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Présidentielle en Algérie : Entre continuité et changement, une élection sous haute tension
L’Algérie se prépare à une nouvelle élection présidentielle marquée par une intense compétition politique et un contexte socio-économique délicat. Prévue pour la fin de l'année, cette élection intervient dans un climat de mécontentement populaire et de réformes politiques amorcées depuis le mouvement de protestation du Hirak en 2019.
Un contexte politique en évolution
Depuis la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika en 2019, sous la pression de manifestations massives, l'Algérie traverse une période de transition politique. Les manifestations du Hirak ont mis en lumière les aspirations du peuple algérien à une gouvernance plus transparente et plus démocratique. Cependant, la route vers la réforme a été semée d'embûches, avec des tensions persistantes entre le gouvernement et les mouvements d'opposition.
L'actuel président, Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre 2019, est candidat à sa réélection. Fort de son expérience comme ancien Premier ministre et ministre sous Bouteflika, Tebboune a promis de poursuivre les réformes pour moderniser le pays et répondre aux demandes des manifestants. Durant son mandat, il a engagé des réformes constitutionnelles et tenté de diversifier l'économie, bien que beaucoup de citoyens restent sceptiques quant à la profondeur de ces changements et à leur impact réel sur la vie quotidienne.
Les candidats et leurs visions pour l’Algérie
À côté de Tebboune, l'élection voit la participation de plusieurs figures politiques notables, dont Ali Benflis, ancien Premier ministre et leader du parti Talaie El Hourriyet (Avant-garde des libertés). Benflis, qui a déjà été candidat à la présidence à plusieurs reprises, se présente à nouveau avec un programme centré sur la réconciliation nationale et la réforme institutionnelle. Il prône une révision profonde des institutions pour assurer une séparation plus nette des pouvoirs et renforcer l'indépendance judiciaire, espérant ainsi rétablir la confiance du public envers le gouvernement.
Un autre candidat important est Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), un parti islamiste modéré. Makri propose un programme axé sur la justice sociale et la promotion de l'économie locale, appelant à une réforme économique qui mise sur les petites et moyennes entreprises pour créer de l'emploi et réduire le chômage, notamment chez les jeunes. Il milite aussi pour une politique étrangère plus indépendante et proactive, tout en restant ouvert à des alliances stratégiques avec les grandes puissances mondiales.
Défis économiques et sociaux
L’économie algérienne, fortement dépendante des exportations de pétrole et de gaz, fait face à des défis majeurs, notamment la volatilité des prix des hydrocarbures et une pression croissante pour diversifier les sources de revenus. Le chômage, en particulier parmi les jeunes, reste élevé, et la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités économiques et sociales.
Les candidats à l’élection présidentielle, chacun avec son approche distincte, promettent des réformes économiques pour stimuler la croissance et attirer les investissements étrangers. Tebboune, par exemple, met l’accent sur la continuation des efforts pour réduire la dépendance aux hydrocarbures en favorisant les investissements dans d'autres secteurs. Benflis et Makri, quant à eux, insistent sur la nécessité d’une transformation structurelle de l’économie pour la rendre plus résiliente et inclusive.
Participation électorale et attentes populaires
Un enjeu majeur de cette élection est le taux de participation. Lors des dernières élections, le taux de participation a été historiquement bas, reflétant un manque de confiance dans le processus électoral et une désillusion généralisée envers les institutions politiques. Les appels au boycott lancés par certains segments de la société civile et de l'opposition pourraient influencer la participation cette fois-ci encore.
Malgré le scepticisme ambiant, de nombreux Algériens espèrent que cette élection pourra marquer un tournant vers une gouvernance plus inclusive et plus responsable. Les débats et les discours de campagne montrent un désir de changement et une volonté de voir l'Algérie prendre un nouveau départ, loin des pratiques du passé.
L’élection présidentielle en Algérie est plus qu’un simple événement politique; elle représente une opportunité cruciale pour le pays de redéfinir son avenir. Alors que le monde observe attentivement, l'issue de ce scrutin pourrait déterminer la direction que prendra l'Algérie dans les années à venir. Pour de nombreux citoyens, c'est un moment de vérité qui testera la résilience et la maturité de la démocratie algérienne naissante, et les choix offerts par des candidats comme Tebboune, Benflis et Makri pourraient être déterminants pour l'avenir du pays.
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