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Sommet Union africaine union européenne d’Abidjan : N’insultez pas l’avenir.
A la fin du mois de novembre courant, l’Union Africaine et l’Union Européenne se retrouvent à Abidjan (Côte d’Ivoire) pour le sixième Sommet entre l’Afrique et l’Europe. À la Conférence de Berlin de 1884, les Européens se partagèrent l’Afrique. Aujourd’hui, ils viennent partager avec l’Afrique. Dans un contexte marqué par des velléités de sécession sur les deux rives de la mer méditerranée. L’ombre des Millenials planera sur le Sommet.
Carles Puigdemont et toute la galaxie qui milite pour l’indépendance de la Catalogne ne mesurent peut-être pas l’importance symbolique que leur combat revêt à quelques semaines d’une réunion au sommet entre les chefs d’État et de gouvernement d’Afrique et d’Europe. Premier symbole, la rencontre a lieu en Afrique. Deuxième symbole, ce n’est plus le Sommet UE/Afrique, c’est le Sommet UA (Union Africaine) / UE (Union Européenne). Deux organisations d’intégration dont certains pays sont en voie de désintégration se retrouvent pour parler coopération, mais pas que.
Deux organisations soeurs
L’on était jusqu’à présent habitué à des désirs d’indépendance territoriale des États de l’ancienne Union soviétique ou des Balkans, d’Afrique aussi. L’Éthiopie et le Soudan ont dû accorder l’indépendance à des morceaux de leurs territoires respectifs. La République Démocratique du Congo, le Cameroun ou encore le Mali essaient de colmater au mieux les fissures dans leur unité territoriale. Quant au Maroc, malgré la Marche verte et les Accords de Madrid signés le 14 novembre 1975, par lesquels l’Espagne arrête la colonisation du Sahara, la RASD – République Arabe Sahraouie Démocratique refuse toujours d’intégrer le Royaume chérifien. En 1984, la RASD est reconnue par l’OUA – Organisation de l’Unité Africaine. À la suite de cette reconnaissance, le Maroc va quitter de façon unilatérale l’organisation panafricaine. Au bout d’une politique de la chaise vide qui aura duré trente ans, le roi Mohamed VI manoeuvre pour que son pays soit réadmis au sein de l’Union Africaine. Ce sera chose faite lors du 28ème Sommet tenu à Addis Abeba (Ethiopie, au siège de l’UA). Le Maroc faisant à nouveau partie de l’Union Africaine, le Sommet d’Abidjan sera la première rencontre diplomatique où le parallélisme des formes sera respecté. Il sera le lieu d’échanges entre deux organisations soeurs : l’Union Africaine et l’Union européenne.
Modèle européen grippé
Pour la première fois depuis 1884, l’Afrique va accueillir l’Europe dans l’unité retrouvée. Elle n’est certes ni parfaite, ni totale, juste ce qu’il faut d’affichage pour rassurer. Aucun État n’a tourné le dos à l’Union Africaine. Même le Soudan du Sud, la RASD et l’Érythrée y sont. L’UE peut envier l’UA de ce point de vue. Le Brexit a éprouvé le modèle d’intégration parfaite qu’incarnait jusqu’ici l’Union Européenne. L’Espagne est prise dans le piège catalan. La France doit gérer ses régions dont les velléités d’indépendance, bien que moins bruyantes qu’en Espagne, existent. L’Italie fait face à la demande d’une plus grande autonomie de la Vénétie et de la Lombardie. La Pologne et la Russie s’en délectent. Quant aux indépendantistes flamands (Belgique), ils se tiennent aux côtés de Carles Puigdemont. Ils sont aujourd’hui son rempart contre l’Espagne. C’est donc une UE grippée que l’UA accueille en Côte d’Ivoire. Ce qui ne l’empêchera pas de vouloir donner des leçons de démocratie et de démographie aux dirigeants africains. Entre le fromage et le dessert, ils leur expliqueront même comment empêcher les populations africaines appauvries et opprimées de vouloir à tout prix aller brouter l’herbe dans le jardin de l’Europe.
Les frontières héritées de la colonisation
Le dogme de l’intangibilité des frontières a fait son temps. Bien que l’UA s’y accroche encore avec l’énergie du désespoir. La règle est désormais favorable à la libre circulation des biens et des personnes. Même la CEMAC a fini par y souscrire. La mondialisation, que l’Afrique a jusqu’à présent subie, a érigé la libre circulation en valeur absolue. Comment expliquer aux Millenials que circuler librement sur internet et à l’intérieur des démembrements régionaux de l’UA est possible, mais que cette liberté de circuler s’arrête aux frontières de l’Europe ?
Les Millenials
Si ce Sommet ne rompt pas avec la tradition selon laquelle l’émotion est nègre et la pensée hellène, c’est-à-dire que les Européens viennent à la table des discussions avec des sujets préparés (voire un communiqué final prêt à être signé) et qu’en face leurs homologues africains n’ont que des sentiments et des humeurs à leur opposer, une occasion historique sera ratée. Malgré le passif douloureux, tumultueux et chargé des relations afro-européennes, les jeunesses des deux rives de la méditerranée ont les mêmes jeux, les mêmes rêves, les mêmes aspirations légitimes, la même volonté farouche de ne pas être des spectateurs de leurs propres vies. Y compris ceux qui se perdent dans leurs quêtes ou en sont détournés par des personnes peu recommandables. Ce ne sont pas des ennemis de la société. Et ce n’est pas à force de lois répressives et de forteresses de défense que vous vous en débarrasserez. Ils ne vous regarderont plus aller au bout de votre logique de destruction de la planète par le réchauffement climatique.
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