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RDC: le premier gouvernement de coalition Tshisekedi-Kabila enfin publié

Des mois de négociations pour une coalition pléthorique de 66 membres: le prochain gouvernement de la République démocratique du Congo a enfin été dévoilé lundi, sept mois après la première transition pacifique du pouvoir entre le chef de l'Etat Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila.

"Le président de la République, chef de l'Etat, a enfin signé l'ordonnance. Donc aujourd'hui, le gouvernement ayant été constitué, on se mettra bientôt au travail après avoir eu l'investiture de l'Assemblée nationale", a déclaré à la presse le Premier ministre Sylvestre Ilunga, après une dernière nuit d'attente au siège de la présidence.

Le président Tshisekedi a pu s'envoler avec le sentiment du devoir accompli vers Tokyo pour le sommet Afrique-Japon à Yokohama. L'Assemblée est réunie jusqu'au 7 septembre en session extraordinaire pour investir ce nouveau gouvernement de 66 membres (BIEN: 66), qui fait la part belle aux fidèles de son prédécesseur, M. Kabila.

Les négociations ont duré sept mois entre les forces politiques du nouveau chef de l'Etat, investi le 24 janvier, et celles de Joseph Kabila, qui a gardé une vaste majorité au Parlement

Les discussions entre les deux camps ont "pris du temps", car il fallait "vider tout ce qui pouvait entraver le fonctionnement du gouvernement", a poursuivi M. Ilunga, lui-même un économiste membre du Front commun pour le Congo (FCC), la coalition de Joseph Kabila.

Le gouvernement comprend cinq vice-Premier ministre, dont deux sont aussi issus du FCC de Joseph Kabila: Célestin Tunda (Justice) et une femme, Elysée Munembwe (Plan).

La Défense revient à Aimé Ngoy Mukena, qui est également un proche de l'ancien président de la République et les Finances reviennent à José Sele Yalaghuli, collaborateur de l'ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo.

Parmi les autres "VPM" figure un proche du chef de l'Etat, Gilbert Kankonde, issu du parti d'opposition d'UDPS, et qui reçoit le portefeuille de l'Intérieur.

Un cadeau empoisonné en cas d'interdiction ou de répression des futures manifestations en RDC, où l'élection de M. Tshisekedi est toujours contestée par l'opposition radicale autour de Martin Fayulu.

Une femme à la tête de la diplomatie

Le gouvernement comprend "83% d'hommes et 17% de femmes. Ce pourcentage est encore faible, mais il faut le pondérer par l'importance des portefeuilles qui ont été attribués aux femmes", a détaillé le Premier ministre.

"Ainsi nous avons une dame vice-Premier ministre, ministre du Plan et une dame ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères", a-t-il précisé.

Une femme, Marie Tumba Nzeza, qui est membre de l'UDPS de Félix Tshisekedi, a été désignée cheffe de la diplomatie congolaise. Deux autres femmes sont ministre d'Etat: Béatrice Lomeya (Genre) et Nene Nkulu (Emploi).

La liste gouvernementale surprend parfois même les fins connaisseurs de la vie politique et pour cause: "Ceux qui n'ont jamais été ministres représentent 76,97% de l'équipe", se félicite le Premier ministre, pour qui il s'agit de "la plus grande innovation".

Deux ministres ont déjà des dossiers chauds sur la table: à la Santé, le docteur Eteni Longondo, membre de l'UDPS de Félix Tshisekedi, doit gérer avec le chef de l'Etat l'épidémie d'Ebola qui a fait près de 2.000 morts en un an dans l'Est. Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres est attendu sur place samedi prochain.

A l'Enseignement primaire, Willy Bakonga, issu du PPRD de M. Kabila, doit mettre en oeuvre la mesure répétée par son prédécesseur samedi: la gratuité de l'enseignement primaire dans les écoles publiques dès la rentrée du 2 septembre. Coût de la mesure: 2,6 milliards de dollars, près de la moitié de l'actuel budget de l'Etat.

Les 26 provinces de la RDC "ont toutes été servies" au sein du gouvernement, a détaillé le Premier ministre, qui a aussi nommé une ministre déléguée aux personnes handicapées.

"Je crois que ca valait la peine d'attendre. Là, nous avons un gouvernement qui réalise la vision du chef de l'Etat, c'est la direction du changement. Donc, le changement commence maintenant ! Mettons nous au travail!", a déclaré M. Ilunga.

Avec AFP



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