans la stupeur que les togolais ont découvert sur les réseaux sociaux une vidéo mettant en scène des enfants. Un réseau d’homosexuel a contraint des enfants de 6 à 13 ans à la pédopornographie. Certains auteurs ont été arrêtés. Le meneur est en fuite au Ghana. Le gouvernement togolais indexe une dépravation des  mœurs.

Tout est parti d’une alerte donnée sur les différents médias sociaux. C’est la Ligue de défense noire africaine (LDNA) qui a permis à partir des conversations dans une vidéo de localiser les auteurs au Togo

En effet, l’examen de la vidéo a permis de déterminer que de petits garçons âgés de 6 et 13 ans ont été contraints à la sodomie par d'autres jeunes plus âgés.

Les signalements sur les réseaux sociaux ont permis de démasquer à Adangbé (50 km de Lomé) une partie du réseau. Les investigations menées avec l’aide de la population ont permis de collecter des informations probantes quant à l'identité des membres du réseau.

Ces petits garçons vivant dans la misère et l'indigence « ont été prostitués de force pour le tournage de vidéos à caractère pédopornographique afin de répondre à une demande basée en France », a déclaré Egountchi Behanzin, le Président de la LDNA. 

Pour M. Egountchi Behanzin, les enfants touchaient occasionnellement 100 franc CFA soit l'équivalent de 15 centimes d'euros. 

Des faits d'une extrême gravité

C'est sur instruction des autorités que la Police a lancé une enquête. Elle vise à interpeller les auteurs de ces actes de pédopornographie . Les forces de l’ordre visent principalement le responsable du réseau. Un certain Yao EKLOU alias Pipo.

Les recoupements des informations et de leur vérification ont abouti à l’arrestation fin mars dernier de trois collégiens dans la ville de Adangbé.

Eklou Yao alias Pipo en classe de 1ère et son acolyte sont en fuite au Ghana. La Police togolaise a lancé un mandat contre lui.

Brigitte Ekue dont l’Association Colombe Verte a contribué à l’identification du réseau a appelé à intensifier la vigilance pour « mettre les enfants loin des griffes de ces criminels, loin de ces monstres qui abusent de leur innocence ». 

Pour plusieurs leaders d’opinion au Togo, ce qui s’est passé relève d’un crime perpétré sur les enfants. D’autres encore soutiennent que ces actes ne doivent pas avoir cours dans les sociétés africaines notamment au Togo. 

« Ces jeunes qui se livrent à ces actes sont des criminels et des déviants sociaux. Ils doivent être traqués pour répondre de leur crime pénalement. Ils doivent servir de cobaye pour les autres candidats à ce genre de choses.», soutient un Pasteur.

Le Forum des organisations de défense des droits de l’enfant au Togo (FODDET) a également réagi à l’affaire. Se réjouissant de l’arrestation de certains auteurs de ce qu’elle pointe comme une « violation inadmissible des droits des enfants », l’organisation invite le gouvernement togolais à « prendre toutes les mesures y compris la coopération internationale pour faire la lumière sur cette affaire afin de démanteler tous les membres du réseau tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Togo et les soumettre à la rigueur de la loi ».

«Le FODDET accorde une grande importance à cette affaire et souhaite l’implication des plus hautes autorités afin de trouver une issue rapide à cette affaire qui vient  ternir l’image de notre pays et saper les efforts du Gouvernement en matière des Droits de l’enfant au Togo », a interpellé cette fédération.

Une dépravation des  mœurs

Dans sa réaction sur la pédopornographie, le gouvernement togolais a d’abord condamné les faits. Dans une note conjointe, les ministres togolais en charge de l’action sociale, Lolonyo Apedoh-Anakoma, des droits de l’homme, Christian Trimua et de la sécurité et de la protection civile, Général Damehame Yark ont estimé que les faits tels que découverts compromettent dangereusement les droits de l'enfant. 

Pour eux, il s’agit ni plus ni moins d’une « dépravation des  mœurs ». Puis, ils se sont engagés à traduire les coupables en justice afin qu'ils soient jugés et punis.

Pour Jean-Louis Kayalo, leader d’opinion, prône l'instauration d'un travail pédagogique de protection, de sensibilisation sur la pédopornographie. Il suggère d'intégrer cette notion dans les programmes scolaires au Togo. L’idée étant d’apprendre aux enfants comment réagir s’ils se retrouvent « face à de tels prédateurs ». 

Mais pour les politiciens, il est plutôt temps que l’Etat togolais combatte la pauvreté ambiante dans les milieux ruraux pour éviter aux enfants de tomber dans de tels pièges. 

Notons que plus de 89% des Togolais rejettent l’homosexualité. Ce sont les résultats d’un sondage réalisés par l’institut Afrobaromètre en 2015. Cette même étude a révélé que la tolérance de la société togolaise ne s’étend pas à la différence d’orientation sexuelle. Le rejet de l’homosexualité par les Togolais ne dépend ni de leur milieu de résidence, ni de leur genre, ni de leur âge, ni de leur niveau d’instruction, ni de leur religion, avait précisé Afrobaromètre. 

Cet évènement pourrait causer des dommages psychologiques aux enfants qui ont été contraints à la pédopornographie. Un suivi psychologique de jeunes enfants victimes de ces actes est nécessaire. 

Didier Assogba, Oeil d'Afrique, Togo



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