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Afrique du Sud : Cyril Ramaphosa reste à la tête de l’ANC et donc du pays
Le parti de Nelson Mandela a décidé ce lundi d’accorder sa confiance une seconde fois au président en poste, empêtré dans un scandale de corruption depuis plusieurs mois.
La fin du tumulte ? Le président Cyril Ramaphosa a été finalement reconduit ce lundi à la tête du parti historique de l’Afrique du Sud, le Congrès national africain (ANC) fondé par Nelson Mandela. Après des semaines de remous politiques, ce vote permet à Ramaphosa de continuer à diriger l’ANC et donc le gouvernement.
Il a remporté une large victoire lors du congrès du parti réuni à Johannesburg : 2 476 voix contre 1 897 pour son unique concurrent et ex-ministre de la Santé, Zweli Mkhize. Ce vote ouvre la voie à un second mandat de Ramaphosa, si l’ANC, de plus en plus contesté sur fond de chômage et de crise énergétique, sort vainqueur des élections générales de 2024.
Sa victoire n’était pourtant plus aussi certaine qu’il y a quelques jours, Zweli Mkhize ayant brièvement menacé de talonner le président. Une source proche du ministre de la Santé a fait état d’accords passés de longue date pour rallier des voix dans des provinces stratégiques et tenter de «déjouer la culture d’intimidation» au sein du parti. Cette stratégie n’a pas permis de renverser Ramaphosa.
Affrontements, divisions et corruption
Cyril Ramaphosa partait pourtant favori, largement en tête lors de la désignation des candidats en lice le mois dernier et adoubé par l’ANC qui l’a sauvé d’une procédure de destitution la semaine dernière au Parlement. Les déchirements du parti historique ont marqué le congrès. Vendredi soir, le président sortant a été bruyamment interrompu par des dizaines de délégués, chantant et tapant sur les tables, mimant une moulinette avec leurs mains pour appeler au changement. En face, ses partisans avaient un index et majeur levés, pour réclamer un second mandat pour celui que Nelson Mandela avait désigné comme le plus doué de sa génération.
Cyril Ramaphosa a succédé en 2018 au sulfureux Jacob Zumba, qui venait d’être destitué. Son élection avait été vécue comme une bouffée d’air frais. Surnommé par certains «M. Propre», engagé dans la lutte anti-corruption, Cyril Ramaphosa s’est finalement retrouvé mêlé à des histoires à l’opposé de son image.
Un nouveau vice-président
Sauvé d’une procédure de destitution au Parlement la semaine dernière, le président a été fortement déstabilisé par le rapport d’une commission parlementaire assurant qu’il pourrait avoir enfreint la loi dans le cadre d’un cambriolage dans l’une de ses propriétés, baptisée Phala Phala, en 2020, où une importante somme en dollars avait été retrouvée cachée dans un canapé. Une affaire folle qui a éclaté en juin dernier, que Ramaphosa a essayé d’étouffer et dont il essaie de se dépêtrer depuis.
Après l’éclatement de ce scandale, une question s’était alors posée : pouvait-il rester à la tête du pays ? Faute de successeur crédible, l’ANC a imposé à ses élus un plein soutien, en dépit de nombreux tiraillements. Pourtant, le parti est miné par des rivalités internes et perd de plus en plus de terrain dans les urnes depuis dix ans sur fond de pauvreté, d’inégalités vertigineuses, de criminalité et de coupures de courant incessantes, qui perturbent l’économie.
Pour l’instant, Cyril Ramaphosa n’est inculpé de rien. S’il était finalement rattrapé par le scandale, la Constitution sud-africaine prévoit que ce soit son vice-président qui lui succède. L’ANC a élu dimanche à ce poste, qui sert traditionnellement de rampe de lancement pour de futurs présidents, Paul Mashatile, 61 ans, originaire du township le plus pauvre de Johannesburg, qui était jusqu’ici trésorier du parti.
AFP
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