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Guinée : une répression violente sous couvert de coronavirus ?

Harcèlement, intimidations, arrestations arbitraires... L'ONG Human Rights Watch accuse le gouvernement guinéen de profiter de la pandémie de Covid-19 pour réprimer les opposants à la réforme constitutionnelle.

Le gouvernement guinéen s'est défendu contre les accusations d'usage abusif de la force sous couvert de Covid-19. Il a aussi accusé l'ONG Human Rights Watch de parti pris systématique pour l'opposition, pourtant responsable des violences selon lui.

Le nombre de cas de contaminations officiellement déclarés a passé les 2.000, s'établissant à 2.009 pour 11 décès, selon un nouveau bilan. L'augmentation rapide des chiffres suscite l'inquiétude dans un pays d'environ 12 millions d'habitants durement éprouvé par Ebola entre fin 2013 et 2016.

Human Rights Watch a accusé les forces de sécurité d'avoir poursuivi les actes de harcèlement et d'intimidation et les arrestations arbitraires de membres de l'opposition après l'apparition du Covid-19 en mars. Disant s'être entretenue avec une trentaine d'interlocuteurs, l'ONG a exprimé dans un communiqué publié le 29 avril l'inquiétude que "le gouvernement instrumentalise la crise sanitaire comme excuse pour réprimer la dissidence et bafouer les droits humains".

Cette période a vu les autorités maintenir des législatives et un référendum constitutionnel controversés qui ont été émaillés de violences le 22 mars.

Dans une première réaction publiée vendredi 8 mai, le ministère de la Sécurité récuse les mots de répression "violente" contre l'opposition et parle "d'opérations de maintien de l'ordre". Il réfute aussi "catégoriquement" que les arrestations de membres de l'opposition aient été arbitraires.

Certes il y a eu des morts le 22 mars, mais toutes les violences de ce jour-là "résultent des actions du FNDC pour empêcher des citoyens guinéens d'aller voter", dit le ministère.

Le Front national pour la défense de la Constitution est le collectif qui mène depuis des mois la contestation contre une réforme de la Constitution et contre le projet prêté au président Alpha Condé de briguer, à 82 ans, un troisième mandat fin 2020. Des dizaines de civils ont été tués dans la protestation.

Le ministère n'exclut pas "d'éventuels dérapages" de membres des forces de sécurité. Mais il accuse Human Rights Watch de passer sous silence les exactions qu'il impute à l'opposition ainsi que les efforts des autorités pour améliorer le comportement des policiers et des gendarmes. Il taxe les ONG des droits humains d'avoir "tendance à systématiquement dénoncer seulement le gouvernement".

L'impunité des forces de sécurité guinéennes est un grief constant des différentes ONG de défense des droits humains.

Avec AFP



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