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Burkina Faso

Burkina: le président Kaboré investi par son parti candidat à sa succession

Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a été investi samedi par son parti candidat à l'élection présidentielle de novembre, pour briguer un deuxième mandat, alors que le pays a sombré dans les violences jihadistes en cinq ans. "Le congrès extraordinaire du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) investit solennellement le camarade Roch Marc Christian Kaboré comme son candidat à l'élection présidentielle", a déclaré le ministre de l'Energie Béchir Ismaël Ouedraogo, sous les acclamations des 5.000 militants rassemblés depuis le matin au palais des sports de Ouaga 2000, à Ouagadougou. "C'est avec un sentiment de grande responsabilité que j'accueille cette décision de notre congrès", a réagi le président Kaboré dans un message lu par son envoyé spécial, affirmant sa volonté de "bâtir un Burkina de solidarité et de développement", malgré le "contexte marqué par de nombreuses épreuves", dans lequel s'achève "mon quinquennat". Selon le texte de synthèse du congrès d'investiture, lu après plusieurs heures de travaux à huis clos, les délégués du MPP ont salué les "résultats probants" et "les progrès au plans social, politique et économique" sous le quinquennat de M. Kaboré. Pour Stanislas Sankara, président des partis de l'alliance de la majorité présidentielle (regroupement d’une quarantaine de partis), "le président Kaboré a posé les bases d'un véritable développement de notre pays", et "ces acquis ont besoin d'être consolidés", malgré "les aléas et les contingences sécuritaires". En dépit d'un bilan miné par une situation sécuritaire dramatique du fait des attaques incessantes de groupes jihadistes, Roch Kaboré, élu en 2015 et qui était l'unique candidat à l'investiture de son parti, va donc viser à 63 ans un nouveau mandat de cinq ans. - Opinion publique défavorable - Autrefois havre de paix prisé par les touristes et les ONG, le "pays des hommes intègres" est devenu en cinq ans une zone rouge où les attaques jihadistes sont quasi quotidiennes, des pans entiers du pays étant inaccessibles. Ces attaques jihadistes, parfois entremêlées à des conflits intercommunautaires, ont fait au moins 1.100 morts depuis 2015, et contraint près d’un million de personnes à fuir leurs foyers. L'armée et les forces de l'ordre burkinabè se montrent incapables d'enrayer cette spirale de violences, malgré un soutien militaire international (notamment l'opération française antijihadiste au Sahel, Barkhane), et sont mêmes accusées de multiplier les exactions contre les civils. Selon un sondage en juin du Centre pour la gouvernance démocratique, une des rares enquêtes d'opinion au Burkina, "63% de la population" n'est "pas satisfaite des actions du président" depuis son accession au pouvoir, même si son parti fait valoir les réalisations en matières d'infrastructures routières, de santé et d'accès à l'eau potable. "S'il y a des insuffisances, ce n'est pas nécessairement imputable au chef de l'Etat, ce sont des situations sanitaires et sécuritaires qui ne dépendent pas de lui", a soutenu à la fin du congrès un militant MPP, Souleymane Zongo, agent de la fonction publique, faisant référence à la crise du coronavirus et aux attaques jihadistes. Pour de nombreux observateurs, comme l’expert en sécurité Mahamoudou Savadogo, l'exécutif n'a pas été à la hauteur du défi sécuritaire. Ancien baron du régime de Blaise Compaoré (chassé après 27 ans de pouvoir par une insurrection populaire en 2014) , Roch Kaboré part cependant favori pour la présidentielle, selon l'analyste politique Drissa Traoré, "face à une opposition qui peine à s’unir". Il devrait être opposé à de nombreux autres anciens du régime Compaoré : l'ex-Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo, Gilbert Noël Ouédraogo, dirigeant d'un parti allié à Compaoré, ou encore Eddie Komboïgo, le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), l’ex-parti de Compaoré. Parmi les autres grands postulants figurent le chef de file de l'opposition Zéphirin Diabré, deuxième de la présidentielle de 2015, Tahirou Barry, un ministre démissionnaire du premier gouvernement de Kaboré, ou encore le juriste Abdoulaye Soma. Avec AFP


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