Politique
Côte d'Ivoire
Les députés de Hong Kong votent l’interdiction des ventes d’ivoire
Sur le modèle de la Chine, l'interdiction entrera en vigueur d'ici à 2021 à Hong Kong, considérée comme la plaque tournante de la contrebande de «l'or blanc».
En juillet 2017, les autorités de Hong Kong avaient saisi 7,2 tonnes d'ivoire, soit 9 millions d'euros. La plus importante saisie depuis les trente dernières années. Hong Kong, considérée par les associations de la société civile comme une plaque tournante de la contrebande de l'ivoire, avait déjà annoncé en 2016 sa décision d'interdire progressivement le commerce de l'ivoire d'ici à2021. Ce mercredi, les députés ont voté en faveur de l'interdiction des ventes de cet «or blanc». Une décision historique qui entrera en vigueur comme prévu dans trois ans.
Le vote de cette région administrative spéciale était très attendu par les défenseurs de l'environnement après l'abolition totale des ventes d'ivoire par la Chine fin 2017. Cette décision est due à un accord passé en 2015 entre le président américain Barack Obama et son homologue chinois Xi Jinping pour interdire la vente d'ivoire dans leur pays respectif.
La Chine était autrefois le premier marché de destination pour les défenses de contrebande. Le pays comptait 172 magasins commercialisant de l'or blanc. Hong Kong en est le plus important centre d'échanges après le Kenya et la Tanzanie. Historiquement, c'est l'un des centres de sculpture d'ivoire les plus réputés au monde. Un kilo d'ivoire s'échange à plus de 1100 euros.
«Fermer ce marché massif va fournir une possibilité de survie aux éléphants», a réagi Bert Wander, de l'ONG internationale Avaaz, à l'annonce du vote des députés. L'éléphant d'Afrique a vu passer sa population de plusieurs millions au début du XXème siècle à seulement 470.000 aujourd'hui. En 2015, l'ONG Save the elephants alertait, en effet, sur le fait que plus de 30.000 éléphants sont massacrés chaque année à cause de la forte demande d'ivoire en Chine et en Asie du Sud-Est. Le nombre de pachydermes de savane a baissé de 30% entre 2007 et 2014, principalement en raison du braconnage, estimait fin août 2016 un recensement de l'organisation Great Elephant Census.
La vente d'objets en ivoire toujours autorisée
Hong Kong autorise toujours la vente d'objets en ivoire issus de ces stocks officiels, accumulés avant 1989 lorsque la convention sur le commerce international des espèces menacées a décrété une interdiction mondiale des ventes. Ces stocks sont, en théorie, destinés uniquement au marché local. Une faille dans laquelle se sont engouffrés les commerçants chinois pour poursuivre leurs activités. Les ONG accusent d'ailleurs les trafiquants de profiter de cette législation pour se livrer à une contrebande à grande échelle, menaçant la survie des éléphants.
Cette interdiction, qui s'étend désormais à toute la Chine, risque cependant de développer le marché noir. «Près de 90% de l'ivoire vendu en Chine passe déjà par le marché noir», indique Julian Newman, de l'Environmental Investigation Agency au magazine Le Temps. Zhou Fei, à la direction du bureau chinois de l'ONG Traffic explique au magazine que lors d'une enquête effectuée au printemps dernier dans 22 villes chinoises, elle a trouvé «503 échoppes illégales ainsi que de nombreuses annonces sur Internet».
Au terme d'une période de mise en œuvre de trois ans et demi, tous les types d'ivoire seront interdits à la vente à Hong Kong. Les sanctions visant les trafiquants d'ivoire, mais aussi de cornes de rhinocéros et d'écailles de pangolin, vont aussi être durcies.
Les défenseurs de la nature soulignent que cette mesure ne sera efficace que si les autorités se donnent les moyens de la mettre en œuvre. «Il appartient désormais à nos agences de sécurité de s'assurer que l'interdiction est bien en place», a souligné la parlementaire Elizabeth Quat.
Politique
Suivre Oeil d'Afrique