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RDC : Le Cardinal Fridolin Ambongo s’exprime sur la situation critique en RDC et appelle au dialogue

Dans un entretien exclusif accordé à France 24, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a livré un diagnostic sans concession de la situation de la République démocratique du Congo (RDC). Se montrant préoccupé par l'état de son pays, le cardinal est revenu sur ses propos polémiques dans lesquels il qualifiait la RDC de "grand malade dans un état comateux". Une déclaration qui lui avait valu des accusations de "propos séditieux" et des démêlés judiciaires.

Un dossier judiciaire incertain

Le cardinal Ambongo avait été accusé de « propos séditieux », une affaire qui avait suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Cependant, il a affirmé lors de l’interview n’avoir jamais reçu la convocation judiciaire évoquée en ligne. « Je ne sais pas si la justice a mis fin à cette fameuse procédure », a-t-il déclaré, en ajoutant : « Je sais qu'il n'y a pas eu de contenu concret pour un dossier de cette nature. »

Soucieux de clarifier cette polémique, il a souligné qu’il s'agissait d’un « malentendu » désormais résolu. Lors de sa rencontre avec le président Félix Tshisekedi le 16 mai dernier, l’archevêque de Kinshasa a pu discuter de ces déclarations avec le chef de l'État. « Les choses sont aujourd'hui claires », a-t-il affirmé, insistant sur l'importance du dialogue pour désamorcer les tensions.

Une convergence de vues avec le chef de l'État

Le cardinal a également tenu à souligner que ses analyses sur la situation du pays rejoignent en de nombreux points celles du président Félix Tshisekedi. « Sur beaucoup de plans concernant la situation en RDC, nos analyses et celles du chef de l'État se rejoignent », a-t-il déclaré. Il rappelle que le président lui-même avait exprimé des préoccupations face aux nombreux dysfonctionnements du pays. Cette convergence de vues renforce l'idée que les autorités religieuses et politiques partagent le même diagnostic sur les défis auxquels fait face la RDC.

La crise dans l'est du pays : un appel au dialogue

Le cardinal Ambongo a également évoqué la situation critique dans l'est de la RDC, région marquée par une insécurité persistante et des violences armées. Il a souligné la nécessité d’un dialogue inclusif pour mettre fin aux souffrances des populations locales. "Dans l'est de la République démocratique du Congo, il faut un véritable dialogue", a-t-il déclaré, rappelant que la paix ne pouvait être imposée par la force mais devait être le fruit d’une compréhension mutuelle et d’un engagement commun.

Face à cette situation instable, le cardinal s'est opposé à un départ précipité de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) des provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. "Précipiter le départ de la Monusco serait une erreur", a-t-il averti, ajoutant que cette force onusienne reste un élément stabilisateur dans une région encore plongée dans le chaos. Il appelle ainsi à "reconsidérer le calendrier de retrait" de la mission de l'ONU, jugeant que les conditions sur le terrain ne sont pas réunies pour un retrait immédiat.

Un rôle de médiateur pour l'Église

Face à l’insécurité persistante à l’est du pays, le cardinal Ambongo a renouvelé son appel à instaurer un climat de paix, en insistant sur le rôle de l'Église, qui œuvre pour la préparation de la paix et non celle de la guerre. « Nous ne travaillons pas pour envoyer les gens faire la guerre, mais pour l’émergence d’un climat de paix pour tous les peuples de la région des Grands Lacs, et avant tout pour le peuple congolais qui souffre », a-t-il martelé.

Le prélat a souligné la nécessité d’un processus de paix durable : « Nous disons que le retour à la paix se prépare. Il ne faut pas préparer la guerre, mais la paix. » Cet appel est d’autant plus crucial que la situation sécuritaire reste préoccupante dans l'est du pays, notamment au Nord-Kivu et en Ituri.

Cet entretien illustre le rôle majeur que l'Église catholique souhaite jouer dans la recherche d’une solution à la crise qui secoue la RDC. En sa qualité de chef spirituel et de figure respectée, le cardinal Ambongo se positionne comme un médiateur capable de rassembler les différents acteurs pour œuvrer à une paix durable. Il en appelle à la responsabilité de tous, notamment du gouvernement, des acteurs locaux et de la communauté internationale, afin de redonner espoir à un pays confronté à d’énormes défis.

La voix de la sagesse dans un pays en quête de stabilité

Les propos du cardinal Fridolin Ambongo reflètent l'urgence d'une mobilisation collective pour sortir la RDC de l'impasse. Son appel au dialogue et à la prudence concernant le retrait des forces onusiennes résonne comme un cri de ralliement en faveur d'une approche concertée pour la paix. Si ses déclarations ont parfois suscité la controverse, elles n'en demeurent pas moins celles d’un homme profondément engagé pour le bien-être de son pays.

La RDC, marquée par des décennies de conflits et de crises, a plus que jamais besoin de figures de proue prêtes à porter la voix du peuple et à défendre l'instauration d'une paix durable. À travers cette interview, le cardinal Ambongo s’affirme non seulement comme un guide spirituel, mais aussi comme un acteur clé dans la recherche de solutions pour la stabilisation de son pays.

Oeil d'Afrique

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