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Mines en Afrique : Afrique du Sud, RDC et Ghana dominent les marchés mondiaux

Le secteur minier africain est une force motrice de l’économie du continent, riche en ressources naturelles stratégiques telles que l’or, le cobalt, le cuivre et les diamants. Trois pays se distinguent particulièrement par la richesse de leur sous-sol et leur poids économique : l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo (RDC) et le Ghana. Leur rôle ne se limite pas seulement à l’extraction, mais influence aussi profondément les marchés mondiaux des matières premières, tout en posant des questions sur la gouvernance et l’impact social de cette richesse.

L’Afrique du Sud : une puissance historique en quête de renouveau

L’Afrique du Sud demeure l’une des principales puissances minières mondiales. Elle a construit son économie sur l’exploitation de l’or, du charbon, des diamants et, surtout, du platine. Ce dernier représente environ 75 % des réserves mondiales connues, ce qui place le pays au sommet de la production mondiale. Malgré le déclin de sa production d’or, qui est passée de plus de 1 000 tonnes dans les années 1970 à moins de 120 tonnes en 2022, l’Afrique du Sud reste un acteur incontournable grâce à la diversité de ses minerais.

Le secteur minier représente environ 8 % du produit intérieur brut (PIB) du pays et emploie directement près de 500 000 personnes. Parmi les principaux exploitants figurent Anglo American, leader dans le platine et le charbon, ainsi que Sibanye Stillwater et Harmony Gold, qui dominent la production aurifère. L’industrie diamantifère est largement menée par De Beers, multinationale emblématique opérant depuis plus d’un siècle.

Cependant, l'industrie sud-africaine est aujourd'hui fragilisée. Des grèves récurrentes et des revendications sociales croissantes mettent en lumière les tensions entre les exploitants et les communautés locales. Ces mouvements révèlent une fracture persistante entre la richesse générée par les ressources naturelles et son faible impact sur les conditions de vie des populations environnantes. La montée des mines clandestines ajoute à ces défis, posant des problèmes de sécurité et d’évasion fiscale.

La République démocratique du Congo : un scandale géologique aux enjeux multiples

Avec un sous-sol regorgeant de ressources précieuses, la République démocratique du Congo est une véritable puissance minière. Le pays domine le marché mondial du cobalt, un élément essentiel pour les batteries des véhicules électriques. En 2023, la RDC a produit plus de 130 000 tonnes de cobalt, représentant près de 70 % de la production mondiale. Le cuivre constitue également un pilier de son économie, avec une production annuelle de 1,6 million de tonnes en 2022.

Le secteur minier représente plus de 95 % des exportations de la RDC, mais cette dépendance expose le pays à des vulnérabilités économiques et sociales. Parmi les exploitants majeurs, la Gécamines, société d’État, joue un rôle central, bien qu’elle collabore souvent avec des partenaires étrangers. Tenke Fungurume Mining, rachetée en 2016 par la China Molybdenum Co. Ltd. (56 %) et d'autres investisseurs chinois, est un acteur clé dans l’extraction de cuivre et de cobalt. Glencore, multinationale suisse, exploite des mines comme celles de Mutanda et de Katanga, renforçant ainsi la dépendance du pays à des acteurs extérieurs.

Malgré ces atouts, le secteur minier congolais reste un sujet de controverse. Comme l’a souligné Erik Bruyland, auteur de Cobalt Blues, "Le secteur minier est aujourd’hui aux mains des étrangers et l’État congolais ne touche pas les dividendes de cette richesse, qui de fait n’est pas redistribuée vers la population." Les problèmes de gouvernance, couplés aux violations des droits humains dans les mines artisanales, renforcent les tensions locales, tandis que les multinationales continuent de tirer profit de ces ressources stratégiques.

Le Ghana : premier producteur d’or d’Afrique

Le Ghana, surnommé "la Côte d’Or", s’est imposé comme le premier producteur d’or du continent, dépassant l’Afrique du Sud. En 2022, il a produit environ 130 tonnes de ce précieux métal. L’exploitation aurifère, qui remonte à plusieurs siècles, continue de jouer un rôle central dans son économie, représentant environ 90 % des revenus miniers. En plus de l’or, le Ghana exploite également la bauxite, le manganèse et les diamants, attirant ainsi des investissements étrangers massifs.

Newmont Goldcorp, géant américain, est l’un des principaux exploitants, opérant des mines majeures comme celles d’Ahafo et d’Akyem. AngloGold Ashanti, multinationale sud-africaine, dirige la mine emblématique d’Obuasi, tandis que Gold Fields gère la mine de Tarkwa, l’une des plus grandes à ciel ouvert.

Cependant, cette abondance attire également des acteurs illégaux. Les galamsey, ou mines clandestines, causent des dommages environnementaux considérables, notamment la pollution des cours d’eau et la dégradation des sols agricoles. Ces pratiques informelles, bien qu’alimentées par des besoins économiques locaux, nuisent à la réputation du Ghana en tant que destination sécurisée pour les investisseurs.

Les autres acteurs majeurs du secteur

Outre ces trois leaders, d’autres pays africains jouent un rôle important dans le secteur minier. Le Botswana est le premier producteur africain de diamants de qualité, avec des acteurs comme Debswana, coentreprise entre le gouvernement botswanais et De Beers. La Guinée détient plus de 25 % des réserves mondiales de bauxite, avec des entreprises comme Rusal et la Compagnie des Bauxites de Guinée. La Zambie, voisine de la RDC, est un acteur majeur dans l’extraction de cuivre, avec des exploitants comme First Quantum Minerals. Le Mali et la Tanzanie, quant à eux, figurent parmi les plus grands producteurs d’or de la région.

Perspectives et défis à venir

L’Afrique, riche de ses ressources naturelles, continue d’attirer les investisseurs du monde entier. Pourtant, le potentiel minier du continent reste en grande partie sous-exploité, en raison des défis liés à l’informalité, aux infrastructures limitées et aux faibles capacités de transformation locale. La véritable valeur ajoutée des richesses africaines sera atteinte lorsque les minerais extraits seront davantage transformés sur place, créant ainsi des opportunités durables pour les générations futures.

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