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Côte d’Ivoire: Ouattara se pose en héritier d’Houphouet avant la présidentielle de 2020

Se positionnant en "unique" héritier du président ivoirien défunt Félix Houphouet-Boigny, le président Alassane Ouattara a rassemblé samedi des dizaines de milliers de partisans à Yamoussoukro où il a une nouvelle fois entretenu le mystère sur sa candidature à un troisième mandat pour la présidentielle de 2020. Officiellement le rassemblement à Yamoussoukro était une "cérémonie d'hommage" au président défunt Houphouet-Boigny, le jour de l'anniversaire de sa mort. Mais pour le parti de Ouattara, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), il a également été l'occasion de montrer qu'il pouvait lui aussi mobiliser de nombreux militants plus d'un mois après le "giga-meeting" organisé (et baptisé ainsi) en octobre par le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), dirigé par l'ex-président Henri Konan Bédié. "Le PDCI nous a provoqué. On répond", confiait sur le ton de la plaisanterie un haut responsable du RHDP. Des dizaines de bus pour transporter les militants, casquettes, pancartes, grands écrans, stars du show business... Le RHDP a vu grand pour ce meeting "jamais vu", selon l'expression du président Ouattara. Le PDCI assure avoir rassemblé 300.000 personnes en octobre alors que le président du Sénat Jeannot Ahoussou a lui aussi évoqué le chiffre de 300.000 personnes pour le meeting du RHDP ce samedi. Photos, films, rappel de la carrière de ADO (Alassane Dramane Ouattara) qui a notamment été "l'unique Premier ministre" de Houphouet... Le rassemblement semblait avoir surtout pour objet de présenter Ouattara comme l'unique héritier de Houphouet, le président idéalisé de la Côte d'ivoire de 1960 à 1993, originaire de Yamoussoukro et d'ethnie Baoulé. Natif de la région, Konan Bédié est aujourd’hui considéré comme le chef des Baoulés (20-25% de la population) . "On est en pleine campagne électorale de 2020. Ouattara se désigne comme l'héritier légitime de Houphouet pour tenter d'attirer à lui l'électorat baoulé pour qui Houphouet est le modèle", souligne un observateur avisé. Les dizaines de milliers de spectateurs venus samedi à Yamoussoukro étaient eux aussi en campagne électorale. "Troisième, troisième, troisième", ont-ils scandé faisant allusion à un troisième mandat. Le président leur a répondu en riant: "Si vous me demandez de faire un troisième, alors, alors, alors...". Promettant une élection dans "la sécurité et la paix", il a promis qu'"il n'y aura aucune exclusion de candidat (lors de la présidentielle)... ADO n'est pas exclu", déclenchant des acclamations dans la foule. - "on suivra "- "On en reparlera", a-t-il ajouté, toujours souriant. Le sujet est devenu récurrent ces dernières semaines. Samedi dernier, Ouattara, 77 ans a annoncé qu'il serait candidat si ses rivaux historiques, les ex-présidents Laurent Gbagbo, 74 ans et Henri Konan Bédié, 85 ans, se présentent au scrutin. Les trois hommes, principaux protagonistes de la décennie de crise et des violences post électorales de 2010-2011, laissent tous les trois la porte ouverte... Ils ont jusqu’à juillet 2020 pour se décider. A Yamoussoukro, les militants savent ce qu'ils veulent. Vêtu d'un T-shirt sur lequel est écrit "Ouattara, notre boussole", Seydou Bakayoko, étudiant venu d'Abidjan, "veut qu'il se représente. On le veut comme président à vie même. Et s'il ne veut pas, il désigne qui il veut et nous on le soutiendra". "On veut qu'il rempile. Il a fait du bon boulôt mais c'est lui qui décide. S'il nous montre quelqu'un d'autre, on suivra", affirmé Issa Konaté, homme d'affaires venu de Man (centre-ouest). Le président a été accueilli comme une rock star. Arrivé sur un véhicule découvert lui permettant de saluer ses supporteurs, il est ensuite passé dans un couloir au milieu de la foule qui criait "Ado, Ado!" ou "Prési! Prési". Un des premiers artistes à venir sur scène est le reggae man Ismael Isaac dont la foule a repris en choeur un de ses tubes dans lequel il chante que "la vie est merveilleuse dans une cour (intérieure avec plusieurs maisons) quand le chef de famille est bon", raconte le député de Yopougon Zié Daouda Coulibaly. "C'est comme la Côte d'Ivoire, dit-il, Ouattara est un bon chef de cour". Avec AFP


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