Les enquêtes d’Oeil d’Afrique


Fédération béninoise de football : quand le changement vire au cauchemar

Élu à la tête de la Fédération béninoise de football le 25 Août 2018, Mathurin de Chacus avait suscité espoir et renouveau pour le sport roi au pays de Béhanzin, Toffa, Bio Guerra. Quasiment deux ans après cette élection, le bilan est une catastrophe sans nom. Gros plan sur une bombe à retardement qui pourrait avoir des répercussions terribles. Quart de finaliste de la CAN2019, le Bénin a émerveillé et étonné plus d'un par la jeunesse de son équipe, sans véritable star, mais qui a su jouer sur ses forces à savoir, l'abnégation, la cohésion et l'humilité pour se défaire de ses adversaires dont la redoutable équipe marocaine en 1/8ème de finale.

Un programme de développement oublié

Après l'euphorie suscitée par la performance exceptionnelle des Écureuils du Bénin lors de la CAN2019, jamais la fédération béninoise de football n'a essayé de profiter de cette image positive renvoyée à la face du monde, pour amorcer un renouveau de son organisation fédérale. Bénin Football nouveau départ, le projet phare vendu au peuple béninois par Mathurin de Chacus est devenu un éléphant blanc. La formation des jeunes est un échec, le centre technique de Misserété, issu du projet Goal de la Fifa piétine toujours même si les travaux ont avancé ces dernières semaines après des menaces de suspension des subventions de la FIFA. Le championnat national de football féminin peine à sortir la tête de l'eau. La responsable du football féminin, Floriane Afoutou est en conflit ouvert avec le président et plusieurs membres du comité exécutif dont le secrétaire général Claude Paqui, (cousin du président de la FBF), surnommé cimetière. Ce dernier enterre toute initiative visant à faire progresser les choses au sein du comité exécutif et se trouve dans le collimateur de plusieurs présidents de clubs. A lui seul, Claude Paqui concentre tous les pouvoirs mais bat le record d’incompétence et d’inculture. Les documents ou communiqués rédigés par le secrétaire général de la FBF font régulièrement l’objet de, railleries de la part des membres du comité exécutif et, de recadrages de la CAF et de la FIFA.

Mythe autour des subventions internationales

Depuis l'apparition de la pandémie du COVID-19 et l'arrêt des championnats à travers le monde, la FIFA et la CAF ont décidé d'apporter une aide financière aux associations nationales en vue d'atténuer l'impact économique de cette crise sanitaire.
En Afrique de l'ouest, toutes les fédérations ont réparti cette subvention entre les clubs en prenant soin de communiquer sur les montants octroyés. Au Bénin, la FBF a reçu de la FIFA un montant de 1 million de dollars (football masculin) , 500 mille dollars (football féminin) et la CAF 300 mille dollars. Les fédérations des pays limitrophes ont rendu public depuis plusieurs semaines la répartition de ces fonds au ayant droit. Mais au Bénin, les clubs continuent d'attendre cette assistance financière à laquelle ils ont droit. La FBF leur avait fait parvenir 3 millions de francs Cfa (pour les clubs de la Ligue 1), 2 millions (aux clubs de Ligue 2), et 1,5 millions (pour les clubs de Ligue 3). 115 millions décaissés par la fédération béninoise de football comme avance sur les 900 millions donnés par la FIFA et la CAF ceci, après des salamalecs au domicile du président de la FBF. Oui, car pour avancer sur des dossiers importants bénéfiques pour le football béninois et pour la FBF, il faut aller supplier le Roi Président très tôt le matin à son domicile, tout en acceptant de se faire insulter et humilier par ce dernier.

Un incendie vite éteint

En recevant Me Sengor, président de la fédération sénégalaise de football dans son émission sportive hebdomadaire diffusée sur la radio Topka au Bénin, Félix S. Pépéripé, directeur de la communication de la FBF a mis les pieds dans les plats sans le vouloir. Pour avoir félicité le sénégalais pour la transparence observée dans le dossier des subventions FIFA - CAF, et sa gestion efficace de la crise, FSP comme le surnomment ses amis, s'est attiré les foudres de son président qui a considéré ce fait comme un affront. Mais le journaliste béninois qui totalise plus d'une vingtaine d'années dans le milieu a menacé de démissionner de son poste de Dir com de la FBF et de révéler à la face du monde, le manque de vision, la gestion calamiteuse de la FBF version de Chacus. Pris de panique, le président de la FBF supplie son collaborateur, l'invite à boire un verre, le "calme avec quelques CFA...." et donne des instructions au service financier de la FBF pour le paiement de deux mois d'arriérés de salaires de son directeur de Communication. Incident clos. Vous l'aurez compris, à la FBF, payer les salaires n'est pas un droit les collaborateurs, mais une "faveur" de l'omnipotent président de Chacus qui paie selon ses humeurs. Accumuler les arriérés c'est une marque déposée de la FBF version de Chacus. "Il faut faire allégeance au Roi ou le supplier durant des semaines avant de se faire payer un salaire qui nous revient de droit", nous a confié un proche collaborateur de Mathurin de Chacus qui a préféré garder l'anonymat. Et pourtant jamais la fédération béninoise de football n'a eu autant d'argent dans ses caisses, et le président est un opérateur économique prospère qui a fait fortune dans les BTP depuis une vingtaine d'années. Alors pourquoi la FBF traîne-t-elle une réputation peu réjouissante de mauvais payeur ? Question.

Le football béninois pensait avoir tourné le dos à ses années sombres, mais c'était sans compter sur le manque de vision du comité exécutif qui excelle dans le déni et la manipulation, une spécialité du secrétaire général Claude Paqui. Lenteur des procédures, copinages, favoritisme, absences de compétitions de jeunes, une direction technique mise en place après 2 ans d'atermoiements et qui peine à trouver ses marques. A ce jour quel est le projet phare piloté par ce comité exécutif ayant séduit les béninois ? Il n'en existe pas. La performance à la CAN2019 est à mettre à l'actif des joueurs, de l'encadrement technique et de Patrice Talon à travers son ministre des Sports. Les observateurs du football béninois sont unanimes, la FBF n'y était pour rien et les faits donnent raison à ces derniers puisque la FBF n'a aucun mérite. Le seul sponsor de la FBF, VITALOR, est une société proche du président béninois. Une preuve du soutien indéfectible du chef de l'état béninois pour le développement du football. Mais malheureusement ses efforts se heurtent à une fédération sans ambition et jugée médiocre par les instances du sport béninois.

Carton rouge du Comité Olympique et sportif béninois

Fait édifiant, le samedi 27 juin 2020, le Comité national olympique et sportif béninois a organisé la première édition du gala des fédérations sportives nationales. Cet événement qui constitue un baromètre pour les performances des fédérations béninoises, a récompensé dans l'ordre, les fédérations de Handball, Karaté, et l’Athlétisme. Ce gala est finalement apparu comme étant une véritable humiliation pour la fédération béninoise de football, qui tout en disposant de plus de moyens que toutes les autres fédérations sportives, a péché par une administration qui se résume au président Mathurin de Chacus et son cousin, Claude Paqui, le Secrétaire général. Les tares de la Fbf ont été étalées au grand jour à cette occasion. Médiocrité dans la gestion et le suivi des dossiers, clientélisme, absence de cadres compétents au sein de la Fédération, des flous dans les procédures et des décisions prises en faveur des clubs proches du president, ce qui continue une violation des texte. La liste est longue et les premiers pourfendeurs du système sont les membres du comité exécutif eux-mêmes.

Les élections en 2022

Le football béninois sera appelé à d'importants rendez-vous en 2022. Outre la CAN et la Coupe du monde, l'assemblée générale élective de la FBF se tiendra au mois d'Août 2022 sauf cas de force majeure. Mathurin de Chacus a fait part en coulisse de ses intentions de rempiler pour un second mandat. Mais problème, il n'a aucun bilan. En dehors des résultats de l'Equipe nationale séniors et du championnat régulièrement organisé grâce au gouvernement, son bilan désastreux à tout point de vue sera difficile à défendre si un nouveau cap n'est pas fixé. Dans ce contexte, certains membres du comité exécutif se préparent. Deux candidats sérieux, discrets stratèges, sortent du lot et promettent un contre-pied parfait au président des Dragons de l'Ouémé, Mathurin de Chacus, de plus en plus isolé au sein de son comité exécutif. Après le scandale des maillots Macron pour lesquels les béninois attendent toujours des explications sur cette gabegie chiffrée à plus de 90 millions de FCFA, l'organisation des Awards confiée à sa nièce Cedric Ehussou, et facturée à près de 87 millions CFA, Mathurin de Chacus est attendu par les membres de son comité exécutif qu'il n'a de cesse d'humilier en public. Si le président de la fédération béninoise de football a un bilan posiitf à défendre ce serait certainement celui du déni, des insultes et humiliations publiques et des lenteurs administratives qui irritent de plus en plus le président de la FIFA, Gianni Infantino. Au Bénin, les amoureux du football avaient soif d'un changement lorsqu'ils ont voté pour la liste de Mathurin de Chacus. Mais près de deux ans après son élection plusieurs membres du comité affirment, dans les coulisses, regretter l'insubmersible Moucharaf Anjorin.

Enquête réalisée par Joël Dégbé et Bio Orou Sina.



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