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Le maréchal Tantaoui emporte dans sa tombe les secrets de l’Égypte

Un « monument » controversé de l'histoire mouvementée d'Égypte vient de s'éteindre. Âgé de 85 ans, le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui est mort ce mardi, selon un communiqué des forces armées. « Le commandement général des forces armées pleure un de ses fils et chefs de la guerre d'octobre (1973), le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, ancien ministre de la Défense, décédé aujourd'hui (mardi) matin », a annoncé sur facebook le porte-parole de l'institution, en guise d'hommage à celui qui dirigea le portefeuille de la Défense pendant 20 ans.

Officier de l'armée de Terre, Mohamed Hussein Tantaoui fut de toutes les guerres de l'Égypte contemporaine : il participa au conflit de 1956 (canal de Suez), à la guerre des Six jours de 1967 et à celle du Kippour en 1973. En 2008, un télégramme diplomatique américain (révélé ultérieurement par WikiLeaks) tenta de donner quelques clefs de compréhension de cet homme aussi opaque et secret que la puissante institution militaire égyptienne. On y lit la description d'un homme « charmant et courtois », mais aussi « âgé et résistant au changement » et obsédé par le maintien de la stabilité du plus peuplé des pays arabes avec près de 82 millions d'habitants. Une obsession qui se révélera au moment des printemps arabes de 2011.

Quand la rue égyptienne, inspirée par la fronde tunisienne de début janvier, se soulève contre Hosni Moubarak, les militaires prônent d'abord la retenue, contrairement à la police, accusée de violentes dérives. Des scènes de fraternisation entre la foule et les soldats marquent les manifestations et alimentent les réseaux sociaux. Après dix-huit jours de révolte, le raïs finit par démissionner le 11 février, en remettant ses pouvoirs au Conseil suprême des forces armées, dirigé par Tantaoui. Mais l'étoile de l'ex-Ministre de la Défense va vite pâlir parmi des anti-Moubarak, qui l'accusent de répression.

Élu démocratiquement en juin 2012, le président issu des Frères Musulmans, Mohammad Morsi, le démet de ses fonctions deux mois plus tard. Le premier sera finalement renversé par … un autre maréchal, Abdel Fattah al-Sissi, en 2013 (qui deviendra président en 2014, avant d'être réélu en 2018). Le second, un temps perçu comme un potentiel candidat présidentiel, s'exilera dans le silence, emportant avec lui les plus grands secrets de la « Mère du Monde » (« Oum al Dounia », surnom donné à ce pays pivot du monde arabo-musulman).



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