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RDC: À quand la démocratie?

LE PAYS EST RÉGI PAR LE NÉOCOLONIALISME DEPUIS L’ÉLIMINATION POLITIQUE ET PHYSIQUE DE PATRICE LUMUMBA. LES HOMMES POLITIQUES, JOSEPH KASA-VUBU, MOÏSE TSHOMBE, ALBERT KALONJI, MOBUTU, LAURENT-DÉSIRÉ KABILA ET JOSEPH KABILA, SONT PARTISANS DU SYSTÈME NÉOCOLONIALISTES. ILS ONT ÉTÉ PLACÉS AU POUVOIR PAR LA VOLONTÉ DES PUISSANCES ET DE LEURS MULTINATIONALES. DE CE FAIT, LES CANDIDATS À LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE NE SERAIENT-ILS PAS – TOUS ET TANT QU’ILS SONT – CANDIDATS POTENTIELS AU POUVOIR DICTATORIAL OCTROYÉ PAR CES PUISSANCES QU’ÉTIENNE TSHISEKEDI QUALIFIAIT, DE SON VIVANT, DE « DÉCIDEURS » ?

 

CONGO, UNE NÉOCOLONIE

 

Le 14 septembre 1960, date du premier coup d’État, le Congo bascule dans le néocolonialisme. La révocation de Patrice Lumumba par Joseph Kasa-Vubu, acte précédant ce coup d’État, est décidée sous pression de la Belgique, des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne. Les signes de la dictature ne tardent pas à se manifester : le Premier ministre Patrice Lumumba est assigné à résidence, arrêté et livré au Katanga pour être, plus tard, exécuté sans procès ni levée de son immunité parlementaire. Ses partisans connaîtront le même sort. Joseph Kasa-Vubu ne fait aucun droit à la demande des députés nationalistes de dissoudre le Parlement et de convoquer les élections anticipées pour solliciter une nouvelle légitimité. Puisque que, par la révocation de Patrice Lumumba et la disparition de ce dernier, Joseph Kasa-Vubu ne jouit d’aucune légitimité politique – si ce n’est par la force – et ne peut dès lors se prévaloir d’un pouvoir issu de la victoire électorale de Patrice Lumumba et des nationalistes congolais opposés au néocolonialisme.

 

Le 24 novembre 1965, Mobutu opère son deuxième coup d’État avec l’appui principal des États-Unis, renverse Joseph Kasa-Vubu, le condamne à la déportation, à une mort à petit feu et force Moïse Tshombe de prendre le chemin de l’exil. Il sera auréolé du titre d’ « homme providentiel » par le cardinal Joseph-Albert Malula. Il régnera sans partage du pouvoir, par des élections sans concurrents politiques, par des scores électoraux staliniens, des décrets, des ordonnances et par une Constitution sur mesure. 

 

Dans les jours suivant ce coup d’État, Mobutu proclame la prise de pouvoir par le haut-commandement de l’Armée Nationale Congolaise (ANC) pour mettre fin au chaos politique et parle, par moments, de passation de pouvoir (dictatorial issu du Coup d’État du 14 septembre 1960). Les archives conservent des traces à ce propos.

 

En avril 1997, une deuxième passation de pouvoir a lieu sous le patronage de Bill Clinton, président des États-Unis qui le somme, par ultimatum, de quitter le pouvoir au profit de Laurent-Désiré Kabila gratifié du titre de « Libérateur », malgré leur méfiance à son égard.

 

En janvier 2001, Laurent-Désiré Kabila, après 4 ans de pouvoir et un règne par des décrets comme son prédécesseur à ses débuts, est assassiné pour être remplacé par Joseph Kabila soutenu par les États-Unis et leurs alliés, notamment la Belgique. Louis Michel alors ministre belge des affaires étrangères le proclame l’« espoir du Congo ». À son tour, le nouveau dirigeant se maintiendra au pouvoir par des élections truquées aux résultats contestés par les opposants, les membres de la société civile et par les évêques de l’église catholique. Aujourd’hui, le plus jeune dirigeant de l’histoire du Congo à accéder à la magistrature suprême, garde le pouvoir hors mandat et par une interprétation de la Constitution au nom du plus fort.

 

Il s’avère, à la lumière de cette brève lecture de l’histoire politique de notre pays, que les dirigeants accèdent au pouvoir ou le quitent, d’une manière ou d’une autre, par la volonté de grandes puissances fidèles aux principes du néocolonialisme et non par la volonté du peuple privé ainsi de son pouvoir souverain. Dans ce cas, qui de Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, Moïse Katumbi, Sindika Dokolo, Freddy Matungulu, Honoré Ngbanda, Martin Fayulu, Noël Tshiani, Ne Muanda Nsemi ou autre dirigeant qui pourra accéder au fauteuil présidentiel de la république démocratique du Congo sans faire des courbettes au néocolonialisme et aux multinationales minières ou à ce système opposé aux intérêts du peuple congolais ?

 

Par Joseph Anganda



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