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Algérie : « 600 cas de Covid-19 par jour, c’est véritablement effrayant », alerte un pneumologue algérien

L'Algérie doit ralentir son déconfinement. Le pays a enregistré jeudi 16 juillet un nouveau record de contamination, avec 585 cas recensés en 24 heures. Le confinement a été reconduit dans 29 préfectures dont celle d'Alger.

Pour le professeur Salim Nafti, ancien chef du service de pneumologie au CHU Mustapha Bacha d’Alger, et ancien président de la Société algérienne de pneumologie, interrogé vendredi sur franceinfo, il s'agit d'une "deuxième vague". En approchant bientôt les "600 cas par jour, c'est véritablement effrayant". Le professeur Salim Nafti pointe le manque de moyens des personnels de santé et craint "la catastrophe" si leur contamination se poursuit.

Est-ce qu'il y a une résurgence de l'épidémie en Algérie ?

Salim Nafti : Absolument. Je me suis permis de parler de deuxième vague. Les chiffres sont en nette progression. Il y a une accélération très importante de la circulation du virus dans notre pays. Ceci revient à plusieurs facteurs. Il y a d'abord le déconfinement qui a été décidé au début du mois de juillet.

On a libéré les transports, on a ouvert pratiquement tous les commerces. La circulation entre les différentes régions du pays était libre. Et juste après, les chiffres ont doublé et même triplé. Salim Nafti

Et là, nous atteignons et nous allons approcher bientôt des 600 cas par jour, ce qui est véritablement effrayant.

Est-ce que le déconfinement a eu lieu trop tôt ?

Trop tôt, non. Ce n'est pas le déconfinement. C'est un peu le respect des règles de distanciation et toutes les mesures barrières que l'on peut attendre de la population. Or, cette population n'a pas été accompagnée dans ce déconfinement. Les gens ont pensé que c'était la fin de l'épidémie et qu'ils pouvaient tout se permettre. Il n'y avait ni port de masques ni distanciation. Les fêtes et les mariages ont repris de plus belle et de ce fait, les regroupements de la population se sont observés dans toutes les régions du pays.

Où est-ce que la situation est la plus critique ?

Nous avons identifié quatre à cinq départements qui sont actuellement très atteints et où la population est astreinte à ne pas bouger, sauf pour quelques heures dans la journée. Sinon, toutes les fêtes ont été interdites, tous les regroupements aussi. Il est bien entendu que toutes les activités sportives sont à l'arrêt depuis bien longtemps.

Dans quel état se trouve en ce moment les hôpitaux algériens ? Est-ce qu'ils arrivent à supporter la charge ?

Les structures qui étaient dédiées au Covid-19 sont actuellement saturées un peu partout en Algérie. 

Les médecins et le corps médical en général sont sur les genoux. C'est véritablement le burn-out parce que c'est depuis le mois de mars que cette situation perdure. Les ressources humaines sont épuisées. Salim Nafti

Dans certains hôpitaux, malheureusement, ce qu'on déplore vivement - et ça nous a même choqués nous-mêmes - c'est l'absence d'oxygène dans certaines structures, ce qui est vraiment une aberration à l'heure actuelle.

Et les soignants sont-ils suffisamment protégés ?

Tout ce qui peut être matériel de protection a vite été épuisé parce que nous ne disposions pas d'un stock important. Ce n'est que récemment que l'on a vu arriver un certain nombre de masques et de combinaisons et surtout de masques FFP2, des gants, des blouses et des surblouses, pour essayer de protéger au maximum le corps médical paramédical.

Ce corps médical a payé un très lourd tribut. Nous sommes à une trentaine de décès parmi les médecins. Il y a même des gens de la protection civile, des sapeurs-pompiers, des ambulanciers et des brancardiers, qui ont été touchés. Nous sommes à près de 3 000 cas de professionnels santé qui auraient été contaminés par le Covid-19. Donc, si en plus, il y a des blessés, si en plus il y a des personnels malades qui eux-mêmes peuvent être vecteurs de ces virus dans la population, alors c'est véritablement la catastrophe.

Interview France Info



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