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RDC : Pour le professeur Kabamba, les prochains mois seront décisifs pour le pays.
Le professeur en sciences politiques de l'Université de Liège, Bob Kabamba, a accordé une interview à La Libre Afrique, où il a tiré la sonnette d'alarme sur la situation politique en République démocratique du Congo (RDC) après les récentes élections. Présent à Kinshasa en tant que témoin privilégié, le professeur Kabamba dénonce vigoureusement le déroulement du scrutin et met en garde contre les conséquences potentielles pour le pays.
Selon le professeur Kabamba, les conclusions des évêques de la Cenco, qui dénoncent la fraude, la corruption à grande échelle et la privatisation des machines à voter, confirment ses propres observations. Il critique sévèrement le président de la Commission électorale nationale indépendante, Denis Kazadi, pour la manipulation du processus électoral sans aucune sanction. Selon lui, la loi électorale a été constamment violée, et le scrutin est qualifié de "mascarade" avec une opacité totale.
Interrogé sur l'acceptation générale de la fraude, le professeur Kabamba explique que la realpolitik prévaut, avec beaucoup d'observateurs prêts à tolérer la fraude pour éviter l'implosion de la RDC. Il souligne que le système mis en place par la Ceni a empêché l'opposition de s'organiser efficacement, en opérant dans une opacité totale.
Concernant l'avenir de l'opposition institutionnelle, le professeur Kabamba est pessimiste, estimant qu'elle sera largement marginalisée avec seulement 6 % des députés. Il souligne la possibilité d'une opposition non institutionnelle, notamment incarnée par Joseph Kabila, qui a refusé de participer à un processus qu'il considère tronqué. Il évoque également le mouvement de Corneille Nangaa dans l'est du pays, susceptible de fédérer des groupes armés et des mouvements sociaux.
En ce qui concerne le président Tshisekedi, le professeur Kabamba souligne l'importance de répondre à la crise sécuritaire à l'est et au Bandundu. Il met en garde contre le risque de permettre à des mouvements comme celui de Nangaa de s'installer s'il ne parvient pas à calmer la situation. Enfin, le professeur Kabamba met en évidence le caractère ethnique du pouvoir de Tshisekedi, susceptible d'attiser la rancœur et renforcer la contestation, appelant à une réponse efficace à la crise actuelle.
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