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Comment la finance mondiale prépare la contre-révolution au Venezuela

Laboratoire vivant du socialisme du 21ème siècle, le Venezuela symbolisait jusqu’à peu le réveil de la périphérie. Mais la disparition brutale de son leader charismatique, Hugo Chavez, en mars 2013, ajoutée à la conjoncture politique et économique défavorable en Amérique Latine,  a révélé la précarité d’un modèle construit à coup de réthoriques anti-américaines certes, mais surtout sur la nationalisation des forces productrices du pays.

 En 2016, l’hyperinflation a atteint 800%. Le cours officiel de 10 dollars pour 1 Bolivar se négocie en ce moment  à  6000 l’unité  au marché noir. Les réserves du pays ont fondu à moins de 10 milliards de dollars. L’Etat doit rembourser 3,3 milliards de dollars de dettes en 2017. La compagnie nationale, PDVSA, doit, elle, s’acquitter de 6,6 milliards de dollars à des créanciers entourés de leurs avocats et huissiers.

La finance mondiale qui a fermé les robinets parie ouvertement sur un défaut de paiement, sur la faillite de la compagnie pétrolière, sa privatisation et, in fine, sur la guerre civile.

D’où l’envolée des CDS (Credit Default Swap) , ces contrats d’assurance souscrits par les détenteurs de titres vénézuélien pour se prémunir contre le défaut de paiement. Le récent référendum, le mystérieux coup militaire déjoué et l’expulsion du pays par le Mercosur sont autant de signaux qui poussent à investir sur la couverture de la dette plutôt que sur la dette elle-même. 

Cette attaque financière de grande ampleur s’explique à notre sens moins par un agenda caché (qui existe quand même) que par le système de casino qui régit la finance mondiale. Ainsi, le  sort des millions de personnes est entrain de basculer à cause des spéculations politiques et financières qui ont tendance à se confondre et à s’ influencer. La situation financière délicate du pays a poussé la Chine, bailleur de fonds alternatif, à resserrer sa politique de prêts envers le Venezuela.

La main mise de l’Etat sur le secteur pétrolier permet  depuis 2002 de conduire une politique de logements sociaux qui a permis de sortir des millions de personnes de la pauvreté. La base populaire du président Nicolas Maduro vient justement de ces Favelas, longtemps laissés en compte par un système capitaliste de type prédateur. De la même manière qu’il est soutenu par l’immense majorité des  populations pauvres et indigènes, le présent Maduro est critiqué par les classes moyennes supérieures et les grands propriétaires. L’on penserait pourtant de l’inverse à lire les manchettes de la presse des pays démocratiques.

L’unanimité de la presse occidentale sur le Venezuela frise la propagande et n’est pas, toutes proportions gardées, sans rappeler le tapis de bombe contre Robert Mugabé, coupable d’avoir rappelé les accords de Lancaster House à l’administration amnésique de Tony Blair, ou encore la campagne féroce contre le président Lula du Brésil. 

L’on sent, derrière la  presse main stream, alliée du grand capital et par dévers elle gardienne de l’uniformisation des modèles, la revanche du vieux capital qui dirigeait le pays avant l’avènement du chavisme, ce bonapartisme social qui accouché de la république bolivarienne du Venezuela en 1999, au lendemain d’une modification de la constitution contestée par les partenaires internationaux. La popularité de Chavez était basée sur la redistribution des richesses.  Sous la houlette du lieutenant-colonel reconverti, le PIB du Venezuela a été multiplié par trois, le chômage divisé par deux, la pauvreté réduite de plus d’un tiers et  la pauvreté extrême ramenée à 10%,écrit le huffingtonpost.fr.

Sur le plan sociétal, le chavisme, bien aidé par les pétrodollars, a divisé l’analphabétisme par deux, fait reculer la mortalité infantile et progresser l’espérance de vie, poursuit cette publication d’origine américaine.   Qu’est-ce qui explique donc la vendetta médiatique et financière contre ce pays riche en pétrole?

Le blocus implacable imposé au pays, ajouté à cette vendetta médiatique et, le malheur ne venant pas seul, à la conjoncture du baril de pétrole, ont fragilisé un modèle social pertinent mais, il faut le dire, peu régulé par les contre-pouvoirs démocratiques et, donc, soumis aux lois du marché. Le pétrole vénézuélien se caractérise par un coût élevé de 40 dollars qui ne lui permet pas de dégager suffisamment du cash aujourd’hui pour alimenter les réserves du pays et poursuivre le financement des programmes sociaux. La chute de la monnaie locale, le  Bolivar, en l’honneur de l’inspirateur des révolutions populaires latino-américaines, résulte de déséquilibres réels de la balance de paiement mais surtout d’une spéculation de quelques cambistes qui font leur beurre à l’ombre du marché.

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