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Laurent Gbagbo et Blé Goudé libres: revers pour Fatou Bensouda, désillusion des victimes
Non seulement, elle va passer le témoin de procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) dès juin prochain. Mais Fatou Bensouda doit quitter la juridiction déçue certainement de devoir quitter ce poste avec un camouflet lié à l’arrêt rendu, ce 31 mars 2021, par la Chambre d’appel de la CPI, qui permet à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé d’être totalement libres.
L’affaire de l’ancien président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ancien chef des «Jeunes patriotes» de Côte d'Ivoire, aura pris dix ans pour en arriver à l’arrêt rendu, mercredi, par la Chambre d’appel de la CPI.
«L'acquittement de MM. Gbagbo et Blé Goudé est désormais définitif», selon un communiqué publié sur le site de la juridiction. Détenus depuis 2011 à la Haye, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont donc totalement libres.
La Chambre d’appel a également révoqué toutes les conditions sur la mise en liberté de Gbagbo et Blé Goudé. Elle a chargé le greffier de la CPI de prendre les dispositions nécessaires pour le transfert en toute sécurité des désormais ex-détenus vers un ou plusieurs États d'accueil, autrement dit de leur choix. En clair, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, libres, peuvent rentrer, s’ils le désirent, en Côte d’Ivoire ou bien même aller vivre au Sénégal ou partir en vacances en Gambie... Pourvu qu’ils n’enfreignent pas les lois de ces pays.
Quels enseignements ?
Laurent Gbagbo, âgé de 75 ans, a occupé la présidence ivoirienne de 2000 à 2011. Au moment de son arrestation, survenue après qu'il a refusé d'accepter sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, l'actuel président. Les violences qui ont suivi le scrutin ont fait 3 000 morts, d’après un bilan fourni par l’ONU.
Le premier enseignement à tirer de ce procès, reste l’incapacité de la Procureure Fatou Bensouda à trouver les coupables ou à prouver la culpabilité de Blé Goudé et Gbagbo dans ces violences ayant fait 3000 morts. Pendant dix ans, depuis le magistère de Luis Moreno-Ocampo, premier procureur de la Cour pénale internationale, la machine judiciaire de la CPI a été activée à l’encontre de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
Mais, c’est la Gambienne, Fatou Bensouda, dont le mandat de procureur de la CPI prend fin en juin prochain, qui se voit infligée un cinglant revers. Depuis l’ouverture du procès en 2016, elle a montré sa hargne à rendre justice aux victimes et à prouver la culpabilité de ces désormais ex détenus dans cette crise postélectorale ivoirienne sans jamais y parvenir.
Le second enseignement, c’est la désillusion chez les victimes. Désormais, vers quelle justice se tourneront-elles pour trouver réparations. La Chambre d’appel de la CPI a ruiné leurs derniers espoirs de voir une justice rendue en leur faveur. Il faut rappeler qu’en août 2018, le président ivoirien Alassane Ouattara avait adopté une ordonnance accordant l’amnistie à 800 personnes accusées ou déclarées coupables de crimes liés à la crise de 2010-2011 ou d’autres atteintes à l’autorité de l’État.
Aucune poursuite ne peut à présent être engagée, liée à cette affaire. C’est une nouvelle déception pour les victimes et leurs défenseurs. Une victoire pour Gbagbo et ses partisans ainsi que Blé Goudé et les siens. Les défenseurs des droits humains doivent être en colère sur l’issue de ce marathon judiciaire à la CPI.
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