Politique
Malabo : La problématique de l’intégration au cœur de la stratégie de la Bad et de l’Union Africaine
La mobilisation des financements pour soutenir l'objectif d'intégration de l'Afrique est aujourd’hui le principal défi à relevé tant pour les organismes de financement de développement de l’Afrique à l’instar de la Bad et des institutions politiques comme l'Union Africaine. Mais la voie reste étroite l'insuffisance de ressources internes et la mobilisation de ressources extérieures pouvant répondre aux impératifs de développement et d'intégration de l'Afrique demeure problématique. C’est dans cette optique sans nul doute que la Bad a placé au cœur des assemblées annuelles de Malabo le débat sur le concept politique et économique de l’intégration afin de relever ce défi vieux de plus 60 ans
En effet, depuis la naissance de l’Union Africaine en remplacement de l’Oua en 2002, plusieurs outils d’intégration ont été développés au niveau continental nous pouvons citer le PIDA, CARMA, AIDA, CAADP, APSA, AGA, IF, SHASA, STRATAFRIC, PANASTAT, GENDER SCORCARD, et bien d’autres.Qu’à en fait les chefs d’État les principaux décideurs de l’institution continentale ? Ils se sont braqués prétendant que la mise en œuvre de certains de ces outils touchent à la souveraineté de leur état. Par conséquent, ils refusent de signer, de ratifier et de domestiquer les outils nécessaires dans le cadre de la mise en œuvre de la politique d’intégration. Le regain d'intérêt que suscite l'intégration en Afrique constitue la recherche d'une identité culturelle et sociale dont les racines et la légitimité sont plus fortes que celles proposées par les États actuels. Cependant, malgré les nombreuses tentatives qui ont été entreprises, l'intégration régionale s'est toujours heurtée à de nombreux obstacles.
Tant que l’Union Africaine ne sera pas transformée en une organisation des peuples a contrario de sa configuration actuelle un conglomérat des chefs d’État voire un syndicat de chefs d’État ça sera difficile à mener à bon port le chantier de l’intégration. L’Afrique a peu de chefs d’État visionnaires à l’exception de certains d’entre eux comme Obiang Nguema , Kagamé, le président tanzanien et Sud-Africain... La dernière génération fut celle de 2000 qui amorça le changement de l’OUA à l’UA . (Tabou Mbeki, Wade, Kadhafi ,Chiluba, Bouteflika, Chissano, Sam Nujoma ...) ; quelques-uns tentent de proposer des réformes de transformation à l’instar de Paul Kagamé qui récemment a soumis à l’attention de ses collègues le cadre des réformes de l’UA et la mise en place de la zone de libre-échange continentale afin de booster le commerce intra-africain qui ne représente que 18%.? Il est important de noter que L’UA n’est qu’une organisation intergouvernementale qui n’a quasiment aucun pouvoir exécutif. À l’intérieur de l’UA il y a les vrais décideurs qui sont les chefs d'État. Malheureusement, les plus actifs sont effectivement ceux-là mêmes qui ne veulent rien accorder à l’UA pour qu’elle devienne une vraie organisation opérationnelle avec des pouvoirs exécutifs pour faire bouger les lignes. Les Communautés économiques régionales leviers de la politique d’intégration ont les mêmes problèmes que l’UA mais au niveau régional dans certaines zones comme celle de la Cédéao et de la Sadec il y a des avancées significatives dans le cadre de la politique d’intégration . En outre il sied de rappeler que, le Traité d’Abuja qui a accouché du Plan de Lagos demeure le socle jamais égalé en matière d’intégration africaine. Il y a eu par la suite le NEPAD et l’agenda 2063, mais là encore, le projet des États-Unis d’Afrique de Kadhafi avait repoussé aux calendes du calendrier grecques la mise en œuvre du Traité d'Abuja.Entre-temps, plus de 10 ans s’étaient écoulés avant que l’ont ne revienne avec le NEPAD et l’agenda 2063.
Au regard de tout ce qui précède, il ne faut pas se le cacher l’Afrique manque des dirigeants dynamiques comme à l’époque des pères fondateurs ; car ce sont eux qui réduisent le champ d'action l’UA et de la politique de l’intégration. Nous avons besoin d’une nouvelle génération de chefs d'État volontaristes et révolutionnaires à la fois. L’idéal panafricain qui avait animé les pères fondateurs était parti avec ses géniteurs panafricanistes pour la plupart.
Le panafricanisme avait pour objectif l'autodétermination et l'unité africaine à travers un projet politique très ambitieux. Dans son livre, « Africa must unité », Kwame Krumah (leader politique ghanéen) préconisait la réalisation de l'unité africaine par la formation des « États-Unis d'Afrique », une Afrique continentale. Son idée a donné lieu à de nombreux débats qui n'ont pu aboutir qu'à la réalisation de l'organisation de l'unité africaine en 1963. Pour Kwame Nkrumah, le panafricanisme doit bannir non seulement les frontières et limites coloniales, mais également les différences tenantes aux particularismes ethniques et linguistiques. C’est dans cette vision réformatrice que , le président de la Bad qui dirige l’une des institutions financières de développement de l’Afrique se montre confiant en plaidant pour une accélération des réformes dans le cadre de la politique de l’intégration. Il salue l’adoption de la mise en place de la zone de libre-échange et a fortiori plaide pour la levée des barrières visibles et invisibles qui bloquent l’intégration notamment les visas . La Bad est prête à relever ce défi et accompagner les états à franchir le seuil de l’intégration avec la construction des infrastructures de communication à l’instar du pont sur le Congo et du projet intégrateur du grand Inga en RDC qui a la capacité de fournir de l’énergie à l’ensemble du continent.
L’Afrique n’a pas d’autre choix que de renforcer le processus d’intégration ; ce qui lui permettra qui plus est de créer un marché commun une monnaie commune comme spécifier dans la vision de l’agenda 2063.
Certes, des efforts conséquents ont été déployés en vue de la convergence économique et de la mise en place de la Communauté économique africaine et de l'Union africaine, mais des problèmes, des lacunes demeurent et devront être pris en charge. Jusqu'à présent le volume du commerce intra-africain reste faible et ne représente que 10% du volume total du commerce en Afrique. Le coût élevé des activités économiques, en particulier les transports, l'insuffisance du commerce régional constitue encore des entraves aux échanges. Principaux acteurs de l'intégration régionale, les communautés économiques régionales n'ont toujours pas reçu des pouvoirs supranationaux requis pour assurer l'exécution des décisions collectives et la convergence des politiques communes. Elles doivent être rationalisées et habilitées à agir au nom de leur état membres. Le financement de l'intégration régionale est une autre contrainte fondamentale qui se traduit par l'insuffisance des ressources financières des CER et des programmes d'intégration.
Rodrigue Fénelon Massala
Grand Reporter
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