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RDC: Pas d’élection présidentielle en 2018, un secret de polichinelles ?

Ils veulent les élections. Ils veulent voter. Ils veulent voir un changement à la tête de leur pays. Le changement pour le changement. Déposer un bulletin de vote dans l’urne afin de faire vivre la démocratie. Voilà ce à quoi aspirent les 80 millions de Congolais. 

Depuis le scrutin législatif, libre et transparent de 1960, la victoire de Patrice Emery Lumumba et son parti le Mouvement national congolais, « MNC-L », les Congolais sont privés de leurs droits. De surcroît celui de voter librement et exprimer leur volonté. Avec Mobutu à la tête du Zaïre, il n’a pas manqué d’élections. Sans adversaires, le scrutin de 1984 s’était transformé en un référendum pour ou contre le Maréchal. Sans surprise le résultat fut à 99% pour l’homme à la toque en léopard. Même Staline ne pouvait faire mieux.

La fin du mandat du président Joseph Kabila en 2016 a bouleversé l'ordre des débats. Aucun sujet n’arrive à passer au-dessus de celle concernant son départ. Usant de stratagèmes, le président congolais s’est payé deux années supplémentaires à la tête de son pays. L’opposition divisée ne sait plus où donner de la tête. Certains ont fait le choix du gouvernement sorti des accords de la cité de l’union africaine à Kinshasa et ceux du 31 décembre 2017 sous l’égide de la Commission épiscopale nationale du Congo (CENCO), d’autres ont fait le choix de la radicalité allant jusqu’à contester la légitimité du président Kabila.

Pourtant, du côté de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) les choses semblent aller dans le sens des engagements. La date du 23 décembre 2018 s’est imposée dans le débat public. Les Congolais seront-ils conviés en cette date à élire le prochain président de la République ?

Pas d'élections en 2018 

A cette question, les observateurs de la vie politique au Congo souffrent d’incertitudes. Mais les signes annonciateurs d’un revirement de dernière minute et un troisième glissement semblent bel et bien plausibles. L’ancien premier ministre  de Joseph Kabila durant trois ans, Adolphe Muzito ne croit pas à la tenue des élections en 2018. « Les élections auront lieu, mais je doute fort que ce soit à cette date-là, il y aura un glissement. » puis d’expliquer les raisons. « Premièrement l’opposition conteste déjà la machine à voter. Elle rejette aussi le fichier électoral. Donc j’ai l’impression que le pouvoir va en profiter pour faire un glissement. Mais je constate aussi qu’il y a une contrainte, une contrainte financière, à savoir que le gouvernement ne saura pas décaisser 500 millions de dollars dans les trois prochains mois pour permettre à la Céni [Commission électorale nationale indépendante] d’être prête en ce qui concerne la logistique et le matériel des élections. Puisque le pouvoir ne veut pas du soutien de la communauté internationale, au nom soi-disant de la souveraineté du pays, et donc moi, je suis assez pessimiste. Tous les ingrédients sont réunis pour que les élections n’aient pas lieu. »

Les différentes chancelleries occidentales ne comptent plus le nombre de politiciens congolais sollicitant l'aide internationale afin de pousser Joseph Kabila a quitté le pouvoir. Cependant, ces derniers ne peuvent ignorer qu'en signant les différents accords avec le pouvoir de Kinshasa, ils ont largement oeuvré au maintient de Kabila au pouvoir. Cette sortie médiatique de Muzito sonne comme une évidence. Bien naïf celui qui se laisserait prendre par la promesse d’une élection présidentielle pour le 23 décembre prochain. Dans cette affaire d’élection présidentielle en RDC nul ne peut ignorer la volonté des uns et des autres d’user de tous les moyens pour se maintenir ou prendre le pouvoir.

Roger Musandji



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