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Troisième mandat présidentiel, nouveau jeu de certains Présidents Africains.

En accédant à la magistrature suprême, ils jurent tous fidélité aux textes qui leur ont permis d’être à la tête de leur nation. Pourtant, certains présidents africains semblent avoir découvert des nouveaux jeux leur permettant de continuer une partie qui se joue uniquement en deux manches. 

 

C’est le résultat des constitutions qui ne sont africaines que par le nom. En finissant avec les régimes avec un parti unique, les pays africains ont majoritairement opté pour une nouvelle constitution limitant le nombre de mandats à deux. Bien qu’il s’agisse du texte suprême de ces nouvelles nations démocratiques, on assiste régulièrement à sa révision et plus particulièrement à l’article verrouillant la limitation de mandats. 

 

Congo Brazza, Burundi, Rwanda, Ouganda 

 

Dénis Sassou Nguesso au Congo-Brazza, Pierre Nkurunziza au Burundi, Paul Kagame au Rwanda, Yoweri Museveni en Ouganda ont tous réussi à changer les règles du jeu pour être candidat à leur propre succession alors que la constitution ne leur permettait pas. 

 

Pour le Président du Congo Brazzaville et ses homologues du Rwanda et de l'Ouganda sont passés par voie référendaire pour obtenir le pass pour un possible troisième mandat. 

 

Du côté de Pierre Nkurunziza au Burundi, c'est l'interprétation de la nouvelle constitution et l'absence d'un effet rétroactif qui lui a finalement permis d'être candidat à sa propre succession. 

 

Depuis ces tentatives gagnantes, d'autres présidents sur le continent se verraient bien reproduire ce qui a fonctionné ailleurs. Les cas de Joseph Kabila en Republique Démocratique du Congo, d'Alassane Ouatarra en Côte d'Ivoire et d'Alpha Condé en Guinée conakry inquietent les observateurs de la vie politique africaine. 

 

Kabila et l'impossible troisième mandat 

 

Alors que le Président congolais refuse de se prononcer publiquement sur son avenir politique, ses partisans l'implorent de ne pas abandonner le pouvoir et continuer sa mission qui a été selon les membres de la majorité présidentielle entachés par plusieurs guerres civiles et ainsi empêcher Joseph Kabila d'avoir les pleins pouvoirs sur l'ensemble du territoire congolais. 

 

L'opposition politique reste ferme sur le respect de la loi et la limitation du nombre de mandats. Pour elle, Joseph Kabila est hors-mandat depuis le 19 décembre 2016. Depuis la signature des accords de la CENCO sous l'égide des prêtres, l'opposition peut compter sur le soutien des hommes d'église qui comptent bien faire respecter les engagements pris devant eux. 

 

Pour ce faire, elle compte intensifier la campagne « pas de troisième mandat présidentiel/pas de révision constitutionnelle » lancée par Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques du Congo (CALCC) fin mai. Il s’agit, pour cette structure de l’Église catholique congolaise, de mieux faire connaître le contenu de l’Accord de sortie de crise de la Saint-Sylvestre, signé en 2016 par le parti présidentiel et l’opposition, sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). 

 

Entre le 25 juillet et le 8 août 2018, le processus électoral va connaître une étape décisive avec l’ouverture du dépôt des candidatures à l’élection présidentielle. 

 

Jusque-là, Joseph Kabila ne s’est pas encore prononcé sur une éventuelle candidature. Mais de nombreux observateurs estiment que le débat posé par le parti présidentiel est une façon de mieux préparer les Congolais à l’annonce de sa candidature. 

 

Alassane Ouatarra fait durer le suspense. 

 

Le président ivoirien Alassane Ouattara, dont le deuxième mandat s'achève en 2020, a déclaré qu'il n'excluait pas un troisième mandat alors que la bataille pour sa succession a déjà commencé, dans un entretien à l'hebdomadaire Jeune Afrique. 

 

"La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes", a déclaré M. Ouattara, interrogé sur la possibilité de se représenter. 

 

Après avoir longtemps écarté cette possibilité, le président Ouattara estime désormais que le changement de Constitution de 2016 a remis tous les compteurs à zéro et que ses élections de 2010 et 2015 ne comptent pas. 

 

Cette interprétation, qui est souvent diffusée par ses partisans est largement remise en cause par l'opposition, mais aussi par une grande partie de la communauté internationale. 

 

De leur côté, certains observateurs estiment que le président utilise la "menace" de se représenter pour faire taire les querelles internes nées de la guerre de succession qui a déjà commencé.

 

En même temps, le président tente de transformer en parti la coalition au pouvoir afin d'organiser une primaire pour la présidentielle de 2020. 

 

La transformation en un parti unifié du Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est un serpent de mer de la politique ivoirienne depuis une dizaine d'années. 

 

Voulue par le président Ouattara, elle se heurtait à des réticences au sein de son propre parti, mais surtout de ses alliés et notamment du principal d'entre eux le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), de l'ancien président Henri Konan Bédié, qui a permis son élection en 2010 et 2015. 

 



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