En réponse à l’Amérique, Idriss Deby, le Tchadien, ferme l’ambassade américaine à Ndjamena
Quelle que soit la motivation derrière la décision de fermeture de l’ambassade américaine à Ndjamena au Tchad en ce jour, ou encore la nature du conflit qui opposerait le Tchad aux USA, je trouve, en ce qui me concerne et en tant qu’« Africain », que la décision de fermeture de l’ambassade américaine à Ndjamena, prise majestueusement par le Tchad, est à la fois porteur et plein de sens surtout quand on compare à ce à quoi on est généralement habitué dans pareilles circonstances. Déjà, c’est rarissime de voir un pays dit pauvre, et d’Afrique « noire » en plus, se permettre ce genre de luxe de toiser une puissance qui, pour beaucoup de Congolais, serait herculéenne, imbattable, et à laquelle les « dominés » consentants ne saurait autrement répondre que par la soumission, l’obéissance et le déni de soi , le rejet de l’idée que l’on pourrait se faire et avoir de soi-même, si besoin identitaire il y a. Des peuples habitant la terre et dignes, qui auraient de surcroit un mot à dire sur la marche de l’humanité. Le geste actuel du Tchad, et je m’en fous que l’on puisse ou pas aimer Idriss Deby, alors que je mets l’accent sur le geste, ne s’inscrit pas dans la tradition de lutte africaine.
Face aux USA, la majorité des Congolais auraient incontestablement affirmé que l’on ne saurait affronter les USA au motif qu’ils seraient en possession d’une bombe atomique, - et alors ? -, qu’ils contrôleraient la Banque Mondiale et le Fond Monétaire international. Et d’autres auraient sans doute affiché leur connaissance « géopolitique » pour affirmer que la balance se penche en défaveur du Tchad qui aurait tout à perdre. Mais Idriss Deby, le Tchadien, l’Africain, a carrément fermé l’ambassade américaine. Son acte de fermeture est aux antipodes de l’Afrique du discours de Trump devant Museveni, Zuma, Alpha Condé à New York, l’Afrique selon Trump du sida, d’Ebola, de misère et où les amis de Trump viennent pour fomenter des guerres et s’enrichir. Idris Déby invite l’ambassadeur américain à Ndjamena et lui signifie la fermeture de son ambassade. Et on n’entendra jamais parler de cette Afrique. C’est pourquoi nous devons en parler nous-mêmes.
J’aurais aimé voir et contempler la tête que le tout puissant ambassadeur américain au Tchad a affiché devant un nègre qui lui signifiait son ras-le-bol. En conséquence, il posait un acte qui paraissait impossible aux yeux du monde civilisé : fermer l’ambassade américaine en Afrique et au Tchad. Les Américains ont toujours décidé à la place de tout le monde. Ils ont toujours donné des leçons à tout le monde. N’est-ce pas qu’ils ont intimé l’ordre à Mobutu, le pauvre qui a cru bien faire en les servant loyalement en plus, de quitter la perche avant de voir son corps être trainé dans les rues de Kinshasa par le Rwanda de Paul Kagame à qui les élites anglo-saxonnes confièrent en toute impunité la gestion et du Congo-Kinshasa et de l’homme congolais. Dans ce monde, dit terre des hommes, aucun peuple ne mérite de subir une quelconque humiliation, et ce d’où qu’elle provienne.
Fermer une ambassade, - et en plus de quel pays - et quand il s’agit d’un acte posé un nègre, le geste doit être mentionné, salué sauf si cette fermeture ne se réduisait qu’à un acte isolé comme furent la lutte de Sankara, de Gbagbo, de Lumumba, de Moumié, de U Nyobe, de Cabral. Seulement, je me demande que faire et comment éviter le fait que le geste de fermeture de l’ambassade des USA au Tchad n’apparaisse pas comme un acte isolé ? En fait, qu’est-ce qu’Idriss Deby chercherait à atteindre, si seulement il serait en train de chercher à atteindre quelque chose, une finalité quelconque ? Et ce de quelle nature ? Que veut Idriss Déby, si seulement il pouvait vouloir quelque chose, c’est-à-dire qu’il avait un dessein derrière son acte ? Il est à la tête du Tchad. Que peut-il faire et avec qui pour arracher l’adhésion des élites africaines ? Car, si l’Afrique se laissait faire et se taisait, et je crains qu’il en soit ainsi, la domination chinoise en perspective sur le continent risque d’être pire comparativement à celles de l’Arabe et de l’Européen qui ont eu à la précéder. Les Chinois ont vu les Africains ne rien faire face aux uns et aux autres. Ils se pourraient, à leur tour, se dire que l’homme africain ne vaut ou ne peut rien. Tout leur pouvait être permis sur le continent. Il y a des moments où la réalité frappe à la porte. Elle invite au dépassement et appelle ceux qui le peuvent d’oser l’impossible. Qui seraient-ils parmi nous, de la race des hommes ?
Il est plus de 19 heures passées à Ndjamena. La température au courant de la journée a tourné autour de 38 degré Celsius. Depuis 16 heures, elle a avoisiné 40 °. Il fait chaud, tellement chaud comme la chaleur qui fait actuellement battre le cœur en émergeant sur le continent un homme noir qui peut se montrer capable d’exprimer son « non ».
Mufoncol Tshiyoyo,
MT & Associates Consulting Group
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