Culture
Décès d’Hélène d’Almeida-Topor, l’historienne de l’Afrique coloniale qui a fait connaître « les amazones du Dahomey »
Hélène d'Almeida-Topor s’installe avec son mari béninois, à Porto Novo, au Bénin, en 1960. Agrégée d’histoire, elle enseigne au lycée, puis à l’université. Très vite son intérêt se porte sur la recherche avec une thèse sur "l’histoire économique du Dahomey (1890-1920)" soutenue en 1987.
Elle se penche notamment sur les conséquences de la crise de 1929 sur les économies africaines, largement dominées à l'époque par la monoculture d’exportation. L’histoire économique de l’Afrique subsaharienne était en ces temps un terrain totalement inexploré.
Une histoire de l’Afrique
Mais elle est surtout connue pour son livre-référence : L’Afrique du XXe siècle ; "C’est un livre important parce que c’est la première fois qu’il y avait vraiment l’Histoire de l’Afrique, essentiellement subsaharienne, un manuel d’Histoire, si vous voulez, pour l’enseignement supérieur" affirme son amie, l'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch interrogée par TV5.
Dans les années soixante, Hélène d'Almeida-Topor parvient à interviewer les dernières Amazones encore vivantes et en tirera un livre : Les amazones : Une armée de femmes dans l'Afrique précoloniale. Elle fait connaître en France, ces redoutables femmes-combattantes qui constituent les troupes d’élite du roi Béhanzin. "Eduquées pour la guerre, vouées au combat, elles attaquent toujours les premières, galvanisent le courage des soldats masculins par leur stupéfiante intrépidité". Toujours en tête des troupes, elles impressionnent l’ennemi, décapitant et hissant leurs têtes sur des pics.
Une armée de femmes
A la fin du XIXe siècle, elles se battent avec panache contre les troupes françaises, mais succombent devant un ennemi mieux armé. Elles disparaissent en même temps que l'indépendance de leur pays. Hélène d'Almeida-Topor a également pu interroger, à Abomey, le frère du roi Béhanzin qui avait utilisé cette armée de femmes, presque unique dans l'histoire africaine.
"En avant de l'armée royale marchaient les amazones, leur colonel en tête, reconnaissable aux cornes d'argent fixées sur ses cheveux crépelés. Les féticheurs, les gardes royaux, agitant la queue de cheval qui leur sert de marque distinctive, suivaient les amazones, puis venaient les troupes régulières."
Les indépendances africaines
Avec Catherine Coquery-Vidrovitch, Hélène d'Almeida-Topor organise en 2010 un colloque consacré aux "Cinquante ans d'indépendances africaines" des États francophones, en rappelant à la fois "la force et parfois la violence des combats menés pour en arriver là", l'enthousiasme extraordinaire qui a accompagné l'indépendance, et en restituant le contexte, "une vague mondiale d'émancipation" avec des échos en Amérique et aux Antilles, et enfin, les nouveaux rapports de force induits par l'arrivée de nouveaux pays indépendants sur la scène mondiale. Toujours d'actualité alors que l'on célèbre cette année le soixantième anniversaire des indépendances africaines.
Ironie de l’histoire, Hélène d’Almeida Topor, qui a connu le Bénin, aux premières heures de l’indépendance, y est morte le 1er août 2020, jour anniversaire de cette indépendance.
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