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Thiaroye 44 : Il y a 76 ans, l’armée française tuait une centaine de tirailleurs sénégalais
Le 1er décembre 1944, dans le camp de Thiaroye 44, dans la banlieue de Dakar, au Sénégal, l’armée française faisait feu, près de Dakar, sur des tirailleurs sénégalais réclamant leurs soldes. Alors que certains veulent une réhabilitation de ces soldats, cette histoire longtemps occultée est toujours source de polémiques.
Les événements de Thiaroye 44 constituent l’épisode le plus douloureux de cette banlieue de Dakar, située entre Pikine et Rufisque. Le 1er décembre 1944, des tirailleurs africains, tout juste rentrés au Sénégal après avoir combattu pour la France, réclament leur solde. Ils sont exécutés par l'armée française. La France reconnaît la mort de 35 soldats. Cette histoire longtemps occultée est toujours source de polémiques.
En 2017, à l’Assemblée nationale, candidat malheureux à l’élection présidentielle de février 2019, le député Ousmane Sonko, farouche opposant au régime de Macky Sall, avait demandé au gouvernement sénégalais de rouvrir le dossier sur le massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye. Ce qui permettrait, selon lui, d’abréger la controverse sur le nombre réel des tirailleurs sénégalais tués et de leur doter de sépultures décentes avant de réhabiliter leur mémoire.
Maître de conférences à l’université Bretagne-Sud, à Lorient (Morbihan), l’historienne Armelle Mabon travaille sur le sujet depuis plus de 20 ans. Elle estime que la vérité a été camouflée. D'après ses recherches, il pourrait y avoir plusieurs centaines de victimes. La description de ces événements, présentés depuis cette époque par la France comme une réaction à une mutinerie armée, reposent sur «un mensonge d’État depuis plus de soixante-dix ans», selon l’historienne.
A Dakar, le 1er décembre 2014, l’ancien président français François Hollande procède à la remise symbolique des archives de Thiaroye 44 à son homologue sénégalais Macky Sall en déclarant : « Je voulais réparer une injustice et saluer la mémoire d’hommes qui portaient l’uniforme français et sur lesquels, les Français avaient retourné leurs fusils, car c’est ce qui s’est produit ». Il évoque un bilan d’au moins 70 morts avec 35 morts sur place.
Alors qu’on évoque des centaines de tirailleurs sénégalais qui périrent, autant de blessés graves et de blessés légers. Certains avaient été condamnés à des peines de un à dix ans de prison avant d’écoper une amende de 100 francs. En août 1947, ils ont été amnistiés par la loi du 16 août 1947 avec remise de peine pour ceux qui étaient encore en prison, mais sans recouvrer leurs droits à leur retraite militaire.
« Camp Thiaroye », c’est aussi le titre du film de Sembène Ousmane. Le film a obtenu le prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 1988 et prix Unicef. Il fut censuré pendant dix ans en France et pendant trois ans au Sénégal.
A rappeler qu’il existe une littérature abondante sur les tirailleurs sénégalais. Et il faut ajouter que ce corps militaire fut créé en 1857 par le Gouverneur du Sénégal Louis Faidherbe.
Mise à jour - 29 novembre 2024 : La France reconnaît le massacre de Thiaroye et appelle à l'ouverture d'une enquête
Dans une lettre adressée au président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, Emmanuel Macron a reconnu pour la première fois, jeudi, les assassinats de ces soldats ouest-africains tués par l'armée française. Ces hommes avaient réclamé le paiement de leurs salaires dus depuis leur participation à la Seconde Guerre mondiale.
Emmanuel Macron a également demandé qu'une enquête soit menée, dans la mesure du possible, afin d'établir clairement les causes et les faits qui ont conduit à ce drame.
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