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Un opposant turc se voit confisquer ses avoirs en France

Cem Uzan, homme d'affaires turc controversé, opposant au président Erdogan et réfugié politique, s'est vu confisquer cet été par Ankara ses avoirs en France.

Un homme d'affaires turc controversé, Cem Uzan, opposant au président Erdogan et réfugié politique, s'est vu confisquer cet été par Ankara ses avoirs en France, qu'il estime à plusieurs milliards d'euros, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat.

 

"Nous dénonçons une saisie opérée en toute illégalité et saisissons la justice française", a déclaré à l'AFP Me Matthias Pujos.

L'empire Uzan, jadis l'un des plus importants de Turquie, s'est effondré à partir de 2003. Les autorités turques l'accusent d'avoir organisé une fraude bancaire massive. Plus de 200 entreprises du groupe ont été saisies, dont une compagnie de téléphonie mobile, Telsim, rachetée depuis par le géant britannique Vodafone, et un groupe de presse.

Au terme d'une multitude de procédures judiciaires, Ankara a condamné en 2013 par défaut Cem Uzan à une peine de 18 ans et demi de prison et à une amende de près de 1,5 milliard d'euros.

"Il n'y a eu à ce jour aucune procédure en France donnant force exécutoire à ce jugement. Mais la Turquie a voulu passer outre et tenter par elle-même de faire exécuter cette condamnation en récupérant les avoirs en France de mon client ", a déclaré Me Pujos.

"La justice turque s'acharne sur lui pour des raisons politiques"

D'après son récit, un huissier, sur demande d'une agence gouvernementale turque, s'est rendu fin août au domicile parisien de Cem Uzan, alors en vacances, "a procédé à l'ouverture de ses coffres-forts à l'aide de scies à métaux et emporté des effets personnels et des titres au porteur d'une valeur de plusieurs milliards d'euros de la société Ceas", conglomérat turc spécialisé dans la production et la distribution d'électricité, détenu par M. Uzan.

"Nous irons devant un juge de l'exécution le 27 novembre. Il va se prononcer sur la légalité des opérations effectuées par l'huissier qui a opéré sans titre exécutoire, uniquement sur la base de documents étrangers", a indiqué Me Pujos. Il compte obtenir la restitution de l'ensemble des saisies.

Par ailleurs, M. Uzan a déposé plainte le 29 août à la police "qui est venue à son domicile constater l'effraction", a-t-il ajouté.

Cem Uzan, 56 ans, s'était reconverti en homme politique et avait participé, avec son parti populiste, le Parti Jeune (GP), aux élections législatives turques de 2002 et 2007.

D'après son avocat, "la justice turque s'acharne sur lui pour des raisons politiques, son parti ayant été considéré à cette époque comme un rival potentiel du Parti de la justice et du développement (AKP) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan".

En 2003, la justice américaine a condamné Cem Uzan et d'autres membres de sa famille à verser plus de 4,26 milliards de dollars aux équipementiers américain Motorola et finlandais Nokia pour avoir détourné des fonds prêtés par les deux groupes. En appel, ce montant a été ramené à 3,1 milliards de dollars.

 

 



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