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Sénégal: les autorités interdisent une marche contre le report de la présidentielle
La marche prévue ce mardi dans l’après-midi n’aura plus lieu. Le préfet de Dakar l’a interdit au motif que l’itinéraire choisi risque de perturber gravement le trafic urbain. L’Internet mobile a aussi été suspendu. Le Sénégal est en proie à de violentes manifestations depuis le report de l’élection présidentielle.
Les autorités sénégalaises ont interdit in extremis la grande marche prévue par la société civile, mardi 13 février à Dakar, contre le report, le 4 février par le chef de l’Etat, Macky Sall de l’élection présidentielle du 25 février et la prolongation de son mandat.
“L’occupation de l'itinéraire choisi aux horaires retenus ( 15H-19H) risque de perturber gravement la circulation des personnes et de leurs biens au regard des problèmes de mobilité notés actuellement”, a motivé l’autorité préfectorale, Mohamadou Blondin Ndiaye dans sa réponse aux organisateurs regroupés autour du collectif Aar Sunu Elections (protégeons nos élections), qui revendique une dizaine d’organisations de la société civile.
Internet mobile encore suspendu
Dans un communiqué, le ministre de la Communication a suspendu, le même jour, Internet sur les mobiles. L’autorité justifie la mesure par la “diffusion sur les réseaux sociaux de plusieurs messages haineux et subversifs” ayant provoqué “des manifestations violentes avec des décès et des dégâts matériels importants”. Depuis mars 2021, l’Internet mobile reste souvent restreint du fait des violences politico-judiciaires qui secouent le pays.
Ce qui a poussé, d’ailleurs, Media Defence et le Rule of Law Impact Lab de la Stanford Law School, deux organisations ainsi que deux journalistes sénégalais à déposé un recours devant la Cour de justice de la CEDEAO pour contester la coupure d’Internet par les autorités sénégalaises en juin, juillet et août 2023.
L’ONU “profondément” préoccupée
Depuis le report de l’élection, trois personnes ont perdu la vie au cours des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants. Des journalistes qui couvraient les manifestations, la semaine dernière, ont été brutalisés par la Police avant de voir leur matériel détruit. Ce mardi, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme s’est dit “profondément préoccupé par la situation tendue” au Sénégal.
L’ONU déplore un “recours inutile et disproportionné” à la force contre les manifestants et regrette les restrictions de l'espace civique.
“Nous demandons aux autorités de veiller à respecter la longue tradition de démocratie et de respect des droits humains du Sénégal”, a indiqué dans un communiqué, Liz Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.
Les anciens présidents, Diouf et Wade appellent à l’apaisement
La crise politique sénégalaise préoccupe également les anciens présidents de la République du Sénégal, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Lundi, ils ont signé une déclaration commune pour regretter les morts enregistrés ces derniers jours lors des manifestations contre le report de la présidentielle du 25 février 2024. Même s’ils ont rappelé leur ancienne adversité, Diouf et Wade n’ont pas manqué, à travers leur déclaration commune, de bénir le report de la présidentielle tout en encourageant le dialogue national convoqué par le Président Macky Sall afin de “mettre un terme à nos différends et aux crises politiques”.
Disant s'être “longuement” entretenus avec Macky Sall, pour parler de la crise, les deux anciens présidents appellent la jeunesse à “cesser les violences”. Ils disent comprendre leur désarroi et leurs frustrations.
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