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Claude Wilfried Etoka, 48 ans fait parti du club très fermé des traders pétroliers africains les plus actifs. Fils d’un fonctionnaire du Congo, « Willy », comme l’appellent ses proches, débute dans le secteur du négoce au milieu des années 1990 en important des pneus via sa société Delta Marine. Puis en 2004, il se lance dans le commerce des produits pétroliers avec la création de la Société africaine de recherche pétrolière et de distribution (SARPD Oil).
Active dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne francophone, sa société dispose de deux bureaux : l’un à Genève, où sont réalisées les opérations de trading et l’autre à Rabat, où sont basées les équipes commerciales et marketing. Basé au Maroc où il vit avec sa famille, l'homme d'affaire à organise ses déplacements à répétition afin de rester disponible pour les siens. « Pour assister à des réunions à Paris, à Londres ou à Genève, je n’ai que deux à trois heures de vol. Je peux ainsi traiter mes affaires et revenir dans la journée », confie-t-il. Cette situation lui permet également de diversifier géographiquement ses activités, au-delà du Congo. SARDP Oil, dont Willy Etoka est le PDG et l’actionnaire unique, s’est développé progressivement.
Etoka et le pétrole congolais
« Mon premier contrat avec l’État congolais portait sur une livraison de 500 tonnes de produits raffinés. C’était en février 2004. Cette quantité ne couvrait même pas les besoins du pays pour deux jours. Je suis passé ensuite à une semaine de consommation nationale, puis à vingt jours… Aujourd’hui, ma société détient 60 % de part de marché du pétrole raffiné importé au Congo », indique-t-il, pas peu fier. Le chiffre d’affaires annuel de SARPD Oil s’élève à 1 milliard de dollars (environ 930 millions d’euros) pour un bénéfice net de 50 millions de dollars. Une prouesse rendue possible grâce aux lignes de financement ouvertes d’abord par des banques africaines comme le groupe gabonais BGFI, puis par des établissements internationaux comme les français BNP et Société générale ou encore le néerlandais ING.
Pour ses détracteurs, la réussite fulgurante de Willy Etoka, agronome formé à Brazzaville, s’explique avant tout par « ses liens étroits » avec le président congolais Denis Sassou Nguesso et son fils Denis Christel. Une accusation que l’intéressé nie en bloc. « J’ai des liens d’amitié avec la famille Nguesso, c’est certain. Mais aucune relation d’affaires. J’ai démarré mon commerce sous Pascal Lissouba. Quand le président actuel est revenu au pouvoir, on a simplement poursuivi notre développement », assure-t-il. Présentant déjà sa société comme le cinquième trader pétrolier de l’Afrique francophone après Vitol, Glencore, Trafigura et Mercuria, Willy Etoka a pour ambition de devenir leader du secteur d’ici à 2025.
La politique n'est pas à l'ordre du jour
Willy Etoka souhaite être perçu uniquement comme un homme d'affaires. Sa réussite, il la voit comme "une source d'inspiration la jeunesse africaine qui manquent d'icônes leur permettant de se dire qu'à force de persévérance et de travail acharné, elle pourra également parvenir à des succès semblables." Dit-il.
Mais, la politique n'est jamais loin quand on est un homme ayant une réussite outrageante dans un pays qui continue de s'enfoncer économiquement et socialement. Alors que certains congolais le voient déjà dans la peau d'un futur politicien aux côtés de son ami, Denis Christel Nguesso. Willy Etoka rejette l'idée. "Cette question n'est pas à l'ordre du jour. Je suis le deuxième employeur au Congo. Nous essayons de donner du travail à un maximum de nos concitoyens afin de réduire le chômage. Cette mission est déjà une lourde responsabilité. Il s'agit là d'une de mes priorités. Je n'ai pas besoin de faire parti d'un gouvernement ou occuper un poste politique pour venir en aide aux miens." explique t-il.
Roger Musandji, Œil d'Afrique
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