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RDC : scandale autour de la Redevance Logistique Terrestre – un détournement des fonds publics à grande échelle
Un nouvel épisode de corruption vient ébranler la République Démocratique du Congo (RDC), cette fois au cœur de la Redevance Logistique Terrestre (RLT). Initialement créée pour financer l'amélioration des infrastructures logistiques du pays, cette taxe semble être devenue une source de malversations financières. Les fonds considérables générés par cette redevance, au lieu d'être investis dans les projets de développement, seraient détournés au profit d’intérêts personnels.
Sous la supervision du ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba, un comité interministériel composé de 11 membres est chargé de veiller à la gestion des recettes issues de la RLT. Cependant, une enquête a révélé que ce comité, censé être restreint, compte en réalité 22 membres. Parmi eux, plusieurs ministres, hauts fonctionnaires et membres de cabinets ministériels bénéficient de généreux jetons de présence, parfois atteignant des montants faramineux.
Martin Lukusa, directeur général de l’Onatra SA, aurait perçu jusqu’à 10 000 $US mensuels pour sa simple participation aux réunions du comité. Un chiffre qui soulève de graves questions sur l’usage des fonds publics. D'autres responsables, tels que les représentants des ministères des Finances et du Budget, bénéficieraient également de ces paiements disproportionnés. Pourtant, aucune disposition légale ne justifie ces rémunérations, rendant la situation d'autant plus scandaleuse.
Selon la Ligue congolaise contre la corruption (Licoco), les recettes générées par la RLT entre 2013 et 2023 s’élèvent à près de 300 millions de dollars. Malgré ces ressources colossales, le pays peine toujours à moderniser ses infrastructures logistiques. Pire encore, les fonds collectés semblent principalement enrichir une poignée d’individus, tandis que les infrastructures demeurent dans un état déplorable.
Un geste récent de Martin Lukusa, qui a renoncé à ses jetons de présence après les avoir touchés pendant des années, suscite également des interrogations. Est-ce une manœuvre pour échapper à l’examen de l’Inspection Générale des Finances (IGF) ou simplement une décision stratégique visant à calmer l’opinion publique ? L’opacité qui entoure cette affaire ne fait qu’accentuer le sentiment d'impunité qui règne parmi les hauts fonctionnaires de l’État.
Malgré les révélations accablantes, le comité en charge de la RLT, incluant des personnalités influentes telles que les ministres des Transports, de l’Économie, des Finances, ou encore le président du Conseil d’administration de la Société Nationale des Chemins de fer du Congo (SNCC), continue de distribuer ces jetons de présence sans que cela ne profite concrètement aux infrastructures du pays.
Ce scandale met en lumière une fois de plus les dérives dans la gestion des finances publiques en RDC. Dans un contexte où la population congolaise fait face à des difficultés socio-économiques majeures, ces détournements de fonds témoignent du manque criant de transparence et de responsabilité des dirigeants. L’Inspection Générale des Finances (IGF), dont le rôle est de veiller à la bonne gestion des fonds publics, est également pointée du doigt pour son inaction.
Face à cette situation, la nécessité d’une réforme structurelle des finances publiques en RDC se fait de plus en plus urgente. La confiance des citoyens dans les institutions est en jeu, et seule une action déterminée, avec des sanctions exemplaires, pourrait espérer rétablir la crédibilité des autorités et endiguer la corruption endémique qui gangrène le pays.
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