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Joshua Wong, figure du mouvement pro-démocratie à Hong Kong, a crié à la "censure" politique en annonçant que sa candidature aux élections locales avait été invalidée, au moment où l'ex-colonie britannique vit sa pire crise politique depuis sa rétrocession en 1997.
Pour avoir été en 2014 le "visage" du Mouvement des Parapluies qui avait paralysé la ville pendant 79 jours, l'étudiant en science politique de 22 ans est l'une des personnalités les plus connues de la contestation actuelle, quand bien même la mobilisation qui a débuté en juin n'a aucun responsable désigné.
Il était en prison quand la contestation a débuté, mais a rejoint ses rangs dès sa libération en juin
"Je condamne fortement le fait que le gouvernement se livre à un filtrage politique et à de la censure, et me prive de mes droits politiques", a déclaré l'étudiant dans un communiqué sur sa page Facebook.
La candidature de M. Wong est la seule qui ait été rejetée avant ces élections du 24 novembre qui visent à renouveler les conseils de districts. Il s'agit de scrutin très locaux mais qui ne seront pas dénués d'importance car ils seront les premiers depuis le début de la contestation.
- Autodétermination -
Lors d'une conférence de presse, M. Wong a déclaré voir une décision avant tout "politique" qui "répond juste à un ordre de Pékin."
"La véritable raison est mon identité, Joshua Wong", a-t-il dit, en accusant le responsable de l'organisation de l'élection de faire une mauvaise interprétation de son idéologie politique.
Dans sa lettre, l'officier de la commission électorale a justifié cette invalidation par le fait que le parti de M. Wong, Demosisto, défende "l'autodétermination" de Hong Kong.
Or, selon l'officier, l'autodétermination n'exclut pas explicitement l'indépendance, laquelle n'est pas conforme à l'esprit de la Loi fondamentale, la "mini-constitution" régissant l'ex-colonie britannique.
Pourtant, M. Wong comme son parti ont démenti tout soutien à l'indépendance. Ils plaident pour l'autodétermination et la tenue d'un référendum au cours duquel les Hongkongais décideraient de la façon dont ils veulent être gouvernés.
L'indépendantisme est un tabou absolu pour le président chinois Xi Jinping qui martèle la nécessité de préserver l'intégrité du pays.
Hong Kong connaît depuis début juin des manifestations quasi quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés et l'ingérence grandissante de la Chine dans les affaires de sa région semi-autonome, mais aussi pour exiger des réformes démocratiques.
- Manifestants galvanisés? -
Aux manifestations massives des premières semaines ont succédé des actions de moindre ampleur mais qui dégénèrent de plus en plus souvent en affrontements de plus en plus violents entre forces de l'ordre et radicaux.
Un porte-parole du gouvernement a démenti tout acte de censure de la part de la commission électorale avant les scrutins du 24 novembre.
"Il n'est nullement question de censure politique, de restriction de la liberté de parole ou de privation du droit à se présenter aux élections, comme l'affirment certains", a-t-il dit.
"Le candidat ne respecte pas les prérequis fixés par les lois électorales compétentes."
En attendant, cette décision pourrait bien galvaniser les manifestants.
"Si vous continuez de truquer les seules élections disponibles, en particulier les plus locales, vous allez faire que beaucoup de personnes à Hong Kong vont penser que la seule façon de se faire entendre est de descendre dans les rues", a déclaré sur Twitter Maya Wang, de l'organisation Human Rights Watch.
Mardi, la cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam a mis en garde contre un risque de récession pour l'économie locale. Elle a affirmé que la situation économique ne pourrait s'améliorer que si les violences cessaient. Elle n'a cependant avancé aucune proposition pour sortir de la crise.
L'an dernier, une autre membre de Demosisto, Agnes Chow n'avait pas eu le droit de se présenter lors d'une élection partielle pour un siège du Conseil législatif (LegCo, le Parlement local) au motif que son mouvement préconisait l'autodétermination.
En 2016 et 2017, Pékin avait obtenu la disqualification de six députés qui avaient volontairement écorché leur prestation de serment. Certains étaient des vétérans du combat pour la démocratie à Hong Kong, d'autres des membres d'une nouvelle mouvance radicale demandant l'indépendance.
AFP
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