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KENYA : Des militants s’insurgent contre l’intégration des cours d’éducation sexuelle dans les nouveaux programmes scolaires

Le gouvernement est sous le feu des critiques après l’annonce d’une proposition visant à intégrer des cours d’éducation sexuelle dans les programmes scolaires.

Le projet du gouvernement kenyan qui vise à étendre les cours d’éducation sexuelle à l’école primaire est critiqué car il encouragerait la promiscuité chez les jeunes.

Le Ministère de l’Education veut apporter des réponses et des informations sur la sexualité, que l’on peut déjà trouver dans les programmes d’éducation civique, afin que l’éducation sexuelle soit dispensée comme une matière autonome dans les nouveaux programmes.

Mais le groupe de campagne CitizenGO a adressé une pétition au ministère contre la mise en œuvre de ce projet que le groupe décrit comme un « projet dangereux ».

« Il s’agit d’enseigner aux enfants dès leur plus jeune âge qu’ils sont sexués, qu’ils peuvent expérimenter l’homosexualité et que l’avortement est un droit » a déclaré Ann Kioko, responsable de campagne pour CitizenGO.

Cependant, Kioko a ajouté que le groupe ne s’oppose pas à l’éducation sexuelle qui permet d’informer les enfants sur les changements que leurs corps subit en vieillissant.

David Oginde, évêque qui préside le CITAM (Christ is the Answer Ministries), l'une des églises pentecôtistes les plus grandes et les plus influentes du Kenya, a écrit « Beaucoup de parents soutiennent l’éducation sexuelle. Nous nous inquiétons plutôt du CSE (éducation sexuelle complète) qui est très explicite. En mettant l’accent sur les plaisirs sexuels auprès des enfants, le CSE favorise la promiscuité et les comportements à hauts risques comme sains et normaux. »

Mais Kennedy Buhere, un porte-parole du Ministère de l’Education, a déclaré que les cours d’éducation sexuelle étaient déjà intégrés dans le programme scolaire actuel de l’école primaire.

« Ce n’est pas une matière à part entière, et les professeurs ne donnent pas toutes les informations aux enfants, elles sont examinées pour s’adapter à l’âge des élèves.»

Il a ajouté que le contenu des cours du nouveau programme prenait en considération les valeurs religieuses et culturelles du pays ainsi que l’âge des enfants ciblés.

D’après un sondage sur la démographie et la santé au Kenya réalisé en 2014, 18% des adolescentes étaient déjà mères ou enceintes.

Selon le Fond des Nations Unies pour la Population (FNUAP), plus de 370 000 enfants et adolescentes âgés entre 10 et 19 ans sont tombées enceintes au Kenya entre juillet 2016 et juin 2017, 29 000 d’entre elles avaient moins de 14 ans. Certains enfants commencent à avoir des relations sexuelles dès l’âge de huit ans.

Un autre sondage réalisé en 2017 par le Centre Africain de recherche sur la population et la santé (APHRC en anglais) a montré que 87% des écoles du Kenya ont mis en place des cours d’éducation sexuelle dans le cadre du programme actuel, mais seulement 2% des élèves ont déclaré avoir eu des informations sur tous les thèmes du cours. Le centre a constaté que les cours se concentraient davantage sur l’anatomie et la prévention du VIH.

Les données du Conseil National de Contrôle du Sida du pays (NACC en anglais) ont révélé que 43% des 61 000 nouvelles infections au VIH enregistrées en 2016 concernaient des jeunes âgés de 10 à 19 ans.

Patrick Oyaro, médecin et ancien directeur de FACES (Soins Familiaux et Education), un organisme du Ministère de la Santé qui offre des services médicaux et des conseils aux patients séropositifs a déclaré que ces cours étaient essentiels pour les écoliers.

«Si l’information est bien transmise, cela peut les aider à se protéger et à faire des choix » a dit Oyaro.

Mary Akelo , une adolescente âgée de 17 ans, a dû quitter l’école et abandonner ses rêves de devenir infirmière lorsqu’elle est tombée enceinte.

«Je laisse mon enfant à la garderie pour chercher des petits boulots tous les jours, et parfois je n’ai pas les 50 shillings (0.40 cts) pour pouvoir payer cette garde.»



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