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Pour « penser le Congo de demain », Marien Fauney Ngombé lance les ACC (Ateliers Citoyens du Congo) en ce début d’année 2020.

Il en décline la vision dans cet entretien et nous invite à venir échanger le 15 février prochain.

Bonjour Marien Ngombé, nous vous avions interviewé dans les colonnes de notre magazine, il y a quelques temps, dans le cadre de vos activités culturelles et entrepreneuriales. Nous découvrons que vous êtes aussi l'initiateur des ACC. Que cache ce sigle ?

ACC est l'acronyme des Ateliers Citoyens du Congo. Il s'agit d’un laboratoire d’idées. Parce que j’estime qu’il y a urgence à réagir. Nous devons nous emparer de sujets, réfléchir dessus et proposer des pistes nouvelles pour le Congo.

Notre ambition est d’être le porte-voix de la société civile. L'idée est de penser aujourd’hui, le Congo que nous voulons pour demain. Quelles valeurs voulons-nous voir incarner au Congo, quel Congo souhaitons-nous voir advenir dans 10 ans. Tout ça sans esprit partisan, et sans trouver toujours des excuses à nos problèmes.

Le monde change à grande vitesse, le défi démographique et les conséquences d’un monde de plus en plus ouvert nous oblige à ne pas penser comme il y a dix ans. C’est cette prise de conscience qui a amené à la création des ACC.

En quoi les ACC sont porteurs de solutions ?

Les ACC veulent que les congolais réfléchissent sur le Congo qui adviendra. 

Nous voulons ouvrir un débat fécond sur des sujets qui régissent l’organisation de notre société.

Nous devons nous poser une question importante : quel Congo laisserons-nous aux générations futures ?

C’est la question de l’héritage et de la transmission que nous posons.

La réponse appartient à tous ceux qui se donnent la peine d’y réfléchir.

Chacun selon son domaine.

Concrètement les thèmes retenus dans notre canevas sont par exemple le système éducatif, le tribalisme, l'autonomisation de la femme congolaise ou l'intégration du secteur dit informel de l'économie pour ne citer que ceux-là.

Quelles sont les pistes de réflexion au sujet du thème de la première rencontre, « Système éducatif au Congo : état des lieux et prospective » ?

Les membres des ACC ont des avis sur le sujet. Les réunions d’organisation de ces rencontres sont l’occasion de débats que nous enrichissons de lectures sur le sujet.

Mais c’est l’atelier en lui-même qui permettra d’avoir l’angle le plus large sur les avis de tous.

C’est pour cette raison que c’est à l’issue de ces rencontres que nous produirons des documents de synthèse que nous mettrons à disposition de tous sur nos pages.

Toutefois, je peux déjà dire que les pistes portent sur la Edtech, car le numérique est une aubaine pour revoir des méthodes éducatives. Mais il faut aussi revoir le rôle tripartite de l’élève, l’enseignant et la famille. Pour ça, nous évoquerons la question des langues nationales dans le système éducatif également car elles jouent un rôle important parfois pour faciliter l’apprentissage mais surtout dans sa représentation du monde. Nous aborderons la question des écoles de l’excellence qu’on appelle chez nous « écoles pilotes ». Il faut à cette promotion de l’excellence.

Par ailleurs, sur la question de financement de l’enseignement qui parait être exclusivement réservé aux pouvoirs publics, il y a aussi matière à réfléchir. La société civile pourrait jouer un rôle. Je pense au chèque-éducation, initié aux Etats-Unis dans les années 60, il arrive en Afrique.

Une façon pour les particuliers ou les entreprises de soutenir des écoles de choix. Dans l’idée, l’Etat octroie des chèque-éducation aux familles ensuite ce sont elles qui décident à qui donner ces chèques. De cette manière, les familles choisissent les écoles qu’elles veulent soutenir.

Cela favorise l’émulation des établissements. A ce jour, cela n’est pas réalisable compte tenu du contexte. Mais c’est aussi cela faire de la prospective.

Vous l’aurez compris, nous faisons appel à l’ingéniosité de tous. Tout le monde est mis à contribution. 

D’ailleurs, je vais vous raconter l’histoire d’une idée qui s’est installé aujourd’hui dont peu connaissent l’origine. Je parle du système des vagues A et B en primaire et secondaire. Les élèves de la vague A vont à l’école le matin et ceux de la vague B vont à l’école l’après-midi.

Ces vagues avaient été créées pour palier au problème de la capacité d'accueil des élèves.

Par cette idée géniale la capacité des établissements scolaires s'est trouvée doublée. C'était une mesure provisoire qui perdure jusqu'aujourd'hui. On peut condamner le fait que le provisoire soit devenu définitif mais moi je salue l’ingéniosité de l’idée.

Cette à cette ingéniosité que nous faisons appel.

Quels en seront les intervenants ?

Tout d’abord, c’est important de préciser que nous avons invité des responsables d’association, des entrepreneurs et autres personnalités de la société civile congolaise qui seront dans l’assistance et qui constitueront ce public averti et force de proposition.

Ensuite, concernant les intervenants à proprement parlé, dans une première partie, il s'agira de faire un bilan en toute lucidité de l'état actuel de notre système éducatif.

Pour cela, Alphonsine Bouya Nyelenga qui a une expérience dans les questions de l'éducation au Congo et en Afrique apportera son expertise.

Nous aurons aussi la présence du professeur Mawete qui nous parlera de l'importance des langues et de s'appesantir sur l'histoire de l'Afrique.

Dans la partie propositions, nous aurons parmi les intervenants Carine Montresor, enseignante qui a réussi à faire admettre au bac 100% de ses élèves depuis 15 ans. Elle a reçu l’a légion d’honneur et est désormais une référence mondiale dans ce domaine.

Marge Rita Lopez d’origine colombienne nous expliquera aussi son approche novatrice en termes de méthodes éducatives.

Pour finir, après avoir évoqué les méthodes éducatives, nous clôturerons la rencontre en abordant l'apport du numérique.

Deux créateurs d'applications ayant pour but de facilité des élèves dans leur apprentissage quotidien, viendront nous éclairer sur ce sujet. 

Il y aura également des projections d’entretiens réalisés avec des enseignants, des directeurs d’écoles et des élèves au Congo.

Au final, les intervenants ne sont pas tous congolais ?

Non parce que c'est un leurre que de croire que les solutions à nos problèmes sont endogènes. Il faut s'inspirer de ce qui marche ailleurs et ce qui est transposable chez nous.

Notre problème est le même pour tout le continent. D’ailleurs l'union africaine a organisé à Gaborone (Botswana) du 20 au 22 août 2019, la deuxième édition de l'Exposition sur I ‘innovation dans I ‘éducation en Afrique. Ce n’est pas anodin.

Il faut se comparer, chercher et interroger différents systèmes pour s’orienter vers les pistes idoines.

Il y a des programmes comme le PASEC qui peuvent aider à la réflexion par exemple. 

Il s’agit d’un programme initié par la Banque mondiale qui fait un classement des pays francophones d’Afrique subsaharienne sur les acquis du primaire principalement.

Comparer, Contextualiser et proposer.

C'est tout l'objet du débat.

Au-delà du débat vous ne comptez pas agir sur le terrain ?

Des actions sur le terrain il en existe beaucoup. De nombreuses bonnes âmes font des dons et autres.

Ce qu’il manque aujourd’hui c’est une réflexion profonde sur les problèmes du Congo et sur les souhaits des congolais.

C’est le but principal des ACC. Mais nous lancerons quelques actions symboliques malgré tout.

Dans le but de réenchanter le rêve congolais en partenariat avec les éditions La Doxa nous allons lancer un concours de nouvelles dont les 10 meilleurs seront publier.

Il s’agit de demander à la jeunesse des nouvelles d’anticipation, qu’ils imaginent le Congo de demain. Qu’ils s’en servent comme toile de fond dans leur texte.

Nous avons d’autres actions de ce genre. Nous en parlerons au fur et à mesure.

Mais le plus important et de prendre date et amorcer sur le long terme la réflexion sur ce Congo que nous appelons de tous nos vœux.

Un dernier mot ?

Pour le 15 février, il s’agira d’explorer plusieurs champs tels que la contextualisation de l’enseignement, l’importance du sport dans les valeurs de solidarités et d’émulation qu’il véhicule, mettre plus d’art pour apprendre à questionner le monde et penser à l’artisanat pour ne pas perdre nos savoir-faire ancestraux. Nous devrons aussi évoquer l’éveil à la pensée africaine, à l’histoire du continent. 

 Nous vous attendons nombreux et notez que sur la page officielle facebook des ACC, il y a une boite à questions, vous pouvez-déjà y poster les vôtres, certaines seront posées à l’assistance.

Merci à vous.

© OEIL D'AFRIQUE

 


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