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Ces 10 hommes qui ont marqué l’histoire de l’Afrique sur ces cinquante dernières années

Le continent africain a connu plusieurs périodes dans l’histoire. De la période précoloniale à la période de l’indépendance jusqu’à l’ère démocratique des années 1990, ils ont été plusieurs personnalités à marquer l’histoire de l’Afrique de par leurs actions, détermination et engagement en faveur de leur pays et du panafricanisme. Ces personnalités ont été de tous les combats pour la libération de l’Afrique des mains des colons. Mais parmi elles, certains ont marqué de manière négative ou plutôt ambigüe l’Afrique et les africains soit à cause de leur collaboration avec les occidentaux, soit à cause de leur gestion dictatoriale de pays qu’ils ont plongé dans les dérives.

Dans la logique d’un devoir de mémoire, la rédaction de Oeildafrique.com a décidé de parler entre autres des dix grands hommes qui ont le plus marqué l’Afrique de ces cinquante dernières années. L’exercice a consisté à faire un bref aperçu sur la lutte menée par ces personnes tant dans leur pays que sur le continent africain. D’autres personnalités pourraient également être considérées comme ayant marquées. Mais notre exercice à consister à choisir 10 parmi elles et à rappeler aux africains et au monde, leurs actions dans l’histoire contemporaine de l’Afrique.

Nelson Mandela

C’est à 25 ans que Nelson Mandela a rejoint les rangs du Congrès national africain (ANC), un parti qui défendait les intérêts de la majorité noire contre la minorité blanche. Son zèle et sa détermination dans la lutte le feront condamner à la réclusion à perpétuité en 1964 pour sédition et échappe de peu à la peine de mort. En prison, Mandela aura fait en tout et pour tout 27 ans. Il a effectué des travaux forcés à longueur de journée, dans une carrière de chaux, où il casse des cailloux. Exposé au soleil et à la poussière pendant des années, Mandela y voit sa santé se détériorer. En prison où les lois de la ségrégation sont appliquées, Mandela continue la résistance et cherche à pénétrer l’âme de ses ennemis afrikaners, étudiant leur histoire et leur langue, dans le but d’établir un dialogue avec eux.

De l’autre côté son emprisonnement lui confère une notoriété internationale ; ce qui a conduit l’Assemblée des Nations unies déclare l’apartheid crime contre l’humanité en 1971. La pression locale et mondiale exercée sur le gouvernement sud-africain a fini par payer. L’homme a été libéré le 11 février 1990. La levée de l’interdiction de l’ANC est également annoncée par le président sud-africain Frederik de Klerk. Nelson Mandela sera élu Président de l’Afrique du Sud en 1994, après la large victoire de son parti aux premières élections générales multiraciales. Il préside ainsi le premier gouvernement non racial du pays, composé d’une coalition entre l’ANC, le Parti national et le parti zoulou Inkatha Freedom Party, et prône la réconciliation entre les races.

5 ans après, Nelson Mandela a refusé de briguer un second mandat et quitte son poste en 1999, préférant s’éloigner de la vie politique pour se consacrer à ses proches et à sa fondation. « Mandela est une icône mondiale de la réconciliation. Plusieurs personnalités du monde lui ont rendu des hommages lors de sa mort le 5 décembre 2013.

Patrice Lumumba

L’ancien Premier Ministre congolais a marqué l’histoire de l’Afrique de par son engagement en faveur du peuple congolais qu’il voulait délivrer complètement de la domination des blancs. De plus, son engagement en faveur du panafricanisme n’est pas à négliger. En 1958, Partice Lumumba participe à la conférence panafricaine d’Accra au Ghana, où il a rencontré Nkrumah. Cette rencontre donne du tonus aux idées panafricanistes du congolais qui fraternise avec des pionniers du panafricanisme  comme Nasser, Nkrumah et Sékou Touré qui voulaient la liberté totale de l’Afrique.

On retient de la lutte politique et de la lutte pour l’indépendance de Patrice Lumumba, du charisme au Congo et sur tout le continent. L’homme a été de tous les combats pour l’indépendance de son pays pour avoir fait plusieurs fois la prison. Son idéologie de lutte a été basée sur la non-violence, le courage, la détermination et la justice sociale. Patrice Lumumba était contre toute présence des puissances occidentales qui pillent les richesses des pays africains et ce jusqu’à ce jour. Il déclarait : « Les puissances qui nous combattent ou qui combattent mon gouvernement, sous le prétexte fallacieux d’anticommunisme, cachent en réalité leurs véritables intentions. Ces puissances européennes ne veulent avoir de sympathies que pour des dirigeants africains qui sont à leur remorque et qui trompent leur peuple. Certaines de ces puissances ne conçoivent leur présence au Congo ou en Afrique que dans la mesure où ils savent exploiter au maximum leurs richesses par le truchement quelques dirigeants corrompus ».

Mais comme le blanc sait le faire comme toujours, Patrice Lumumba a été assassiné sur ordre du colonisateur le 17 janvier 1961 soit exactement 53 ans de cela. Mais il est resté à jamais dans l’histoire de l’Afrique parce que son combat a été noble.

Thomas Sankara

L’ancien Président Burkinabè est un anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste burkinabè. Dès son arrivée au pouvoir, il change de nom à son pays qui s’appelait à l’époque la Haute-Volta. Au pouvoir en 1984, Thomas Sankara conduit une politique d’affranchissement du peuple burkinabè. Son gouvernement entreprend des réformes majeures pour combattre la corruption et améliorer l’éducation, l’agriculture et le statut des femmes.

Thomas Sankara était en premier lieu un des chefs du Mouvement des non-alignés, les pays qui durant la Guerre froide ont refusé de prendre parti pour l’un ou l’autre des deux blocs. Thomas était contre le colonialisme et le néo-colonialisme des pays occidentaux et particulièrement de la France en Afrique. Il est l’un des meneurs de la dernière révolution de l’« Afrique progressiste », opposée à l’« Afrique modérée ». Il est considéré par certains comme le Che Guevara africain. Et comme la France n’aime pas avoir la honte, son assassinat sera commandité par un coup d’État qui amène au pouvoir Blaise Compaoré, le 15 octobre 1987.

Cheik Anta Diop

Cheikh Anta Diop est un historien, anthropologue et homme politique sénégalais. Il a mis l’accent sur l’apport de l’Afrique et en particulier de l’Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiales. Si une grande partie de ses thèses, en particulier au sujet de l’Égypte antique, sont considérées comme dépourvues de fondements solides, Cheikh Anta Diop a toutefois eu un indéniable rôle de visionnaire en ce qui concerne la place de l’Afrique dans l’histoire. Auteur de « Nations nègres et culture » considéré comme un texte majeur dans la renaissance du monde noir. A travers ses ouvrages, il réinvente, au coeur des luttes de l’après Seconde Guerre mondiale, l’antiquité négro-pharaonique à la suite du jamaïcain Edward Wilmot Blyden et de Marcus Garvey. Il est considéré comme le restaurateur de la conscience noir dans l’histoire mondiale.  Dans un contexte de marginalisation accélérée du continent, ses travaux, qui marquèrent le retour de la conscience historique de l’Afrique, appellent à la permanence du combat contre les racismes sous toutes leurs formes

Kwame N’krumah, le promoteur des Etats-Unis d’Afrique

Ce grand homme africain est un indépendantiste et panafricaniste ghanéen. Kwamé N’Krumah qui a mené une haute lutte avec le colonisateur anglais pour mener son pays à l’Indépendance. M. N’Krumah a dirigé le Ghana indépendant en tant que Premier ministre de 1957 à 1960, puis en tant que président de 1960 à 1966 avant sa destitution par un coup d’Etat.

L’ancien président ghanéen est l’un des pionniers du panafricanisme. Déjà en 1945, il participe à l’organisation du Congrès panafricain. Dans sa gestion du Ghana en tant que Premier ministre il avait adopté une politique d’« Africanisation de l’administration, de panafricanisme et d’anticommunisme », il décide de développer les infrastructures de son pays grâce aux excédents de l’Office de commercialisation du cacao. Le jour même de l’indépendance, le 6 mars 1957, il décide d’abandonner le nom colonial du pays au profit de l’actuel, en hommage à l’Empire du Ghana.

Au niveau du continent, il a revendiqué l’indépendance immédiate de l’Afrique et a prôné la formation d’une identité supranationale : les « États-Unis d’Afrique » qui permettrait au continent de devenir l’une des plus grandes forces du monde. En mars 1963, il participe activement à la rédaction de la charte de l’Organisation de l’unité africaine, même si son idée de créer un gouvernement central africain n’est pas retenue. Des années après sa mort, ses idées de panafricanisme sont encore évoquées et l’homme est toujours présent dans l’histoire africaine malgré les dérives autocratiques de son pouvoir qui ont conduit à sa chute ?

Mouammar Kadhafi, le Guide libyen

Mohammed Kadhafi est l’un des hommes qui ont marqué l’Afrique de par leur détermination pour la liberté de l’homme noir. Mais pendant longtemps, il a été présenté comme un dictateur parce qu’il ne donnait pas la parole à son peuple, qui vivait vraiment bien. Avec Mouammar Kadhafi, il était difficile pour les occidentaux de piller les richesses du peuple libyen. Pour se faire, la campagne occidentale contre son régime était telle que les africains avaient une mauvaise idée de l’homme qu’on a trouvé mauvais pour son peuple. On avait tout faux parce qu’en Libye, il n’y a pas eu pauvreté chronique comme ce qui se passe actuellement dans plusieurs pays au Sud du Sahara malgré l’absence de la démocratie dans le pays.

Sur le plan continental, le guide libyen a toujours milité pour le panafricanisme et le panarabisme. Mais malheureusement, après avoir fait du bien à certains leaders occidentaux, il sera confronté à une révolution armée de son peuple, manipulé par les occidentaux qui voulaient avoir main basse sur le pétrole libyen. Son pays sera bombardé et il sera assassiné, au nom d’une certaine liberté, sur ordre des occidentaux. Kadhafi comme tous les autres grands hommes qui ont marqué l’histoire était le promoteur de l’Unité africaine.

Joseph-Désiré Mobutu

Aux premières heures de son pouvoir Joseph-Désiré Mobutu a marqué l’histoire de l’Afrique en faisant de Lumumba le héros national, le premier martyr de l’indépendance économique et de nationaliser en son nom toutes les  puissantes entreprises minières belges en 1966. Egalement en 1971, « l’année des 3 Z », il renomme à la fois le pays, le fleuve et la monnaie sous le nom de Zaïre. Un de ses souhaits est que le pays retrouve sa culture profonde, c’est alors la Zaïrianisation, c’est-à-dire la décolonisation culturelle. Il a montré son côté nationaliste avec cette politique de retour à l’authenticité.

Mais déjà dès le 2 juin 1966, il commence par sombrer dans la dérive autocratique. Il fait arrêter 4 anciens ministres accusés à tort de complot ainsi que l’ancien Premier ministre Evarise Kimba. La population congolaise cessa de l’acclamer et tout le monde a eu peur. En 1969, il fait écraser une révolte estudiantine. Les cadavres des étudiants abattus sont jetés dans des fosses communes et 12 étudiants sont condamnés à mort. L’université est fermée pendant un an et ses 2000 étudiants enrôlés dans l’armée pour apprendre à obéir. Il instaure un régime autoritaire à parti unique, « le Mouvement populaire de la Révolution » et en devient le maréchal-président en 1982. Les méthodes du régime et le non-respect des droits de l’homme le déconsidèrent aux yeux des démocraties. Avec la chute du mur de Berlin, il sera acculé par son peuple dans les 1990 et sera contraint d’organiser la Conférence nation souveraine. Il sera affaibli jusqu’la fin de son règne par son opposition mais aussi le cancer de la prostate qui finira par avoir raison de lui, après son renversement par Laurent-Désiré Kabila.

Sur le continent beaucoup pensent que Joseph-Désiré Mobutu n’a pas été d’un atout positif pour l’Afrique avec sa terrible dictature. De plus, il s’est mis à la solde des occidentaux pour éliminer Lumumba et d’autre nationaliste congolais. Au pouvoir, il a été le pion des puissances occidentales contre les autres mouvements indépendantistes du continent notamment en Angola.

Gamal Abdel Nasser

Grand Nationaliste et Panafricaniste qui s’est toujours battu pour le mouvement des non alignés durant la guerre froide. C’est grâce à lui que l’Egypte pouvait prétendre à un semblant d’une totale indépendance. La neutralité de l’Égypte durant la Guerre froide causa des tensions avec les puissances occidentales qui refusèrent de financer la construction du barrage d’Assouan. Nasser répliqua en nationalisant la compagnie du canal de Suez en 1956. Il s’est illustré sur le continent africain avec sa participation au sommet de panafricanisme organisé par Kwame Nkrumah à Accra. Dans sa logique du panafricanisme, il va prendre la famille de Patrice Lumumba, le héros congolais et élever ses enfants.

Robert Mugabe

Le Président Robert Mugabe est un héros de l’indépendance de son pays le Zimbabwe. Avant lui, le Zimbabwé (à l’époque la Rhodésie, ndlr) vivait sous l’apartheid de Ian Smith. Après des années d’exil au Ghana, Robert Mugabe, il est inspiré par le panafricanisme du président Nkwame Nkrumah. Pour l’obtention de l’indépendance du Zimbabwe. Il a bouté les britanniques dehors par les armes. Robert Mugabe a chassé le dictateur de son pays car les accords de Lancaster qu’il avait négocié prévoyaient une réforme agraire et  Mugabe estimait que les Anglais devaient  financer cette réforme et les Anglais ne voyaient pas les choses ainsi. C’est par grâce aux personnalités comme Mugabe que la région de l’Afrique australe a connu le vent de la décolonisation. Même si depuis quelques années, son pouvoir commet des dérives autocratiques avec plusieurs cas de violations des droits de l’homme.  

Léopold Sédar Senghor

Il est un grand poète, écrivain, homme politique sénégalais et premier président de la République du Sénégal. Il approfondit le concept de négritude, notion introduite par Aimé Césaire et créa le Mouvement de la Négritude. Senghor est un fervent défenseur du fédéralisme pour les États africains nouvellement indépendants. Premier président de la République du Sénégal, il est l’auteur de l’hymne national sénégalais, le Lion rouge. Il a géré le Sénégal avec sa notion de démocratie acquise en France de par les postes ministériels occupés avant son retour au Sénégal. Il  a défendu un socialisme africain qui doit voir le jour après avoir réussi la décolonisation sans violence et de parvenir à une « décolonisation culturelle et économique » en contestant le système impérialiste qui pèse sur les pays producteurs. Il est le symbole de la coopération entre la France et ses anciennes colonies pour ses partisans ou du néo-colonialisme français en Afrique pour ses détracteurs. 



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