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Retour de Soro à Abidjan, fort déploiement de forces de l’ordre pour empêcher toute manifestation

lors que l’avion privé qui conduit Guillaume SORO à Abidjan atterrira aux alentours de 13h30 GMT, l’œil d’Afrique a reçu copie d’une Note de Service émanant de la police nationale ivoirienne qui vise à empêcher tout accueil de ce dernier, par ses proches et sympathisants. Nous avons tenté en vain de joindre la Préfecture de Police d’Abidjan afin d’authentifier ladite note. A défaut d’y parvenir, nous vous mettons ici copie de la note qui nous ait parvenue de même que nos observations.

Selon la note dont nous avons copie, diffusée le 19 décembre 2019, les raisons de cette décision trouvent leurs explications dans le « contexte actuel marqué d’une part par les fêtes de fin d’année, et d’autre part par les menaces et attaques terroristes et les mouvements d’humeur d’associations politiques et d’organisations de la société civile dans laquelle intervient ce retour. » Cette décision peut paraître surprenante, lorsqu’on sait que dans ce même climat, le Président Emmanuel Macron a reçu un accueil populaire lors de son arrivée Abidjan le 20 décembre dernier (il y a 3 jours) puis à Bouaké le 21 décembre (il y a 2 jours). 

Plus de 810 agents de police et de gendarmerie mobilisés.

Selon la note de service, ce sont 810 agents de police et de gendarmerie qui seraient mobilisée en plus des agents que la Direction du Renseignement mettrait sur le terrain. Les consignes étant d’ « empêcher tout regroupement de foule sur tout l’itinéraire de l’aéroport Félix Houphouët BOIGNY au domicile de monsieur SORO Guillaume sis à Marcory résidentiel. »

Pour y parvenir, « des groupes d’intervention munie de matériel conventionnel de maintien de l’ordre seront disposés sur l’ensemble le long du trajet allant de l’aéroport au domicile de monsieur SORO en empêchant tout regroupement d’individus. » 

PERSONNE POUR L’ACCUEILLIR ?

Toujours selon la note, une unité du dispositif a été mise en place pour :

« - Refouler tout individu se rendant au GATL ou au JETEX (partie de l’aéroport réservée au vols privés, NDLR) pour un éventuel accueil de l’ex PAN.

Empêcher tout attroupement ou regroupement de personnes à l’aéroport et dans les environs

Empêcher tout attroupement ou regroupement de personnes dur la voie publique. »

L’ARMEE EN RENFORT ?

Le rapport mentionne que les Forces Armées de Côte d’Ivoire (FACI) et la TASK force seront opérationnelles et prêtes à intervenir (QRF) comme des forces d’appui.

DES DRONES POUR LE RENSEIGNEMENT

Ces différentes unités d’intervention auront aussi des yeux dans le ciel, en effet, il a été demandé à la DITT de « couvrir l’espace aérien de l’aéroport et ses alentours ainsi que tout l’itinéraire jusqu’au domicile de monsieur SORO en vue de capter des images susceptibles de nous renseigner sur le mouvement de foule. »

OPPOSITION MUSELEE ET DEUX POIDS DEUX MESURES ?

Il est important de rappeler qu’aucune note officielle interdit l’accueil du Président du GPS Guillaume SORO, et que la note en notre possession, elle-même stipule que les organisateurs et les autorités policières ont eu deux rencontres de travail en vue de préparer ce retour. Après la requête du ministre de l'Intérieur de Côte d’Ivoire demandant aux maires d’interdire tout rassemblement des partis politiques, c’est à présent la police qui semble vouloir interdire tout accueil de Guillaume SORO par ses partisans.

Tout porterait donc à croire que les rassemblements de l’opposition seraient les seuls à mettre en péril la sécurité du pays. En effet, le RHDP (parti au pouvoir) le 14 décembre dernier avait pu sans craintes terroristes ou sécuritaires organiser un meeting dans la commune populaire de Yopougon. Une semaine après, le meeting de l’opposition dans le même endroit y était interdit par le maire RHDP de la commune, et leur tentative de se rabattre sur une autre commune, dirigée cette fois par un maire de l’opposition, s’est vue annulée, le Ministre de l’Intérieur ayant demandé à tous les maires d’interdire tout rassemblement dans leurs communes jusqu’au mois de janvier.

L’arrivée du Président français, qui a séjourné en Côte d’Ivoire du 20 au 22 décembre avait elle aussi dérogée à cette mesure de prudence, ce dernier ayant reçu des accueils populaires à chacun de ses déplacements à Abidjan et à Bouaké.

Vu le nombre d’unités et d’agents mobilisés pour ce qui pourrait s’apparenter à une entrave des libertés, il aurait été probablement plus approprié de sécuriser le parcours, montrant ainsi à tous le respect des libertés fondamentales. Empêcher tout regroupement sans prévenir auparavant l’interdiction de ces regroupements pourrait justement être la cause de troubles à l’ordre public. Est-ce que c’est ce qui est recherché par les autorités ivoiriennes ?

L’avion de Guillaume SORO est dans les airs, et atterrira à 13h30, ses sympathisants, selon nos dernières informations, ne sachant pas ce qui les attend sont déjà en train de s’organiser pour faire chemin pour accueillir leur Président.



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