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Quand des jeunes du Kenya rédigent les dissertations des étudiants américains

La triche à l’université n’est pas nouvelle. Mais avec Internet, elle peut prendre des dimensions inattendues. Certains étudiants américains font ainsi sous-traiter leurs devoirs par des jeunes Kényans.

« C’est de la triche, bien sûr. Mais est-ce qu’on a le choix ? Nous devons gagner de l’argent. Nous devons gagner notre vie ». Mary Mbugua, une étudiante à l’université de Nyeri, au Kenya, doit en effet payer ses études et son loyer.

Désargentée, elle a d’abord cherché des petits boulots, raconte le New York Times. Sans grand succès. Avant qu’un ami lui offre d’entrer dans une « académie d’écriture ». Le principe en est simple : il s’agit de rédiger des dissertations pour les étudiants des États-Unis, de Grande-Bretagne ou d’Australie. Contre rémunération, bien sûr.

Ces réseaux sont maintenant bien organisés. Ils ont même parfois pignon sur rue, avec des sites officiels comme AceMyHomework (RéussirMesDevoirs), Academized (Académique) ou EssayShark (Génie des Dissertations), nés au Kenya, mais aussi en Ukraine et en Inde. Avec succès : la page Facebook des membres de l’académie d’écriture du Kenya compte plus de 50 000 membres.

Les tarifs ? De 15 à 42 dollars la page

Devoirs, essais, dissertations, tout est possible. Les tarifs ? Ils varient selon la longueur de la rédaction, le niveau d’étude concerné et le délai accordé. Sur le site Academized, explique le New York Times, les prix peuvent varier de 15 à 42 dollars la page rédigée, selon les cas.

Selon le quotidien américain, ce marché représente chaque année plusieurs millions d’essais et de dissertations dans le monde.

Mary Mbugua, elle, raconte qu’elle a ainsi écrit sur la nécessité (ou pas) pour l’homme de coloniser l’espace, mais aussi sur l’euthanasie. Pendant son meilleur mois, elle a gagné 320 dollars, soit beaucoup plus d’argent qu’elle n’en avait jamais vu.

Les sites officiels se dédouanent

Un phénomène courant ? La dernière étude consacrée à la triche à l’université, en 2005, a déterminé que 7 % des étudiants avaient remis des devoirs écrits par quelqu’un d’autre et que 3 % avaient fait appel à des officines spécialisées dans la rédaction d’essais.

 

Pour se dédouaner, un site comme EssayShark affirme que ses services ne constituent pas une tricherie : il avertit les étudiants que les dissertations envoyées par mail ne sont destinées qu’ « à des fins de recherche et de référence ». Évidemment…

« Nous ne tolérons ni n’encourageons ni ne participons sciemment au plagiat ou à tout autre acte frauduleux », conclut EssayShark. Un vrai requin du savoir.



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