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Un coup d'Etat en Guinée. C’est la fin qui était tant redoutée pour le président Alpha Condé. Depuis quelques temps, il était resté sourd aux grondements de la rue et d’une partie de l’armée.
La capitale guinéenne, Conakry, s’est réveillée dimanche sous les crépitements saccadés d’armes automatiques et les hurlements énervés de militaires intimant aux habitants du centre-ville l’ordre de se terrer chez eux. Après quelques heures de panique et de confusion dans la ville, le commandant du Groupement des forces spéciales (Gps), le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, apparait à la télévision nationale pour annoncer l’arrestation du président Alpha Condé, 83 ans. Il justifie leur action par la volonté de sortir le pays de la «gabegie» et de mettre fin à la tension qui y règne depuis plusieurs mois.
Les nouveaux maîtres de la Guinée n’ont pas dérogé à la règle classique. Ils ont dissous la Constitution, le gouvernement, les institutions, notamment l’Assemblée nationale, et fermé les frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays. Ils ont promis de former un gouvernement de transition dans les prochaines heures. Parmi les autres mesures annoncées, figurent l’ouverture d’un dialogue inclusif pour écrire une nouvelle Constitution et une concertation nationale pour aller vers une transition inclusive et apaisée.
Le coup d’Etat a été accueilli par une liesse populaire et des manifestations de joie dans les rues de Conakry et à l’intérieur du pays alors que certains partis politiques dénoncent cette prise de pouvoir en exigeant le rétablissement de l’ordre constitutionnel. En attendant une réaction de l’institution qu’il dirige, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a «fermement» condamné le coup d’Etat et demande la «libération immédiate» du président Condé. Une telle issue était à craindre pour le régime en place depuis 2010.
Depuis plusieurs mois la tension régnait dans le pays suite à la réélection contestée du président Condé, le 18 octobre dernier, pour un troisième mandat de cinq ans à la faveur d’une modification constitutionnelle jugée illégale par l’opposition et une bonne frange de la population. Son maintien au pouvoir a engendré de violentes manifestations réprimées dans le sang par les forces de l’ordre qui ont fait plusieurs morts et blessés. Le président Condé avait également provoqué des frustrations au sein des forces de l’ordre, de la magistrature par des affectations et limogeages jugées abusifs. A cela s’ajoutent de nombreuses attestations et condamnations d’opposants.
A la veille de la dernière présidentielle, une mutinerie, vite contenue, avait éclaté dans le camp militaire de Kindia, une ville située à une centaine de kilomètres à l’est de Conakry. Ce coup d’Etat est le troisième dans l’histoire de la Guinée, un pays indépendant le 28 septembre 1958. Le premier est survenu le 3 avril 1984, peu après la mort du premier président du pays, Ahmed Sékou Touré. Il est l’œuvre d’un Comité militaire de redressement national (CMRN) par le Lieutenant-Colonel Lansana Conté. Le deuxième mené sous la houlette de Moussa Dadis Camara, s’est déroulé le 24 décembre 2008. En fait, les militaires avaient profité du décès du président Lansana Conté pour confisquer le pouvoir.
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