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Tchad : l’ancien Président Hissène Habré est mort
L’ancien président du Tchad, Hissène Habré, est mort, à l’âge de 79 ans, au Sénégal où il avait été condamné à la prison à perpétuité, en 2016, pour crimes contre l’humanité, a annoncé, mardi 24 août, le ministre sénégalais de la justice, Malick Sall. Il aurait succombé au Covid-19 à l’hôpital principal de Dakar, a fait savoir le consulat du Tchad.
Il y avait été transporté d’urgence après la détérioration de son état de santé alors qu’il était déjà hospitalisé dans une clinique privée de la capitale sénégalaise, où sa famille l’avait fait transféré de sa prison il y a quelques jours, a dit le consulat. « Habré a été remis entre les mains de son Seigneur », a ainsi déclaré le ministre sur la chaîne TFM.
Sa famille et ses avocats réclamaient un autre régime que celui de la détention, en invoquant son âge et la dégradation de son état de santé. Ils s’alarmaient notamment du risque qu’il contracte le Covid-19 en prison.
La justice sénégalaise avait consenti, en avril 2020, à le laisser sortir de prison pendant soixante jours, en le déclarant particulièrement vulnérable face à la pandémie. Il était retourné chez lui à Dakar, sous garde pénitentiaire permanente, selon les autorités.
40 000 assassinats politiques par son régime
« Nous devons tous être fiers de la façon dont nous avons accueilli Habré, a assuré M. Sall face à d’éventuelles critiques, malgré les pressions internationales, le Sénégal a tenu bon (…) Tout ce qu’on peut faire, c’est prier pour le repos de l’âme de Habré. »
Reed Brody, membre du Comité international de justice qui assiste les victimes du régime Habré depuis 1999, s’est dit « attristé par l’annonce de la mort d’Hissène Habré du Covid-19 ». « Cela faisait des mois que nous demandions qu’Habré soit vacciné », a-t-il ajouté dans un message électronique.
« Habré restera dans l’histoire comme l’un des dictateurs les plus impitoyables, comme un homme qui a massacré son propre peuple pour s’emparer du pouvoir et s’y maintenir, qui a incendié des villages entiers, condamné des femmes à servir d’esclaves sexuelles à ses soldats et fait construire des cachots secrets pour infliger à ses ennemis des tortures moyenâgeuses », a-t-il aussi rappelé.
Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, avait été condamné le 30 mai 2016 à la prison à vie à l’issue d’un procès inédit à Dakar – par les Chambres africaines extraordinaires, créées en vertu d’un accord entre l’Union africaine et le Sénégal –, où il avait été déclaré coupable de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement. Une commission d’enquête tchadienne a ainsi estimé à 40 000 le nombre d’assassinats politiques perpétrés par son régime.
Renversé en 1990 par un coup d’Etat qui avait installé au pouvoir Idriss Déby (mort en avril 2021 et remplacé par l’un de ses fils, Mahamat Idriss Déby Itno) et l’avait contraint à l’exil au Sénégal, Hissène Habré avait commis ces exactions par le truchement de sa police politique, la redoutable DDS, la direction de la documentation et de la sécurité.
Oeil d'Afrique avec AFP
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